Page 80 - cat-vent_ader17-12-2013-cat

Version HTML de base

78
213.
Engelbert HUMPERDINCK
(1854-1921) compositeur allemand. L.A.S.,
Londres
28 novembre 1912, [à Mlle Natalia
T
rouhanowa
] ; 2 pages in-8 à en-tête du
Garlant’s Hotel
.
200/250
Il regrette de n’avoir pas l’occasion « d’admirer les progrès de votre art si sympathique, mais j’en suis sûr qu’ils marcheront
jusqu’aux cimes du Parnasse ! Je vous félicite pour votre grands succès dans l’Olympe et j’espère que leur suivront beaucoup
d’autres »… Il aimerait posséder un petit portrait d’elle…
214.
Vincent d’INDY
(1851-1931). 16 L.A.S., 1911-1912, à Natalia T
rouhanowa
 ; 38 pages in-8 ou in-12, 4 enveloppes.
2.000/2.500
T
rès
intéressante
correspondance
autour
de
leur
collaboration
pour
le
ballet
I
star
(créé lors d’un concert de danse de
Natalia Trouhanowa le 9 mai 1911, puis le 22 avril 1912 avec décor et costumes de Georges Desvallières).
Tamaris 26 mars 1911
. Bien que malade et exilé dans le midi, c’est avec enthousiasme qu’il accède à son aimable demande :
« je serai tout à fait heureux de vous voir interpréter
Istar
,
vous
surtout, qui possédez si bien le sens de l’hiératisme oriental, je suis
persuadé que vous pouvez rehausser ma musique avec une plastique qui, traitée par
vous
, sera absolument ce qu’il faut »... Il soulève
les problèmes d’une telle adaptation, le principal étant l’exécution orchestrale, car
Istar
est un morceau de musique assez difficile
demandant un orchestre complet. « J’aimerais infiniment vous voir mettre ma musique en action, ça me serait une joie réelle »…
30 mars
. Il se réjouit de voir ce qu’elle va faire sur sa musique. « Il n’y a rien à changer dans la division des 7 scènes que vous
avez établie avec D
ukas
 », mais il suggère tout de même de modifier la place des portes afin d’équilibrer l’ensemble « (exigence de
l’architecture musicale
) », et pour « donner plus d’espace à la marche », ce qu’il illustre par un
croquis
. « Pour les bijoux autour des
seins, la musique à 5 temps indique une multitude de bijoux, paillettes, verroteries, pierres précieuses pendantes, qui se heurtent
et résonnent
très clair
pendant les mouvements de danse » ; seules resteront à la fin « les 2 petites
coupes
qui couvrent les bouts
de seins, c’est seulement là que le gardien les enlève » ; de plus dans la dernière partie, le dernier voile devrait être enlevé très
lentement, « de façon à ne paraître nue que sur toute la force de l’orchestre ». Il lui envoie la musique où il a marqué au crayon
bleu les moments « où Istar doit s’arrêter devant chaque porte, pour attendre que le gardien lui ouvre », quelques secondes sans
bouger, etc.
6 avril
. Il a compris qu’elle aime réellement son art, qualité peu commune chez les artistes, surtout les interprètes. Il
trouve son art, celui de « la mimique », admirable : « Je ne veux pas parler de la danse, telle qu’on la pratique sur la scène de nos
opéras », qui n’a jamais été de l’art, et qu’il a en horreur. « Mais, lorsque tout le corps devient un moyen d’expression
vraie
, alors,
je crois qu’il n’est rien de plus beau ». Il est très enthousiaste et pense qu’il ne faut rien changer à sa mise en scène, qui lui paraît
parfaitement réglée. Mais la musique de la 6
e
porte est si courte qu’il serait prudent de faire faire des anneaux spéciaux « qui soient
très faciles à enlever, pour ne pas déborder sur la scène suivante ». Elle a admirablement compris le drame : « J’ai en effet essayé
d’exprimer une
détente
, une dépression presque
humaine
de cette déesse devant l’amour qui se présente enfin à elle. C’est très
bien d’avoir compris cela. Et puis, dans
la Marche
qui termine le morceau, c’est de nouveau le hiératisme extatique […] qui prend
le dessus ». Il donne des indications pour l’éclairage de cette scène : il faudrait « en même temps que l’action se chauffe, graduer
la lumière ; presque l’obscurité au commencement, avec seulement des accrocs de lumière (par projections) sur les mille pierres
précieuses de la tiare et du vêtement d’Istar, mais tout le reste noir, et ça s’éclaire peu à peu, à mesure qu’elle se dévêt, comme si
c’était de son corps que vient la lumière »…
25 avril
. Il va arriver à Paris pour la répétition avec orchestre, « car je serais heureux
de donner dès la première répétition, toutes mes indications à M
onteux
 »…
Paris 10 mai
. Il félicite sa « chère Natacha (supprimons
le pro-to-co-le, voulez-vous ?) » : « Il y a eu des choses tout à fait bien à la fin d’
Istar
où vous avez été vraiment très déesse et
très femme ensuite »…
Boffres 9 juillet
. Pris par les examens de ses élèves, il n’a pu aller la voir : « je ne vous en reste pas moins
reconnaissant de ce que vous avez aimé et compris mon
Istar
. […] Je suis maintenant dans ma montagne solitaire, à 800 mètres au
dessus de la mer, dans un pays froid, brumeux mais bien beau et plein de poësie, et que j’aime ».
Paris
janvier-février 1912
. Il est pris par ses examens, des répétitions, etc.
Dimanche matin [11 février]
. « Pour
Istar
, j’ai
toujours pensé que, du moment que les 7 portes sont impossibles, il ne faut mettre
qu’une seule
porte, qui servira pour toutes,
et alors, bien la soigner : des blocs mégalithiques et rien du tout du Hammam ! »…
Samedi matin [23 mars]
. Il apprend que les
concerts sont fixés vers le 20 avril : « Mais moi à ce moment là, je ne peux pas ! Je ne serai pas à Paris, ayant un concert arrangé et
retenu depuis plus de
six
mois à la date du 21 avril ! […] je ne vois pas trop qui je pourrais charger de diriger
Istar
, et j’éprouvais un
grand plaisir de penser que je
vous
conduirais dans vos rythmes. C’est la vraie guigne ! »…
25 mars
. Cette date de la première au 20
avril ne lui convient pas du tout ; il cherche des solutions : remettre la première, et donner à la place « vos Schubert […] que Dukas
dirigerait, et donner
Istar
le soir du 22, avec une répétition d’orchestre ce jour là après midi »…
15 avril
. Il demande des places pour
sa famille, et évoque la répétition de mercredi : « je compte que nous travaillerons beaucoup et que tout sera ainsi définitivement
fixé »…
3 mai
. « Ce n’est pas à vous, c’est à moi à remercier, parce que vous n’avez pas idée comme ces représentations avec leur
travail et leur ambiance m’ont été agréables – c’était amusant comme tout et j’aurais continué jusqu’à plus soif ! je voudrais
beaucoup aussi vous parler de ce que vous
devez
faire en Art. Ce n’est pas des “pointes” […] c’est imbécile, tandis que la belle
mimique, c’est noble et grand »... Etc.
O
n
joint
2 L.A.S. du comte de B
ecdelièvre
d
’I
ndy
, 4 et 21 mai 1912, à propos de la Société de S
te
Marguerite les Bains.