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Wood, etc., témoignent de la piètre estime dans laquelle était tenu le Régent : pusillanimité, conduite perverse, imprudente et
incorrigible, fréquentations indignes, pierre de meule autour des cous de son peuple… Cela n’empêche pas Miles de préparer une
supplique au prince pour être employé, n’importe où dans le monde (15 mars 1812)… Il recoit, et transmet au colonel McMahon, le
26 avril 1812, une analyse des forces du régime de Napoléon écrite par Ernest de Hennings, à Vienne : Napoléon « dans ce moment
rassemble 250,000 hommes en Allemagne, à la tête desquels se trouve son genre, et les meilleurs capitaines de tous les siècles. Il a
plus de 200 millions dans son trésor, et toutes les places fortes de l’Europe sont entre ses mains. La lutte sera terrible, mais l’issue
n’en est pas douteuse et nous ne porterons que des chaînes plus lourdes encore, si l’Angleterre continue à intriguer en Russie, et
qu’elle employe tous ses moyens pour gagner Alexandre. Elle a tort, elle n’y gagnera rien, et courrera peut-être elle-même dans sa
propre ruine. Si vous avez quelques amis en place, faites-le-leur sentir » (25 octobre 1811)… D’autres échanges avec Lord Melville,
John Wheeble, Thomas Rice, Charles Flint, etc.
321.
MILITAIRES
. Environ 300 lettres ou pièces, la plupart L.A.S., L.S. ou P.S. de généraux et maréchaux de la Révolution
et de l’Empire, d’amiraux et d’officiers, dont plusieurs congés ; nombreux en-têtes et vignettes.
800/1.000
Andreossy, Aubert-Dubayet, Aubrée, Augereau, Augier, Avrange d’Haugeranville, Balland, Beaufort, Beaupuy, Berthier, F.
Bessières, Beurmann, P. Boyer, Bruneteau Saint-Suzanne, Callier, Campredon, Canclaux, Casabianca, Chambarlhiac, Championnet,
Charpentier, Clarke duc de Feltre (4), Custine, Daure, Dejean, Dembarrère, Desdorides, Desvaux, Dièche, Donzelot, Drouet
d’Erlon, Drut, Dufour, M. Dumas, Dupont, Eblé, Fiorella, Fleurieu, Foubert de Bizy, Foy, Gardanne, Gassendi, P. Gauthier, Gilot,
Gouvion Saint-Cyr, Gratier, Grigny, Hulin, Jacob, Kellermann, Lamer, Alex. Lameth, Landremont, Lemarois, Leval, Liébert,
Lorge, Maison, Marescot, Marulaz, Menou (3), Merle, Michaud, Michaud d’Arçon, Minot, Montrichard, Nagle, Nicolas, Nielly,
Pache, Parra, Petiet, Perignon, Pille (3), Préval, Quesnel, Reed, Reynier, Richepance, Romand, Rogniat, Ruffin, Saint-Hilaire,
Santerre, Schauenburg (3), Scherer, Schouvaloff (4), Ségur, Soult duc de Dalmatie, Soyez, Teste, Truguet (3), Valette, Vallier La
Peyrouse (4), Varin, Victor duc de Bellune, Vignolle, Voillot, Wimpffen, etc.
Congés et certificats, feuilles de route, billets de sortie d’hôpital, extraits mortuaires ; lettres et pièces de commissaires des
guerres ; nombreuses lettres de soldats, etc.
322.
Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU
(1749-1791). L.A., Lundi matin [juin 1784], à C
HAMFORT
;
3 pages et demie in-4.
2.000/2.500
T
RÈS
BELLE
LETTRE
DE
M
IRABEAU
AU MORALISTE
C
HAMFORT
.
Il a eu un accès de fièvre sans gravité : « toute fievre chez moi est nervale. Au reste le corps est bon, et si bon que les secousses
physiques ne l’effleurent pas même ; mais le mal moral, les angoisses, les dénis de justice, l’amitié blessée ou trompée, les choses
qui m’affligent ou m’indignent trouvent le défaut de la cuirasse. Partout ailleurs qu’au cœur, je suis invulnérable »… Il a un
nouveau logement rue de la Roquette : « Depuis que j’habite les faux-bourgs, et que je suis en vue de la Bastille, l’inquisition
dédaigne mes lettres. […]. N’avez-vous pas peur, mon Ami, que sous les créneaux et machicoulis de la bastille, je ne change
beaucoup d’opinions, de principes et de style ? Ma première lettre de cachet a fait naître un ouvrage sur la Corse qui pour l’âge de
dix sept ans où il a été écrit, vous paroîtroit un singulier hommage à la liberté. La seconde m’a fait écrire l’essai sur le Despotisme.
Vous savez ce que les autres ont produit. En vérité, je crois qu’il est raisonnable qu’ils me laissent en repos ; car si jamais quelqu’un
eut des symptômes d’impénitence finale, c’est moi. – Mais vous, vous l’élève des arts et des théâtres ; vous à qui la nature avoit
donné tous les genres d’esprit, mais non pas tous les goûts ; vous qu’elle avoit entouré et pénétré de séductions ; que vous ayiez
conservé avec les graces d’Epicure, le caractère de Caton ; que vous ayiez deviné la liberté, à Paris et à Versailles, que vous l’ayiez
conquise ; que vous ayiez créé la vraie, la pure, simple et substantielle philosophie du citoyen ; c’est un phénomène auquel je ne
suis pas encore accoutumé »…
Il ira dîner chez A
SPASIE
[une maîtresse de Chamfort] : « j’y verrai plus clair en sortant. Je sais déjà que certainement et
très certainement ses illusions n’appartiennent point à l’abandon de l’amour. […] Elle parle abandon d’amour et d’ivresse quand
il y a des tiers ; jamais en tête à tête avec moi ; elle en parle et ne s’enivre que d’eau froide »… Mais il s’ennuie du « métier de
temporiseur », et il ne souffrira pas « qu’un homme de mérite, qu’un homme fort, qu’un homme vertueux qui, n’éatnt plus
dominé par la fievre des sens ou de l’imagination, ne pouvoit vouloir descendre à Aspasie que pour l’élever à lui, soit la dupe d’une
coquette. Si elle n’est que cela, il faut donc qu’elle soit démasquée plutôt que plutard »...
Il encourage son ami dans son travail : « les deux anecdotes que vous me racontez, toutes deux neuves et piquantes, me
prouvent que la
traduction
est devenue votre pensée habituelle et que vous la portez dans vos promenades et jusque dans vos
lectures ». À propos de « la théorie corruptive des idées féodales », il observe que « si le code des bienséances féodales a corrompu
jusqu’aux sentimens de la nature en mêlant l’hommage dû au rang à l’expression du respect pour la paternité, il a fait bien pis ; il a
corrompu le respect dû à la paternité en y substituant les égards du père pour le rang des enfans. Vous en connoissez vingt preuves
anecdotiques, et le foible de Turenne pour l’aîné de sa maison étoit-il autre chose qu’une déviation de l’absurdité monstrueuse que
je vous dénonce ? » Il insérera cette observation dans leur ouvrage, et attend ses notes et instructions qu’il suivra « avec plus de
soumission que Démocrite [Chamfort] ne suit les miennes pour Aspasie »… Il engage Chamfort à venir le voir…