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Un des livres clés des Lumières, à l’origine de l’abolition de la torture
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[BECCARIA (Cesare)].
Traité des délits et des peines
, traduit de l’italien [par l’abbé André Morellet],
d’après la troisième édition, revue, corrigée et augmentée par l’auteur. Avec des additions de l’auteur,
qui n’ont pas encore paru en italien.
Lausanne, 1766.
Relié avec :
MUYART DE VOUGLANS (Pierre François).
Réfutation des principes hasardés dans le Traité
des délits et peines,
traduit de l’italien.
Lausanne & Paris, Desaint, 1767.
2 ouvrages en un volume in-12 de XXXI, 286 pp. ; 118 pp., (1) f. : veau brun moucheté, dos à nerfs
fileté or, pièce de titre de maroquin rouge, double filet or encadrant les plats, tranches jaspées
(reliure
de l’ époque)
.
Édition originale de la première traduction française, par l’abbé Morellet.
Ouvrage révolutionnaire, commenté avec enthousiasme par Voltaire.
Paru pour la première fois sous le voile de l’anonyme à Milan en 1764, le
Traité des délits et des peines
propose “une réforme globale de la justice et du droit pénal inspirée par le droit naturel. Partant d’une
conception contractualiste de la société, [Beccaria] en déduit une théorie des peines où les crimes
doivent être jugés en fonction du dommage qu’ils créent à la société et non de la transgression d’un
dogme. (...) Pour réduire l’arbitraire de la justice, il limite le pouvoir du juge. (...) Il distingue le droit et
la morale, refuse de punir l’intention, individualise la peine et pose le principe de la proportionnalité
entre les délits et les peines” (
Lumières ! ,
BnF, n° 197).
L’ouvrage eut des répercussions importantes : il poussa notamment Louis XVI et bien d’autres
souverains européens à supprimer l’usage de la torture.
On a relié à la suite la réfutation de Pierre François Muyart de Vouglans (1713-1791),
“ce vieux criminaliste qui n’aime pas Beccaria” selon le mot de Mme Roland.
Ancien avocat au Parlement de Paris, ce “partisan d’un absolutisme rigoureux, apologiste d’un
christianisme confondu avec le seul catholicisme, (...) chercha à protéger le champ positif du droit pénal
qu’il pratiqua contre les offensives de la critique philosophique, creuset de l’athéisme et de la subversion
politique minant l’ordre social. (…) Muyart prétend que la douceur des châtiments génère l’irréligion
et le crime. A ses yeux, l’intimidation par le choc thérapeutique de la peine doit l’emporter sur la
modération. Celle-ci traduit le projet criminel des philosophes cherchant, au nom de l’“indulgence”,
à discréditer l’appareil de justice et à pousser les juges au laxisme. En conséquence, une pénalité sévère
et rigoureuse garantit l’ordre public et les hiérarchies sociales nécessaires à l’absolutisme de droit divin”
(Michel Porret,
Muyart de Vouglans versus Montesquieu
in
Revue Montesquieu
I, pp. 65-76).
Bon exemplaire en reliure du temps.
(
Printing and the Mind of Man
, n° 209 : “One of the most influential books in the whole history of
criminology.”- Bibliothèque royale,
Diderot et son temps,
1985, nº 175 : “Cette adaptation déplut à
Grimm et à Diderot, mais elle obtint l’accord et les éloges de Beccaria. Ce dernier se montra très
sensible à l’accueil favorable des idées de son livre parmi les philosophes français.”)
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