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Il serait bien fâché (après la défaite de Rossbach, 5 novembre) « de donner des spectacles nouveaux à votre bonne ville de
Paris dans un temps, où vous ne devez etre occupez qu’à reparer vos malheurs et votre humiliation. Il faut ou qu’on ait fait ou
d’étranges fautes, ou que les français soient des lévriers qui se soient battus contre des loups. Luc [F
rédéric
II] n’avait pas vingt
cinq mille hommes ; encor étaient-ils harassez de marches et de contremarches. Il se croioit perdu sans ressource il y a un mois,
et si bien si complettement perdu qu’il me l’avait écrit. Et c’est dans ces circonstances quil detruit une armée de cinquante mille
hommes ! Quelle honte pour notre nation ! Elle n’osera plus se montrer dans les pays étrangers. Ce serait là le temps de les quitter
si malheureusement je n’avais fait des établissements fort chers que je ne peux plus abandonner ».
Puis il évoque ses « correspondances » avec le Roi de Prusse… « Si madame de P
ompadour
avait encor la lettre que je luy
ecrivis quand le roy de Prusse m’enquinauda à Berlin, elle y verrait que je luy disais quil viendrait un temps où l’on ne serait pas
faché d’avoir des français dans cette cour. On pourait encore se souvenir que jy fus envoyé en 1743, et que je rendis un assez grand
service ; mais M
r
Amelot par qui l’affaire avait passé ayant été renvoyé immediatement après, je n’eus aucune récompense. Enfin
je vois beaucoup de raisons detre bien traitté, et aucune detre exilé de ma patrie. Cela n’est fait que pour des coupables, et je ne
le suis en rien. Le roy m’avait conservé une espece de pension que jay depuis quarante ans à titre de dédommagement, ainsi ce
n’était pas un bienfait, c’était une dette comme des rentes sur lhotel de ville. Il y a sept ans que je n’en ay demandé le payement.
Vous voyez que je n’importune pas la cour ».
Quant à son portrait, « que vous daignez demander mon cher ange », c’est « celuy dun homme qui vous est bien tendrement
uni, et qui ne regrette que vous et votre société dans tout Paris. L’Académie aura la copie du portrait peint par L
a
T
our
. Il faut que
je vous aime autant que je fais pour songer à me faire peindre aprésent ».
Il ne lira pas le roman (du marquis de Thibouville) que lui envoie d’Argental : « vous savez que je n’ay pas beaucoup de temps à
perdre. Il faut que je démele dans l’histoire du monde depuis Charlemagne jusqu’à nos jours
ce qui est roman, et ce qui est vray »…
Il changera le nom de d’Outremont dans sa comédie
la Femme qui a raison
 : « Je me suis déjà brouillé avec un avocat qui
se trouva par hazard nommé Grifon. Il prétendit que j’avais parlé de luy je ne sais où ». Il termine en évoquant le maréchal de
R
ichelieu
qui « me boude et ne m’écrit point. Il trouve mauvais que je n’aie pas fait cent lieues pour l’aller voir ».
Reproduction page 45
211.
Adolphe WILLETTE
(1857-1926) peintre et dessinateur. D
essin
original à la plume, signé en bas à droite « Nox » ;
21,5 x 14,5 cm (angles coupés).
100/120
Caricature de presse, représentant quatre personnages, leur chapeau surmonté d’une girouette, légendée : « ils savent tourner
leur tête à tous les vents »… Au dos, fragment autographe d’une liste de légendes.
212.
Émile ZOLA
(1840-1902). L.A.S., Paris 4 mars 1892, [au directeur de
La Vie populaire
] ; 2 pages in-8 (marques de
plis).
500/700
A
u
sujet
de
la
traduction
italienne
de
L
a
D
ébâcle
. C’est avec raison que
La Tribuna
de Rome se dit propriétaire des droits
de cette traduction : « Selon l’usage, j’ai traité pour toutes les traductions, en imposant à l’acquéreur la condition, s’il publiait
la traduction dans un journal, d’être toujours de deux ou trois jours en retard sur le texte original de
La Vie populaire
. Nous ne
pourrions intervenir que si cette clause du traité était enfreinte ». Cela est tout à fait courant : « lorsque
La Bête humaine
a paru
dans
La Vie populaire
, mes traités de traduction ont été les mêmes. Voilà bien des romans que je publie dans des conditions
identiques, et tous mes confrères de quelque renom font comme moi »…
Reproduction page ci-contre
213.
Émile ZOLA
. L.A.S., Paris 4 février 1896, à un confrère [Paul B
ourget
 ?] ; 1 page et demie in-8.
500/700
A
u
sujet
de
sa
candidature
à
l
’A
cadémie
F
rançaise
[il y essuya 19 échecs]. Il remercie son confrère du « plaidoyer en ma
faveur qui se trouve au fond de votre article. Il n’est pas vrai, je crois, que la manœuvre contre ma candidature, dont vous parlez,
se soit produite. Et elle ne se produira sans doute pas. Mais je n’en ai pas moins été heureux de l’indignation qu’un si beau projet
a soulevée dans votre conscience d’écrivain »…
214.
Stefan ZWEIG
(1881-1942). L.A.S., [Paris 6 janvier 1932], à Maurice D
elamain
, éditions Stock ; 1 page in-12,
adresse (carte pneumatique).
200/250
Il avance le rendez-vous de vendredi d’une demi-heure, « car j’ai un entretien assez important avec Frédéric L
efèvre
à
4 heures »…