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73.
Francis PICABIA
.
Compréhension de l’illusion. Marie et Joseph
. Manuscrit autographe signé, 5 février 1950 ;
un cahier petit in-4 (21,7 x 17,2 cm) de 32 feuillets, sans couverture.
20.000/25.000
M
anuscrit
de
travail
d
un
conte
inédit
.
Composé en 1950, ce conte humoristique, profanateur et blasphématoire, se rattache à la veine du
Jésus-Christ Rastaquouère
de 1920. Marie sort avec Joseph dont elle garde le portrait ; elle est interrogée et courtisée par le narrateur et Pierre de M
assot
(Picabia a ajouté dans l’interligne le patronyme de son ami), qui la draguent ouvertement, en présence de Joseph... Le second
chapitre nous transporte à la Foire de Paris, où erre Joseph, quand apparaît une femme nue : c’est Marie, qui gagne sa vie en
chantant dans les boîtes de nuit ; elle voudrait coucher avec Joseph. Joseph et Pierre vont alors initier Marie à l’art du mensonge
et à la compréhension de l’illusion, et tenter de l’éloigner de Joseph, alors que la vérité n’existe pas…
Écrit à l’encre bleue au recto de feuillets enlevés d’un cahier sur papier à petits carreaux, ce manuscrit est signé et daté en fin :
« Francis Picabia / terminé à Paris le 5 Février 1950 ». Il présente de
nombreuses
ratures
et
corrections
.
[Chapitre I].
Marie et Joseph
. « Marie vint s’assoir, sous le portrait de Joseph, avec beaucoup de majesté et de grandeur. Marie,
vous me semblez jeune, me permettez-vous de vous poser quelques questions ? D’abord, la religion, avez-vous de la religion ? et
avez-vous encore ! de l’idéal ? Et surtout êtes vous préoccupée des hommes ? »…
Chapitre II.
Joseph
. « Joseph était allé à la Foire de Paris, sur le côté de l’allée qui descendait au stand des appartements
silencieux, il vit soudain une porte s’ouvrir avec précaution »…
Chapitre III.
Révérances d’un soir
. « Joseph et Pierre se mirent à dire à Marie ; la vie est belle ! maintenant nous approuvons
les arts du non vrai et du mensonge, enfin la compréhension de l’illusion et peut-être de l’erreur comme condition du monde
intellectuel et sensible, car l’art est la bonne volonté de l’illusion, peut-être pour les idiots ? »… Citons encore le dernier paragraphe :
« De grandes pancartes pourraient nous annoncer que la joie de vivre se trouve aux Galeries Lafayette. Il n’y a dans le monde,
aucune vérité ; les choses se contredisent, nos jugements sur elles n’ont aucun critérium, une chose est bonne ou mauvaise suivant
que l’un la trouve bonne ou que l’autre la trouve mauvaise ; mettons de côté toute recherche de la vérité ; et que les êtres renoncent
à trouver dans le monde autre chose que leur vérité et qu’ils cessent de s’inquiéter d’un monde sans vérité ».