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1.
TÉRENCE.
Terenti[us] cu[m] Directorio
-Vocabuloru[m], sententiaru[m], artis comice-
Glosa i[n]terlineali, Come[n]tariis : Donato, Guidone, Ascensio.
Strasbourg, Jean Grüninger, [1 novembre] 1496.
In-folio [205 x 305 mm], de [6] feuillets non chiffrés (et non signés) et [173] feuillets (chiffrés
I-CLXXVI avec des erreurs - signatures : [a6] ; b8, c8, d-z6, A-E6, F8) , titre et 7 illustrations à
pleine page, 158 vignettes dans le texte, le tout gravé sur bois. Texte en caractères romains, titres
courants en gothiques. Vélin rigide à petits recouvrements. Reliure moderne.
Précieuse édition des comédies de Térence, avec les illustrations en premier tirage.
L’ouvrage est remarquable pour les innovations graphiques et typographiques de l’imprimeur Jean
Grüninger, en particulier la combinaison des bois, technique spécifiquement strasbourgeoise,
utilisée pour la première fois dans un
Plenarium
, édition du Nouveau Testament produite par
Thomas Anshelm en 1488.
t
Pour illustrer son Térence, Grüninger utilise en tout 85 blocs,
employés 745 fois, pour obtenir 158 illustrations formées de la réunion de deux à cinq blocs (85
x 30 mm) juxtaposés au début de chaque scène. Les gravures ainsi composées, comme une frise,
forment une sorte de titre illustré, qui caractérise la scène et en présente les acteurs de manière
à permettre au lecteur d’identifier au premier coup d’œil les personnages qui vont y figurer.
Chaque personnage, placé sous un phylactère qui en rappelle le nom, est évoqué par cinq ou six
bois différents qui le représentent dans des attitudes et des situations diverses ; les blocs figurant
le décor architectural (divers types de maisons, une porte de ville, un arbre, une petite ferme,
etc.) sont renvoyés sur les côtés.
Le style élégant et précis du graveur anonyme, qui n’est pas sans évoquer la manière des graveurs
sur cuivre haut-rhénans, s’exprime avant tout dans les compositions à pleine page : le grand bois
du titre figurant un théâtre d’architecture gothique tardif, que l’on retrouve au verso de a6 (ici
placé en a2) et les grands bois en tête des six comédies qui permettent d’embrasser d’un seul
coup d’œil ce qui va se dérouler tout au long de la pièce. Jean Grüninger justifie ses intentions
pédagogiques dans le paragraphe en regard de l’illustration de la première comédie, l’
Andrienne
(
Figure declaratio
, fol. II, a2 recto) : L’imprimeur y souligne l’importance de la représentation
visuelle qui permet à la fois de saisir un condensé de la pièce et d’en éclaircir l’intrigue. Le chemi-
nement chronologique est figuré dans l’espace du haut vers le bas, la disposition des personnages
dans l’image permet de déduire leur fonction tandis que leurs relations sont matérialisées par de
longs traits qui les relient les uns aux autres.
Enfin, la disposition typographique concourt elle aussi à la notoriété de cette édition : le com-
mentaire moderne de Guy Jouenneaux et de Josse Bade est placé en interligne du texte de Térence