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79*.
[Victor HUGO]
. Imprimé,
À Victor Hugo
, avec envoi a.s. de Martin F. T
upper
, 8 juin 1885 ; 1 page in-fol. encadrée
de noir (deuil).
80/100
R
are
affichette
en
hommage
à
H
ugo
(décédé le 22 mai) par ses admirateurs et amis de J
ersey
, avec l’
Élégie
de John S
ullivan
et sa traduction anglaise par Martin F. T
upper
. Ce dernier a inscrit un envoi à Mme J. M
ercer
, 8 juin 1885. Sous le poème,
publication d’une lettre de V. Hugo à Sullivan, et une de Sullivan au Maître, avec quelques anecdotes le concernant.
80. [
Victor HUGO
].
Paul meurice
(1820-1905) écrivain. 8 L.A.S., [mai-juin 1903], au directeur de la Porte-Saint-
Martin, Paul C
lèves
 ; 12 pages in-12, 3 adresses.
100/150
S
ur
une
reprise
de
N
otre
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ame
de
P
aris
,
à
la
P
orte
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aint
-M
artin
.
[23 mai] 
: « Je vous assure amicalement que vous feriez
mieux de renoncer à
Notre Dame
, que les succès d’autrefois tenaient en grande partie à l’interprétation »…
[24 mai]
, il accepte
Condé pour Quasimodo, à la condition « 
absolue
 » d’avoir Darmont pour Claude Frollo : sinon, « renonçons à
Notre-Dame
 »…
[28 mai]
, au sujet d’un acteur des Mathurins…
[31 juin]
, rendez-vous avec P
orel
dès son retour… – Rameau serait « tout à fait
l’homme du rôle », mais pour Séverin Mars, « je suis hésitant »… – Remarques sur le marchandage du directeur avec Rameau et
Condé… – « G
émier
, s’il se sent dans le rôle, pourrait être un excellent Quasimodo »… Etc.
81.
Joris-Karl HUYSMANS
(1848-1907). M
anuscrit
autographe,
Les
Rêveries d’un croyant grincheux
, [1904]
;
24 pages in-4.
6.000/8.000
I
mportant
et
violent
réquisitoire
contre
l
’É
glise
catholique
et
le
clergé
français
,
son
inadaptation
au monde moderne
,
la
bigoterie
,
l
obsession
du
péché
de
chair
… Huysmans renonça finalement à publier ce pamphlet, qui resta longtemps inédit, et
ne fut publié qu’en 1996, présenté par René Rancœur dans le
Bulletin de la Société J.-K. Huysmans
(n° 89). Le manuscrit est écrit
à l’encre brune ; il présente des ratures et corrections, et de nombreuses et importantes additions ou annotations dans la marge.
« Quelle réponse faire à cette insoluble question : pourquoi un catholique pratiquant est-il plus bête qu’un homme qui ne
pratique pas ? Car enfin, cela est indéniable, celui qui fréquente les églises est inférieur à tous les points de vue aux mécréants.
Causez avec eux, vous serez étonné de leur ignorance, de leur bégueulisme, de leur horizon étonnamment restreint, de la vacuité
de leur cervelle, de la minutie même des lieux-communs. Sous prétexte de fuir le péché, ils ont peur de leur ombre, voient dans
l’art le commencement de la perdition, sont en retard de plusieurs siècles. Le catholicisme en France fait l’effet d’un déprimant »…
Huysmans met en cause l’éducation catholique « comprimée » : « C’est la théorie de la peur, de la paresse intellectuelle érigée en
dogme […] Cette couveuse de vertus que furent les institutions religieuses a engendré, par la loi des contraires, les vices ; il semble
bien vraiment que le système soit à changer. Il ne donnera, en tout cas, pis […] Tout tourne mal, la religion subit un assaut. On
geint et un bon prêtre, si ce n’est un évêque, conclut, en disant : On ne prie pas assez, prions le Sacré Cœur, il sauvera la France.
Et tout le monde s’assied, ne bouge plus, remet tout à Dieu, en le chargeant d’arranger les choses ».
Ainsi, au sujet de l’affaire des Congrégations, Huysmans dénonce la démission des députés catholiques qui ont fait « le jeu du
gouvernement », et il fustige le système de défense des catholiques « assez enfantin et assez niais » ; il trouve « comique » l’attitude
des congrégations qui se divisent ; il déplore le départ des Bénédictins et admire les Franciscains qui continuent leur apostolat.
« Mais aussi, quelle malchance ! de la tête aux pieds du catholicisme, c’est un amas de gaffes. L
éon
XIII qui fut une grande
intelligence, […] casse le dernier ressort de la France conservatrice. […]. Peu inspiré par l’Esprit Saint, il ne se rend pas compte que
sous le nom de République, c’est le vieil ennemi de l’Église, l’irréductible secte satanique qui l’assaille. Il fait, lui, Vicaire de Dieu,
pacte avec le Démon. Les résultats, nous les connaissons. Il meurt. P
ie
X lui succède. Et c’est juste le contraire qui se produit. Ce
sont les gaffes en sens inverse qui pleuvent ». Le Saint-Siège agit avec une maladresse extrême, en violation du Concordat, comme
dans l’incident des deux évêques de Laval et de Dijon, (« démissionnés » par l’Église, mais non par l’État), à l’origine de la rupture
des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège en juillet 1904.
De même dans l’affaire du théologien et historien des religions Alfred L
oisy
(1857-1940). Son premier livre,
L’Évangile et
l’Église
(1902) fut mis à l’Index : « Le finaud qu’était Léon XIII n’avait jamais voulu frapper ce prêtre qui est d’ailleurs un prêtre
honnête, contre lequel on n’a jamais pu rien relever. […] A la décharge de Rome, il faut bien dire que la presse catholique fit rage
contre le malheureux Loisy. Suivant sa tactique habituelle, elle se révéla combative non contre l’ennemi commun, mais contre les
siens. Elle agit comme du temps de Lamennais qu’elle poussa à bout. Elle eut en quelque sorte raison de Loisy qui me parut un
peu perdre la tête en s’irritant […] Il se remit heureusement assez pour ne pas se défroquer, et je crois bien que c’est là le grief
caché le plus violent qu’ont nombre de catholiques contre lui ; car c’est une chose étrange que la mentalité des pieusards. Ils sont
pour chasser les gens de l’Église et non pour les faire entrer. Ils n’ont pas assez d’injures pour ceux qui viennent à eux et ils sont
ravis quand ils peuvent chasser quelqu’un des leurs de leur rang. Ah ! si Loisy avait jeté la soutane aux orties, ce qu’ils auraient
crié. Nous l’avions bien dit ! C’est une brebis galeuse, un hérétique, et il aurait fourni à la presse, une tartine de lieux communs
où l’on aurait rappelé Luther et le frère Hyacinthe Loyson ! »
Huysmans constate que le monde intelligent s’éloigne du catholicisme. Quant aux évêques, qui étaient « les préfets violets
du Gouvernement, quand ils touchaient de l’État, prébende, ils vont être les préfets violets de Rome, quand la séparation sera
prononcée ; et forcément, plus ils auront été libéraux, plus ils deviendront ultramontains. Nous allons être gouvernés par des
Italiens ; où cela nous mènera-t-il ? ». Il craint une future « réaction gallicane » : « Ce sera la décomposition qui s’accentuera de
l’Église de France déjà bien malade, par le fait du clergé, ou pour être plus juste, des dévotes. C’est à elles, en effet, qu’il faut faire
… /…