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consiste l’indépendance ; puis, la dépendance, ses degrés, ses modalités etc. On peut faire cette analyse de bien des façons ; elle
dépend de la profondeur ou finesse d’actes psychologiques incommensurables. Il y a aussi la grosse question du langage, des
apparences qu’il donne à la pensée etc. »… Il est surchargé d’occupations et ne pense pouvoir venir demain soir, « incapable de
suivre autre chose que les inflexions invincibles de mon sommeil ». Il a écrit sa lettre « de la Banque de France où je me débats dans
les difficultés d’une pédante administration »…
159.
Paul VALÉRY
. L.A.S., Vendredi [vers 1920-1925], à son ami le Dr Samuel K
ESSEL
(père de Joseph) ; 1 page et demie
in-8.
400/500
Intéressante lettre littéraire sur Edgar P
OE
et Victor H
UGO
. « En fait de P
OE
, je n’ai que ses œuvres mêmes, rien de biographique ».
Il conseille l’étude d’André F
ONTAINAS
où il y a « un document capital pour vous, médecin mythomanologue. C’est la lettre où
Poe confesse et explique sa dipsomanie. Faites donc une théorie, ô Kessel, des
Consolants
. Vous-même parlez des anesthésiques
moraux. Montrez le domaine général de ces moyens de compensation de la sacrée vie. Mais pourquoi me dites-vous : adversaire
invétéré de V. H. ??? J’en use avec V.H. comme avec toute chose : je distingue ! Mais adolescent je m’en suis gavé – et je relisais
toujours
Le Rhin
avec une étrange constance. S’il fût né 40 ans plus tard, c. à d. s’il fût venu après la vague de vague qui va du 18
me
à 1860, cet artiste fabuleux étant créé et mis au monde pour bouleverser et achever toute poésie française – nous eût laissé tout
ce qu’il fallait pour nous taire après lui. Et quant à mon obscurité… produit nécessaire, inévitable d’un esprit qui se croit
clair
»…
160.
Paul VALÉRY
. L.A.S., Samedi [1921], à « Mon cher confrère » [Joseph K
ESSEL
] ; 2 pages et demie in-8.
400/500
Il félicite le jeune auteur de
La
Steppe Rouge
pour son premier ouvrage (Gallimard 1921), et « aussi l’auteur de l’auteur » [son
père Samuel Kessel, qui avait étudié avec Valéry à Montpellier] :« le livre est beau. J’y trouve l’épouvante et l’angoisse toutes nues,
et toute la force d’une vérité actuelle et incroyable. Il y a aussi les qualités des deux littératures que vous devez posséder. Il y a la
vie – ou la mort, – et la mesure. L’horrible et étrange histoire du bolchevisme, sa naïveté ensanglantée, la sensation d’une terrible
simplification intervenue dans un monde peu éloigné, contemporain, et presque incompréhensible… Vous avez donné tout cela
dans ces morceaux remarquablement sobres et retenus ». Il le remercie de lui avoir envoyé le livre, où il a trouvé « une carte de
votre excellent père qui m’a fait le plus grand plaisir. Mes souvenirs de Montpellier, au temps lointain où nous agitions bien des
idées, en compagnie de Kolbassine [Eugène K
OLBASSINE
, dédicataire de
La Soirée avec Monsieur Teste
], me sont très chers, et même
ils le sont de plus en plus. L’âge le plus fervent doit demeurer le plus précieux »…
161.
Paul VALÉRY
. L.A.S., Mercredi [16 octobre 1924], à H.R. Joute, maître d’internat au collège de Meaux ; 1 page in-8,
adresse.
300/400
« Les mêmes raisons qui font trouver que mes livres sont chers m’ont contraint de les faire tels. Je ne pouvais compter
sagement que sur un petit nombre de lecteurs, auquel il fallait bien que je demande un peu de ce que la quantité apporte à des
auteurs plus lisibles et plus féconds que moi. Mais
Eupalinos
dans un mois, et mes autres vers un peu après, reparaîtront pour tout
le monde, je veux dire pour les personnes comme vous et moi, qui passent leur vie à reconnaître leurs limites »…
162.
Paul VALÉRY
. D
ESSIN
à la plume et lavis avec rehaut de rouge, signé en bas à droite « PV » ; 14 x 12 cm (encadré).
800/900
M
ARINE
. Beau dessin représentant un bateau avec ses deux cheminées de couleur rouge, incliné sur une mer agitée ; sur la
droite, un petit voilier.
163.
Félix VALLOTTON
(1865-1925). L.A.S., Honfleur 17 août 1917 ; 2 pages in-8 à l’adresse
Beaulieu, Chemin de la
Croix Rouge, Honfleur (Calvados)
.
400/500
Il a appris par les journaux « que les toiles de guerre rapportées par les peintres chargés de missions devront passer devant
un Jury avant d’être exposées. Est-ce sérieux ?... Et va-t-on nous obliger, nous, vieux barbus de cinquante ans, à cette plutôt
humiliante formalité ». S’il avait su cela plus tôt, il n’aurait pas fait un envoi aussi important : « je me serais borné à une toile, ce
que je fais toujours lorsqu’il y a un jury ». Il espère que son correspondant profite, hors de Paris, « de ce temps divin qu’on appelle
été. Ici on prend son courage et son caoutchouc et on attend. […] J’ai lu aussi qu’on nommerait désormais les peintres pour les dites
missions, d’office. Inutile de dire que je reste candidat ».
164.
Kees VAN DONGEN
(1877-1968). L.A.S., Paris [13 février 1926], au Secrétaire général des établissements Volterra ;
3/4 page in-8, adresse.
200/300
« Avec plaisir nous assisterons (deux personnes) au Bal de Lundi au Théâtre Marigny à l’occasion du 100
e
de
Monsieur
Beaucaire
»… O
N
JOINT
une photographie du peintre pour ses 90 ans (27 janvier 1967), « portant un toast à sa femme qu’il appelle
Princesse » (16,8 x 24,5 cm, légende ms au dos).