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191.
Théophraste RENAUDOT
(1586-1653). 7 imprimés du
Bureau d’Adresse
, 1632-1636; petit in-4.
100/150
1632.
Relation
de bataille par le maréchal de Schomberg (13 septembre),
Gazette
(24 septembre),
Nouvelles ordinaires de divers
endroits
(5 novembre),
Récit de la mort du Duc de Montmorency
(8 novembre). – 1636.
Deux deffaites
(d’une compagnie de cavalerie
hongroise et de deux régiments de Croates, 25 août),
Extraordinaire du II décembre
,
La Deffaite entière du régiment de cavalerie du
colonel Reinac dans l’Alsace
(17 décembre).
192.
Olympe Vallée, Mme Paul Descubes de Lascaux, dite Vicomtesse de RENNEVILLE
(1811-1890) chroniqueuse
de mode. 52 L.A.S., vers 1860, à un ami [C
halons d
’A
ngé
] ; 108 pages in-8 ou in-12, la plupart à son chiffre couronné
ou sur papier rose à l’en-tête de
La Gazette Rose
.
400/500
C
harmante correspondance amicale
, sur un ton souvent badin. Elle écrit à son « cher ami » ou son « cher ennemi », ou encore
à Fanchette, sans doute le nom de plume de son correspondant : « Je ne savais pas que vous étiez de toutes les fanchettes barbues
la plus ingrate et la plus oublieuse ». Il est évidemment question de
La Gazette Rose
, dans laquelle elle publie des manuscrits de
son correspondant (les « mosaïques roses », un article sur Cherbourg) ; elle demande des renseignements sur des événements
auxquels elle ne peut assister, ainsi la fête de nuit au Pré Catelan sur Charles Quint ou un bal à l’Opéra. Elle organise des dîners
chez elle, avec des journalistes, notamment Alphonse K
arr
 ; elle a rencontré dans le train Alexandre D
umas
fils : « Son père va
beaucoup mieux. Rassurez l’univers entier » ; elle évoque la mort de la comédienne Rosé C
héri
… Elle ne cesse de recommander
le jeune peintre Henry S
ieurac
, fils d’une amie de sa mère. Elle raconte une excursion à la Grande Chartreuse qui l’a beaucoup
impressionnée. Etc.
193.
Rainer Maria RILKE
(1875-1926). L.A.S., Château de Muzot (Valais), 18 juillet 1923, [à Maurice D
elamain
, des
éditions Stock] ; 2 pages petit in-4 (petite trace de rouille).
1.500/1.800
Il a reçu avec plaisir les volumes des
Cahiers
[
Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
, qui venaient de paraître en extraits chez
Stock, dans la collection « Les Contemporains », traduits par Maurice Betz] et son aimable lettre communiquant les intentions des
éditeurs : « je serai très heureux de voir paraître mon livre en entier dans une des collections de la “Librairie Stock”. (Peut-être, les
fragments étant publiés dans “Les Contemporains”, serait-il préférable de placer le volume complet dans l’autre collection ? […])
Quant aux conditions, je m’empresse de vous déclarer mon consentement à la somme proposée de mille francs. L’intérêt que vous
portez à mon livre sur R
odin
me reste extrêmement précieux ; j’espère revenir à ce sujet très prochainement, aussitôt que je saurai
où en est la traduction qu’avait essayée un de mes amis à Berne »… Il va écrire à Maurice B
etz
.
Reproduction page 37
194.
Auguste RODIN
(1840-1917). L.S. écrite par Rainer-Maria R
ilke
, 19 février 1906 (?), à une dame ; 2 pages in-8 à
son adresse
182, rue de l’Université
(date surchargée, sous verre).
800/1.000
Il est déjà trop engagé pour accepter sa charmante invitation pour dimanche, mais indique ses jours libres : il n’a aucun
engagement du 26 février au 1
er
mars ; « et après cette date je pourrais vous proposer le 2 mars qui, comme les jours suivants, n’est
pas encore pris non plus. Je répète, Madame, combien je suis heureux de votre charmant souvenir et de l’espoir de me présenter à
vous bientôt ». Il ajoute que des photographies « annoncées dernièrement » seront expédiées ce jour.
Reproduction page 37
195.
Romain ROLLAND
(1866-1944). L.A.S., Villeneuve (Vaud) 22 octobre 1922, à Paul P
etitot
 ; 4 pages in-8. 800/900
T
rès
belle
lettre
politique
,
exprimant
des
réserves
sur
les
communistes
, à Paul P
etitot
(1890-1979), cheminot vésulien,
militant syndicaliste et socialiste, passionné de littérature.
« Votre belle et bonne lettre m’a vivement touché. Oui, vous me comprenez, nous nous comprenons à demi-mot ; nous
sommes de la bonne vieille race de Colas Breugnon – qui est le frère gaulois de Jean-Christophe : car cette race n’est pas limitée
à une nation ; elle s’étend à tous ces énergiques et patients travailleurs, dont rien ne peut dompter l’indépendance ni duper la
raison. Ils savent […] qu’on ne transformera pas l’humanité, à coups de décrets, de discours, et même de canons […] mais par un
long travail tenace et obstiné. On nous appelle “mystiques”, parce que nous ne croyons pas au mysticisme révolutionnaire, qui
nous promet le Paradis pour demain. Quand ce n’est pas un bluff, c’est là un illuminisme dangereux, car il risque de faire tomber
ceux qui y ont cru, dans le désespoir, quand vient la désillusion des promesses impossibles »… La victoire viendra, mais plus tard,
en son temps : « Nous sommes du temps de la lutte. Il faut aimer la lutte – (le travail en est une) – et lutter, mais sereinement,
noblement, sans fièvre, sans peur et sans reproches, […] dans tous les actes de notre vie, lutter pour la justice, pour la liberté,
et pour la vérité, – et d’abord, lutter en nous, car l’ennemi est d’abord en nous […] – lutter pour nous dégager sans relâche des
mensonges, des injustices, des préjugés, des fauves et terribles instincts du passé », car l’humanité a encore bien du chemin à faire
pour s’élever loin de l’animalité… « Voilà mon mysticisme : ni illusion, ni crainte. Voir la rude ascension qui nous reste […]. Et
joyeusement tailler dans le roc, une à une, quelques marches de plus, par où, nos frères et nous, nous gravissions dans un peu plus
de lumière. Mais je crains que la hâte confuse, violente, intolérante, de nos amis communistes n’aboutisse, pour eux et pour ceux
qui les suivent, à une chute plus profonde »...