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187.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Paris Lundi 28 mai 1877, à la princesse T
roubetzkoï
 ; 1 page et demie
in-8 ; en français.
2.000/2.500
Il part demain pour la Russie, et lui promet une lettre détaillée de Saint-Petersbourg... « Mais je ne veux pas quitter Paris sans
vous avoir remerciée pour les bonnes paroles que vous m’avez dites et pour le fragment de lettre de votre chère et regrettée fille
que vous me communiquez. – J’en ai été profondément ému... toucher ainsi une âme telle que la sienne – il n’y a rien au delà pour
tout homme qui tient une plume.... Encore une fois – merci »... Puis il commente la situation en France, après la crise du 16 mai :
« Je ne suis pas complètement découragé – mais j’avoue que je vois l’avenir sous des couleurs assez sombres... surtout ici : en
France. – Les cléricaux sont les maîtres : ils le prouvent – et le prouveront encore plus, en perdant le pays. Nous reparlerons de tout
ceci – mais quand je vous verrai – au commencement du mois d’Aout – rien ne sera décidé... à moins que – Enfin nous verrons »...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 147).
188.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Spasskoïé (gouvernement d’Orel) Jeudi 27/15 mai 1880, à la princesse
T
roubetzkoï
 ; 3 pages in-8 ; en français.
3.500/4.000
B
elle
lettre
sur
la
R
ussie
,
sa
difficulté
à
écrire
et
la mort
de
F
laubert
.
Il se retrouve dans son « vieux nid » après trois mois à Pétersbourg et une semaine à Moscou, où il va retourner pour les fêtes
de l’inauguration de la statue de P
ouchkine
 : « j’aurai même à prononcer le 25 un discours, que je viens d’achever à la sueur de
mon front – et dont je suis assez peu content ». Il cite
Faust
à ce propos, puis avoue : « j’ai absolument perdu l’habitude d’écrire.
C’est même pour savoir au juste, si je dois me livrer encore à cet exercice, que je suis venu en Russie, ne pouvant résoudre cette
question pendant mon séjour à l’étranger. Eh bien ? me demanderez vous, l’avez vous résolue, cette question ? – Je n’en sais, ma
foi, rien [...]. Ce n’est pas l’abondance d’impressions qui me manque – et de toutes sortes ; j’en suis plein comme un sac – mais je
ne sens en moi aucun mouvement de réaction, de crystallisation – sans lequel toute œuvre litteraire est impossible. – C’est par là
même qu’elle commence. – Sans cela – le sac le plus plein n’est qu’une outre vide »...
« Que vous dire de la Russie ? – Il faudrait pouvoir parler pendant des heures [...] dans les hautes sphères gouvernementales
dégel
 ; en bas :
boue
. Le dégel ne sera-t-il pas remplacé par un froid subit ? – Cette boue est-ce la boue féconde du printemps qui
fait pousser l’herbe nouvelle ? »...
Il parle de sa goutte, et termine tristement : « J’ai été bien profondément affligé de la mort de F
laubert
. – Il a été un des êtres
humains, que j’ai le plus aimés au monde »...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 150).
Reproduction page 85
189.
Paul VERLAINE
(1844-1896). 2 L.A.S. « P. V » dont une avec
dessin
, Londres mai-juin 1873, à son ami Edmond
L
epelletier
 ; 1 et 2 pages in-8.
7.000/8.000
R
etour
à
L
ondres
avec
R
imbaud
.
Londres 29 mai
. ... « arrivé ici avant-hier matin d’Anvers. Une traversée de 15 heures, inouïe de beauté : d’ailleurs je ne suis
jamais malade en mer. Je te jette ceci vite à la poste pour te donner mon adresse et recommander Gustave [
Romances sans paroles
] à
tes soins : écris m’en vite, et presse l’ouvrage. Dès que les intentions de l’imprimeur seront connues,
macte animo generose puer
 ».
Il donne son adresse : « 8, Great College street, Camden Town, N. W. »
[
Vers le 20 juin
]. ... « Que devient Gustave [
Romances sans paroles
] ? Je ne vois pas pourquoi la politique pourrait nuire à ce
frêle garçon, voué d’avance à une vente
spéciale
et rare, partant ». Il donne « des leçons de french, ça me rapporte quelque chose
comme 100 fr, 150 fr par mois. C’est toujours ça et ça tue l’ennui. Grand point. Quoi du référé ? » Il prie Lepelletier de lui envoyer
« au moins 1 de mes trois volumes [...] ici, pour les leçons de littérature by a poët (sic) c’est la meilleure référence auprès des toqués
qui vous paient une demi-livre (12 fr.50) une leçon de versification et de “finesses” poëtiques »...
Au verso,
dessin
à la plume représentant « Le Shah
de visu
 », qui ressemble « à ce pauvre M
r
de la Chauvinière ». Verlaine ajoute :
« Ici, très-agréables troupes françaises Desclée, etc. – Les artistes de M. Humbert, de Bruxelles, tout le répertoire d’Offembe,
Hervé, Lecoq, etc. »...
Ancienne collection Jean H
ugues
(1998, 72).
Reproduction page 89