Page 142 - cat-vent_ader17-12-2013-cat

Version HTML de base

140
301.
Kees Van DongEn
. 13 L.A.S. et 2 cartes postales a.s. « Kiki »,
Alexandrie puis Le Caire décembre 1927-mars 1928, à « Madame v
an
d
onGen
» à Paris ; 35 pages in-8 à en-tête d’hôtels, enveloppes, et 2 cartes
illustrées avec adresse.
8.000/10.000
b
elle
correspondance
du
voyaGe
en
é
Gypte
,
Illustrée
d
un
autoportraIt
.
Van Dongen avait été fasciné par l’Égypte lors d’un premier voyage en 1913. En
1928, il décide de s’y rendre à nouveau. Il y reçoit des commandes de portraits,
mais se ménage tout de même du temps pour visiter le pays.
Alexandrie. Ce mercredi [28.XII.1927]
. « Bien arrivé avec seize heures de
retard à cause du brouillard. Ici c’est l’été »…
31 décembre
. Il est installé à l’hôtel Claridge dans le centre de la ville :
« On y trouve tout le monde. Il y a une très importante colonie Européenne
ou plutôt (Juivo-Syrienne-Grecque) tout ce monde m’invite […] J’accepte
les invitations car je voudrais bien au moins gagner mon voyage et le séjour ici. Il
fait un temps délicieux et j’ai de la peine à croire les mauvaises nouvelles qui viennent d’Europe
concernant le temps. […] Je te souhaite une bonne année et suis un peu jaloux de toi car tu peux finir l’année
tranquillement tandis que moi je suis obligé d’accepter les invitations. J’ai aujourd’hui un déjeuner, un dîner et un souper
qui commence à minuit et comme je suis un débutant dans la vie alexandrine je dois accepter et sourire et être aimable (rien pour
moi) avec tout le monde et j’ai déjà mal au ventre d’avoir mangé de toutes les cuisines orientales »…
2 janvier 1928
. Elle peut laisser sa toile de 40 figures
Le Dancing de Cannes
pour 25 000 francs à M. s
atsuma
qui lui enverra
probablement un chèque : « mais si tu le vois ou si tu vois F
oujIta
tu pourras demander de faire virer ce chèque à mon compte à
la Guaranted Trust Company of New York [...]. Enfin fais pour le mieux. Pour toutes les affaires je te laisse une marge de 5 mille
entre le prix fort et le prix faible. Ne m’envoies pas d’argent ici, je n’en ai pas besoin. J’ai même déjà gagné mon voyage. Les
gens sont charmants ici seulement ils m’invitent trop, je n’ai pas encore une seule fois mangé à l’hôtel. La ville en soi offre peu
d’intérêt. Le Caire et la Haute Égypte sont plus amusant au point de vue peintre. Le temps est splendide ». Il écrit depuis le Cercle
Mohammed Aly, « où tout le monde, Juifs Grecs Siriens Egyptiens Anglais Français etc. se rencontrent »… Il a été deux fois au
théâtre : « tu peux dire à Yvonne Astruc de ne pas s’effrayer si elle n’a pas de salle pleine quand elle viendra ici les théâtres sont
grands et les salles à trois quart
vides
»… Il a vu les danseuses de Loïe F
uller
… Le roi d’Afghanistan est descendu au Claridge…
« Pour le reste peu de neuf on est assez flemard ici à cause du climat et c’est le plein hiver »…
10 janvier
. Il a reçu ses vœux pour la bonne année et espère qu’elle a reçu les siens… « Tu vois que tout s’arrange et bien sûr
qu’il en sortira quelque chose de très beau. En attendant je suis très occupé ici car jeudi après-midi j’ouvre ici une exposition de
dessins et de quelques tableaux que j’ai pu emporter et jeudi soir je dois faire une conférence devant la S
des Amis des Arts. C’est
pas très drôle tout cela mais la vie est chère ici »… Il va lui envoyer une attestation pour son tableau
La Chemise d’Argent
: « Je ne
sais pas non plus qui l’a expédié mais je sais que ce tableau était parti en premier lieu pour une Exposition à Dresden je crois et que
toi-même tu as répondu à la Galerie s
chames
de Frankfurt qui a demandé ce tableau par télégramme ensuite pour une exposition.
[…] Ce tableau n’a jamais passé par Amsterdam. Du reste ils n’ont qu’à regarder la signature du tableau »… Il a hâte d’avoir terminé
l’exposition « pour me payer un bon voyage en Haute Égypte. […] Je suis content de toi puisses-tu pouvoir en dire autant de moi »…
17 janvier
. Il est content qu’elle ait pu se défaire de Marthe : « Tu vois comme c’est embêtant des gens qui vous aiment. Ici
c’est l’hiver maintenant c.à.d. des giboulées de mars je n’ai pas encore un seul moment eu trop chaud. Je pars ce Dimanche pour
la haute Égypte où je compte bien prendre des bains de soleil. J’ai une petite exposition ici mais comme on a voulu me faire faire
une conférence pour l’ouverture presque tout le monde s’est fâché car j’ai un peu engueulé les Alexandrins. Enfin je t’enverrai
bientôt quelques coupures de journal si toutefois ces choses t’intéressent encore. Et comment te sens-tu en rentière ? As-tu enfin
réalisé ton rêve de vivre sans être embêté par un homme ? Moi aussi j’aurais bien voulu faire ce voyage avec toi mais heureusement
que nous ne l’avons pas fait car la vie est très chère ici et comme tu aurais voulu voir les moindres vieilles pierres et que je t’aurais
embêté en ne te suivant pas il vaut mieux que nous attendions encore un peu. Qui sait si plus tard nous ne ferons pas une fois ce
voyage qui est sans aucune difficulté quand on a assez de galette. […] Je prends ici des croquis et des notes. Je ne sais pas si je ferai
des tableaux mais avec ce qui me reste à Paris de choses d’Égypte que je pourrai corriger et les croquis que je fais j’aurai largement
de quoi faire une exposition. Tâche de me vendre autant que possible de toiles pour faire place pour des neuves. […] Ici on a l’air
d’être toujours encore sur le bateau. Le climat est comme en mer changeant et très humide et on rencontre tous les jours et partout
les mêmes personnes. […] fais attention de ne pas prendre froid. Tu vois comme je suis gentil et attentionné quand je suis loin.
Sois un grand homme comme ton Kiki qui t’embrasse »…
Luxor
23 janvier.
« Me voilà enfin en Haute Égypte. C’est vraiment beau ici mais il fait gris comme en Hollande en ce
moment. […] Je vais exposer au Caire quelques dessins et si je les vends je reviens ici où c’est très beau ». Le Luxor Winter Palace
est « épatant. Qui sait si plus tard tu ne m’emmèneras pas en Égypte et je pourrai te servir de guide ». Il a vu Yvonne a
struc
et
a voyagé avec les d
uval
du Havre, qui sont arrivés en même temps que lui à Luxor. « Je pense travailler ici et j’ai emporté tout ce
qu’il faut pour cela »…
25 janvier
. « Il fait beau ici je travaille les mouches m’énervent et je me sers du pot de chambre pour faire de l’aquarelle. Je pars
demain encore un peu plus en avant jusqu’à Assouan, et reviens bientôt au Caire. […] Je suis tout brûlé par le soleil. Tu n’aimerais
pas ce pays-ci à cause du soleil et de la lumière mais tu aimerais la basse Égypte et puis je ne sais pas ce que tu aimerais »…
… /…