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215.
Paul LÉAUTAUD
(1872-1956). L.A.S. « Maurice Boissard », 11 décembre 1911, [à Mme Natalia T
rouhanowa
] ;
1 page in-8 à en-tête et vignette du
Mercure de France
.
200/250
Il a été bien surpris en recevant sa lettre : « Je ne suis pas vain de ma nature. Je veux bien croire que mes bavardages du
Mercure
puissent amuser quelques gens ça et là. Mais qu’ils aient pu plaire à une artiste et à une artiste célèbre comme vous, et que vous
ayez pris la peine de me le dire, voilà bien pour moi une nouveauté. Je vous supplie toutefois de ne pas exagérer mon mérite.
J’écris pour dire ce qu’il me plait, ce que je pense, ce qui m’a touché ou déplu, le tout en ennuyant le lecteur le moins possible.
Vous voyez que tout cela est bien simple »…
Reproduction page 73
216.
LITTÉRATURE
. 34 L.A.S. adressées à la danseuse Natalia T
rouhanowa
.
150/200
Léon B
ailby
(2), Jules B
ois
, Jean de B
onnefon
, Gaston C
hérau
(2), J.-L. C
roze
, Lucien D
audet
, Maurice D
onnay
, Robert
de F
lers
(4), Henry de F
orge
(2), Paul H
ervieu
, Charles
-
Henry
H
irsch
, Pierre L
alo
(4), Jean M
arnold
, Charles M
éré
, Pierre
M
ortier
, Fernand N
ozière
, Georges de P
orto
-R
iche
(2), Victorien de S
aussay
, Jean V
ariot
(3), W
illy
, etc.
217.
Jean LORRAIN
(1855-1906) écrivain. 7 L.A.S. et 13 L.S. (avec corrections et additions autogr.), la plupart de Nice
1905-1906, à Natalia T
rouhanowa
 ; 39 pages formats divers, dont 2 cartes postales, 2 avec sceau de cire dorée.
1.000/1.500
B
elle
correspondance
amicale
et
artistique de
la
fin de
sa
vie
, qu’il passa principalement à Nice. La plupart des lettres sont
dictées à son secrétaire Moulard (2 à sa mère). Jean Lorrain a écrit pour Natalia Trouhanowa l’argument du ballet
La Mariska
,
qu’elle a chorégraphié et dansé sur une musique de Louis Narici (Monte-Carlo 28 avril 1905).
Nice 26 février midi [
1905
]
 : « L’heure du soleil, l’heure où votre lumineux souvenir s’impose ». Il lui donne rendez-vous le
1
er
mars à l’Hôtel Royal, où il lui apportera
Le Vice errant
et
La Mariska
5 mars
. Navré qu’elle soit venue de Monte Carlo en son
absence, il ira la voir lundi et lui envoie « l’hommage d’une sympathie à peine âgée de huit jours et déjà très profonde »…
9 mars
.
« Toutes les malchances, tous les malheurs : un démon veut que ne nous rencontrions pas ». Il lui donne rendez-vous chez lui : « Je
signerai votre
Vice errant
que je n’ai pu apostiller […] et vous lirai enfin cette
Mariska
 »…
Cannes 15 mars
. Il n’est pas allé à Monte
Carlo hier soir : « Quand on a vu C
haliapine
dans
Mefistofele
, on ne va pas voir
Amica
. Vous verrais-je ce soir à
Carmen 
? » Il est
venu se réfugier à Cannes : « l’air y est plus pur qu’à Nice, moins saturé de l’horrible et basse atmosphère de lucre et de galanterie
d’Aix les Bains et de Monte Carlo […]. J’ai ce matin une âme de pirate, voilà pourquoi ma pensée est avec vous, jolie nomade dont
l’esprit de race pétille dans les yeux ». Il l’invite à Nice : « venez avec C
alvé
, et amenez-moi C
haliapine
 »…
Nice 21 mars
. Il l’a
regrettée toute la nuit, car la fête était très réussie : « jamais je n’ai vu d’aussi jolies femmes dans un cadre aussi somptueux de soies
et de fleurs, c’était une joie, une caresse pour les yeux, et quels merveilleux costumes ! […] L’âme russe, vous ne vous doutez pas
combien j’ai souvent l’âme russe ; des fantaisies, des caprices, des boutades, et tout-à-coup en plein plaisir ou en plein désir une
lassitude et un écœurement excédé qui me fait envoyer tout promener. Ainsi ce soir, j’ai du monde à dîner et je vais à l’Opéra,
je viens de faire dire à mes invités que je suis malade, que je reste couché et que je ne descendrais qu’au dessert, c’est la vérité ;
la fatigue nerveuse de ma lecture m’a brisé. Avec cela, j’ai une folle envie de faire la débauche et, s’il y avait auprès de chez moi
un bouge où il y aurait des filles nues dansant avec des matelots, je suis sûr que j’irais, mais les diamants des belles dames titrées
m’embêtent. Je suis, comme vous le voyez, très slave et je pourrais quelquefois m’appeler Noronsoff ». Quant à C
haliapine
, « il
m’est tout à fait indifférent qu’il soit flatté de mon admiration, mon égoïsme est amplement satisfait de l’admirer sans réserve. Je
baise vos mains qui prennent et vos pieds qui dansent ; un rêve est en eux, un charme est en elles, les mains ont des baisers, et les
pieds ont des ailes »…
24 mars
. Il annule sa visite à Monte-Carlo, recevant à déjeuner Mme H
églon
et Xavier L
eroux
. Il la verra
au théâtre  « car je ferai l’impossible pour aller voir C
haliapine
dans
Méphistofélès
 »…
25 mars
. Il n’ira pas applaudir Chaliapine ce
soir, s’étant couché tard pour aller entendre son amie Mme H
églon
dans
Rolande
 : « toute dépense nerveuse est suivie chez moi
d’une dépression de force extraordinaire, ce sont des lassitudes et des prostrations auxquelles je dois céder sous peine de désordres
nerveux les plus graves »…
3 avril
. « On me donne encore en représentation […] quel jour voulez-vous venir ? Je vous réserverai
une loge »…
4 avril
, pour inviter M. C
omte
-O
ffenbach
à la 3
e
représentation de son spectacle à Nice : « je serais tout à fait enchanté
de lui plaire et peut-être une de mes pièces aura-t-elle la chance de lui plaire et d’être montée l’an prochain au Beaux Arts »…
Mardi soir
. Il a vu répéter le 1
er
acte de
Jadis
, et a aperçu « les danseuses bohémiennes sur scène et dans leur loge, mais vous, je ne
vous ai pas vue. […] Je désespère de vous rencontrer, un daïmone nous sépare »…
23 avril
. Il viendra dîner accompagné de son ami
Louis B
ertrand
, « un écrivain du plus grand talent et qui, dans le
Rival de Don Juan
, a consacré à la danse et à une danseuse des
pages inoubliables. Vous avez été la volupté même à la répétition »…
Le Boréon 13 août
 : « Votre doux souvenir vient me joindre
dans les altitudes et les solitudes où je me refais les moelles et les poumons. 1500 m au dessus de la mer, j’habite une amène
maison forestière où l’on ne parvient qu’à dos de mulet, […] je vis dans les cimes et les nuées à l’ombre des forêts et au bruit des
torrents »…
Paris 21 septembre
. Il sait qu’elle va débuter au Moulin-Rouge « et que vous allez continuer ici cette marche triomphale
inaugurée par vous dans
Mariska
 ». Il répète tous les jours à la Bodinière…
5 octobre
. « Je monte toujours très tard au Moulin-Rouge
et accompagné ». Il tente de faire remonter pour elle
La
Princesse au Sabbat
, et souhaite savoir quels mois elle sera disponible…
Paris, Hôtel du Quai Voltaire 
: « Merci de ce que vous me dites du
Crime de riches
, on répète justement à la Bodinière deux actes
tirés de la
Nouvelle aux Vampires
et l’on reprend mon
École des Jeunes Filles
[…] au Grand Guignol, le même soir que vous dans la
Mariska
, c’est dire si je suis surmené »…
Nice 15 décembre
. Il vient d’apprendre son retour dans
La Mariska
à Monte-Carlo mais
ne peut y aller : « je viens d’être très, très malade […] abominablement souffrant, 15 jours couché »…
… /…