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Chapitre III.
Révérences d’un soir
. « L’opposition du réel et de l’idéal est inconciliable, l’un ne peut devenir l’autre, si l’idéal
devenait réel, il ne serait plus idéal. / Joseph et Pierre se mirent à penser à Marie, la trouvant belle ! car maintenant ils approuvent
les arts du non vrai, enfin la compréhension de l’illusion et peut-être de l’erreur comme condition du monde intellectuel, car enfin
l’art est la bonne volonté de l’illusion. Et cela, pas pour les pauvres idiots paraît-il »… La fin a été remaniée, avec une importante
addition : « La vie n’est plus qu’une irritabilité intellectuelle qui équivaut presque au génie et certainement à la mère de tout
génie. / Mais cela était hier, aujourd’hui les êtres tendent avec effort à paraître profonds et réfléchis ; les plus fins d’entre eux ne
simulent qu’une sorte d’effronterie. / Que les hommes veuillent m’est indifférent ; qu’ils le puisse[nt], voilà le principal ; Joseph
et Marie n’ont pas encore trouvé, car trouver toute chose profonde – c’est là une qualité gênante ».