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20
M
anuscrits
64.
Francis PICABIA
.
Caravansérail
. Tapuscrit avec corrections autographes, 1924 ; 135 feuillets in-4, [3 ff n.ch. de
titres] paginés 5-140 [manquent 14-15, 26-27] (qqs bords légèrement effrangés).
5.000/6.000
P
récieux
tapuscrit
,
seule
source
d
un
roman
dada
à
clefs
,
resté
longtemps
inédit
.
Ce n’est qu’en 1974 qu’a paru
Caravansérail
, chez Pierre Belfond, d’après ce dactylogramme retrouvé chez Germaine Everling.
Cette édition (présentée et annotés par Luc-Henri Mercié) est depuis longtemps épuisée.
La page de titre est ainsi conçue : « Francis Picabia / CARAVANSÉRAIL / Avec une préface de Louis Aragon / et / un portrait
de l’Auteur par MAN RAY / 1924 ».
Le roman comprend douze chapitres : I Le galuchat ; II La bulle de savon ; III Inhalation perpétuelle ; IV Out ; V La pierre
de lune ; VI Cheveux d’ange ; VII Les rideaux de mousseline ; VIII Mimosas ; IX Quinze-seize ; X Épiphanie ; XI Cache-cache ;
XII Bendix.
Les 29 premières pages ont été abondamment corrigées à l’encre noire de la main de Picabia, avec des additions autographes,
et des passages biffés ; à partir de là, les corrections sont faites par Germaine Everling, à l’encre bleue. Les corrections de Picabia
renforcent le côté provocateur du texte : ainsi les oiseaux « chantant dans les arbres » deviennent « chiant dans les arbres » ; ou « il
passait sans cesse la main sur son front » est corrigé en « sur son sexe », etc.
Le roman, achevé au début de 1924, est largement autobiographique, et conte l’histoire de Claude Lareincay, « jeune
littérateur, candidat au génie », dans le Paris des années vingt, tel que Picabia l’a fréquenté : « dîners chez des maîtresses, soirées
dans un bar nègre, roulette au casino de Monte-Carlo, visites d’expositions, fumeries d’opium, courses en automobile, déjeuners
d’affaires, séances de spiritisme chez les habitués de la rue Fontaine. […] Un défilé ininterrompu de célébrités, d’excentriques et
de personnages obscurs donne au titre sa pleine justification : on croise beaucoup de monde dans ce caravansérail » (L.-H. Mercié) :
outre Picabia lui-même, qui joue le rôle du narrateur, entouré de deux femmes, Berthe Bocage et Rosine Hauteruche (auxquelles
Gabrielle Buffet et Germaine Everling ont prêté bien des traits), on croise ainsi Picasso, Marthe Chenal, Sem, Reynaldo Hahn,
Maurice Rostand, Van Dongen, Jean-Gabriel Domergue, Claude Farrère, Marcel Duchamp, Georges Carpentier, Jack Dempsey,
Man Ray, Jean Cocteau, André Breton, Louis Aragon, Roger Vitrac, etc., et, plus ou moins reconnaissables sous des pseudonymes,
le couturier Jacques Doucet (Sébastien Manteaubleu), la baronne Double (comtesse Triple), Paul Morand (Pierre Moribond), etc.