Page 117 - cat-lib-veyssiere-fevrier2012

Basic HTML Version

2 parties en 1 volume in-folio, (8 feuillets), 180 pages ; (4 feuillets), 268 pages, (1 feuillet)
pour le colophon. Plein veau du début du XVIIème siècle. (Reliure frottée ; 1 mors fendu sur
5 cm. Mouillures saines marginales sur les 3 derniers feuillets.)
.
Première édition séparée d'un des plus mystérieux textes de l'antiquité
. La première
édition, sans les commentaires de Tzetzes, avait été donnée par Alde en 1513, dans un
volume qui réunissait Pindare, Callimaque, Denys le Périégète et Lycophron.
Le texte de l'Alexandra et les notes de Tzetzes sont entièrement en grec. La seconde partie
(Ioannis Tzetzae variarum historiarum liber), avec un titre séparé, est imprimée sur deux
colonnes, textes grec et latin en regard. Initiales ornées attribuées à Urs Graf.
Lycophron (IIIème siècle avant Jésus-Christ), né en Eubée, fut attiré en Egypte par Ptolémée
II Philadelphe, qui devint son protecteur. Comme toute la Pleiade poètique d'Alexandrie
(Callimaque, Theocrite de Syracuse, etc...), il se nourrit des manuscrits de la Bibliothèque
d'Alexandrie.
Son Alexandra, ou Cassandre, est l'un des textes les plus étranges de l'antiquité, et des plus
riches en références littéraires, mythologiques, et initiatiques.
Ce "ténébreux poéme" (
Σκοτεινον ποιηµα
),composé d'environ 1500 vers, est un long
monologue dans lequel la princesse troyenne Cassandre prédit aux protagonistes de la guerre
de Troie d'interminables successions de malheurs, pour eux et leurs descendants.
La composition du poème est complexe ; son érudition est souvent impénétrable, faisant
référence à des textes perdus ou à des mythes oubliés ; la construction des phrases est elle-
même volontairement inaccoutumée ; de nombreux mots, en particulier des mots composés,
ne se trouvent que là, et sont de véritables "hapax".
Il est probable que sans les commentaires que le Byzantin Jean Tzeztzes a recueillis au
XIIème siècle dans des manuscrits de grammairiens d'Alexandrie, aujourd'hui perdus pour la
plupart, l'Alexandra serait presque entièrement inintelligible.
Tous les ouvrages de Lycophron ont été perdus, exceptée cette Alexandra, classée tantôt dans
les tragédies, tantôt dans les poésies lyriques, tantôt dans les épopées, qui connut, malgré son
ésotérisme, ou grâce à lui, un succès constant mais "souterrain" depuis l'antiquité.
Les caractères grecs utilisés par Oporin sont des108 pour le texte de Lycophron, des 92 pour
les scholies de Tzetzes ; et des 86 très inclinés pour les Historiae de Tzetzes. Toutes ces
polices sont très ligaturées. D'inspiration aldine, elles dérivent des caractères gravés en 1528
pour la firme Froben.
PROVENANCE :
Ex-libris manuscrit XVIème : Brodeau sieur de la Chastiere.
Le manoir de la Chastière, ou Chassetière, se trouve sur la commune de Notre Dame d'Oé,
près de Tours. Les Brodeau, illustre famille tourangelle, possédaient déjà ce domaine en
1521. Victor Brodeau, mort en 1540, fut secrétaire de Marguerite de Navarre et de François
Ier, et poète. Un autre Victor Brodeau fut maire de Tours de 1594 à 1596. Julien Brodeau,
mort en 1653, fut un des juristes les plus célèbres de son siècle.
L'exemplaire, qui a des notes manuscrites dans les marges de chaque page, est celui de
Jean Brodeau,
un des grands hellénistes du XVIème siècle
, qui publia avec ses
commentaires de nombreuses éditions grecques, en particulier les Epigrammata (Bâle, 1549),
Euripide (Bâle 1558), ainsi que des Mélanges (Bâle, 1555) en dix livres sur les auteurs de
l'antiquité, mais aussi Oppien, Xénophon, etc... tous imprimés à Bâle..
Fait Chanoine de Saint-Martin de Tours, il mourut dans cette ville en 1563.
(Schoell, III 96-103. Schweiger page 199)
3 500,00