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356.
Jean SOANEN
(1647-1740) prélat, prédicateur oratorien, évêque de Senez, suspendu pour jansénisme par le Concile
d’Embrun et exilé à la Chaise-Dieu. 17 lettres, soit 6 L.A.S., 1 L.A. et 10 L.S. (plusieurs en partie autographes ou avec
ajouts autographes), signées « Jean Eveque de Senez prisonnier de Jesus Christ », La Chaise-Dieu 1733-1740, à Madame
de S
ÉGUR
, abbesse de l’abbaye royale du Val de Gif ; 50 pages in-4 ou in-8 (découpes à 2 lettres).
1.500/2.000
I
NTÉRESSANTE
CORRESPONDANCE
DE
DIRECTION
JANSÉNISTE
DU
VIEIL
ÉVÊQUE
EN
EXIL
À
L
ABBESSE
DE
G
IF
. Dans cet ensemble de 17
lettres, l’évêque « prisonnier de Jésus-Christ » témoigne de sa foi profonde et passionnée et d’un prosélytisme fervent. Marie-Anne-
Françoise de S
ÉGUR
(1697-1749), entrée à six ans et demi à l’abbaye de Gif, bastion janséniste, en deviendra abbesse en 1733 après
la mort de Mme de Béthune d’Orval, dont elle était la coadjutrice ; son frère Jean-Charles de Ségur (1695-1748), évêque de Saint-
Papoul en 1723, démissionna de son évêché en 1735 pour revenir au jansénisme et se retirer à l’abbaye de Gif
14 février
1733
. Longue lettre disant son union de pensée et de prière avec les religieuses, « vierges sacrées, qui non contentes
d’être les épouses du Seigneur et de s’etre enfermées volontairement pour lui par leurs vœux, desirent encore d’être reelement ses
captives et ses martyres par leurs souffrances », et qui l’ont choisi « pour leur Père adoptif » ; c’est une grande consolation après
« le schisme déplorable de mes pauvres filles de Castellane, qui après une fidélité édifiante durant quelques années ont été vaincues
par la terreur ou la séduction » ; il fustige cette «
Theologie nouvelle
où l’on a la hardiesse de nous enseigner impunément le maudit
secret de commettre les plus grands pechez sans offenser Dieu mortellement ». Il exhorte les sœurs de Gif à s’associer à sa cause…
23 novembre
. Il remercie l’abbesse de ses bienfaits et de son soutien, et de son zèle pour la cause de Dieu… « c’est aujourdhuy la
vertu du tems de n’etre touché des plus pesantes charges, ni des plus grandes playes de l’Eglise ». Il demande au Seigneur « quil vous
remplisse de plus en plus de son esprit, que toutes les graces de votre saint voisinage soient recueillis dans votre saint monastere, et
que Gif puisse remplacer Port-Royal »…
22 décembre
. Après avoir évoqué le souvenir de la mère abbesse qui vient de mourir (Mme
de Béthune d’Orval), Soanen donne des conseils à la nouvelle abbesse pour l’exercice de sa charge, et prie « pour demander à Dieu
que votre accroissement de dignité vous rende toujours plus humble, votre fardeau plus fervente, votre abondance plus pauvre, et
qu’à l’imitation de J.C. les croix attachées à votre état vous le fassent aimer plus que ses honneurs »...
29 janvier
1734
. Il remercie pour l’envoi de l’éloge funèbre de la Mère Abbesse. « Vous voila donc, Madame, chargée d’un poids
qui doit faire trembler par le vue de sa pesanteur et de vos engagemens »…
15 avril
. Il regarde sa disgrâce à la fois comme un très
grand honneur et comme « un véritable châtiment de Dieu »… Il prend alors la plume pour parler de leur espoir de convertir à leurs
idées « l’illustre frere » (Jean-Charles de Ségur, évêque de Saint-Papoul, frère de l’abbesse) : « on se flatte souvent d’une esperance
trompeuse dans l’episcopat de s’y sauver quand on a pratiqué deux ou trois devoirs essentiels, pendant qu’on en viole une centaine
d’autres, dont un seul suffit pour notre damnation »...
4 août
. Il se réjouit de la possible conversion à leurs idées de l’évêque de
Saint-Papoul : « Quand elle sera accomplie, connue et soufferte, ce sera un miracle entre les miracles. […] Je ne puis assez louer le
Monsieur d’avoir consulté d’habiles maitres dans la veritable science de Dieu et d’attendre humblement leur decision avec une forte
volonté de s’y conformer »…
28 septembre
. Il se réjouit de la conversion du frère de l’abbesse : « Je ne puis assez benir Dieu de ces
heureuses et sages demarches qui ont deja édifié la Province, mais sur toutes choses tachez de lui donner de la confiance en la piété et
le prudence de Mr [nom biffé] qui est presque à sa porte et avec qui il sera aisé d’entretenir un commerce secret. C’est un de mes plus
prétieux amis et a qui l’on peut se fier pour les plus saintes et les plus grandes entreprises »...
17 novembre
. Il lui transmet la lettre
que lui a adressée son frère : « j’ai présenté à Dieu cette lettre sur l’autel et je m’assure que vous le ferez encore mieux que moi »...