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dans votre jardin de Passy ; honte de la création et fléau des campagnes de la Seine »… D
essin
d’un bouledogue auquel Doré se
promet de donner « une boulette qui le mettra à tout jamais hors d’état de sourire aux passants », puis
dessin
d’un caniche : « En
revanche j’irai faire une petite caresse à la bonne Miette qui doit bien se morfondre. La jolie petite bête pourquoi ne l’avez-vous
pas emmenée. Cela lui aurait fait du bien de courir dans les bruyères ! »…
Reproduction page 17
129.
Gustave doré
. L.A.S. avec
dessin
à la plume, Vendredi, à « Chère Adèle » ; 4 pages in-8 à son chiffre. 1.500/2.000
A
musante
lettre
ornée
d
un
grand
dessin
en
tête
. Gustave Doré s’est représenté de dos, échevelé, s’inclinant et avançant
humblement vers une femme qui lui tourne le dos, bras croisés, tenant un grand bâton de randonnée, devant un paysage de
montagnes. « Je viens d’apprendre par votre aimable enfant, que vous me boudez d’une façon grave et qu’il me faut vous approcher
très précautieusement si je veux me faire écouter : c’est ce que j’essaie de faire, comme vous l’indique la planche ci-dessus »… Il
l’assure d’une correspondance fidèle, se demandant s’il a sous-estimé le temps nécessaire au courrier pour parvenir à Lucerne puis
Interlaken. Il est peiné « de n’avoir pas reçu de lettre de vous ; avant de mal penser d’un ami comme moi, vous pourriez bien avoir
le soupçon de tout autre contretemps indépendant de ma volonté »… Il s’étonne qu’elle écourte son voyage, et regrette qu’elle ait
« laissé de côté cet admirable Chamouny ». Au moins se réjouit-il de la retrouver. Mais il souffre d’une « affreuse grippe qui me
rend incapable de rien faire »…
Reproduction page ci-contre
130.
Gustave doré
. L.A.S. avec 2
dessins
à la plume, Mardi matin, à une « chère amie » ; 3 pages in-8 à son chiffre.
1.500/2.000
J
olie
lettre
galante
illustrée
. « Voilà un beau rayon de soleil qui me fait espérer qu’aujourd’hui enfin j’aurai le bonheur de
vous voir à mon atelier. Je ne vous dirai jamais assez bien tout le plaisir que vous me feriez. N’y a-t-il pas, ce me semble, trois
grandes semaines que vous me l’avez promis et ces semaines sont des siècles ! Un accident déplorable est arrivé hier à une des toiles
auxquelles je travaillais et vous n’en aurez qu’une idée imparfaite en regardant cet obscur symbole dessiné en dessous »… G
rand
dessin
 : Doré se représente en haut d’un escabeau, palette et pinceaux à la main, devant un grand tableau qui figure un amour
volant. « Pauvre tableau ! C’est en celui-là que je plaçais mes plus belles espérances. C’est avec lui que je comptais apaiser enfin
les ouragans de la cabale. Cependant j’oublierai vite, par sympathie pour cet aimable volatile qui m’a envoyé en plein cœur votre
carte photographique. Cet enfant distinctif que vous voyez représenté, me tient compagnie en vous attendant, et ne réussit qu’à
peu près à calmer mon impatience. Donc ne me laissez pas seul plus longtemps, chère amie »… Pour « plus de clarté », il dessine
un cœur fumant suspendu à une cloche qui sonne, « image de mon cœur tout entier à vous attendre »…
Reproduction page 17
131.
Gustave doré
. L.A. (incomplète) avec 2
dessins
à la plume, à sa « chère Adèle » ; 4 pages in-8 à son chiffre.
600/800
Il est malade. « Vous me demandez chère Adèle des nouvelles de mon grand projet. J’allais me mettre à tracer les premiers
traits sur ma toile, lorsque ce maudit mal m’a retenu et obligé de différer encore. Je me sens toujours plein d’ardeur pour faire cette
œuvre dont j’augure bien. La composition continue à me satisfaire, et le sujet m’en semble difficile à discuter. Et cependant… et
cependant… et cependant… Quel nouveau plat se disposent à me servir ces marmitons de la haine et de la critique envieuse mais
quel plaisir en revanche je trouverai dans mon seul travail, et quel bonheur j’aurai, chère Adèle, de vous montrer ce que je fais et
de vous appeler chaque fois que j’aurai fait une nouvelle étape sur mon grand travail »… Il lui souhaite d’aller voir la merveilleuse
Wengernalp, « le plus bel aspect de grandes montagnes et de glacières qu’il y ait peut-être dans toute la contrée », et il prie Mlle
Gaby de faire « sur cet illustre plateau […] un croquis des badauds dans toutes les attitudes de l’admiration et de la lorgnette »…
Amusant
dessin
de la scène : une femme et quatre hommes, tenant leurs bâtons de randonnée, admirent le paysage dans des
attitudes variées. « Méfiez-vous aussi de cette race de mélomanes qui, sous prétexte de vous faire part de leurs impressions sur
la belle nature vous demandent si vous ne trouvez pas que la cime de l’Eiger ou de la Yungfrau ressemble à la tête renversée de
Grenier du Théâtre des Variétés ». D’autres « vous diront cette phrase sacramentelle de touriste spirituel et légèrement caustique
savoir que la Yungfrau a cessé de mérité son nom puisque MM
rs
Agasiz et de Bouillé lui ont en 1852 ravi sa virginité ; ce qui a
fait jaser. Vous leur répondrez dans le style de mon ami Ducray Duménil vous voyez bien Messieurs que cette vierge n’était pas
de glace plus que les autres ; au reste elle a conservé sa candeur puisqu’elle rougit encore vers le soir… Sur quoi ces messieurs
s’ébatteront pendant une heure de ce rire obligeant »… D
essin
de la scène : Adèle, armée de sa canne de randonnée, regarde
impasssible trois promeneurs se tordre de rire…
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