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[POLICE].
Dossier de 30 lettres ou pièces,
1715-1803.
Curieux ensemble.
Lettres de Voyer d’Argenson (mouill.), de Target sur sa conduite (1772), du lieutenant de police Lenoir
(1775, au sujet d’une plainte contre un marchand de vin ; 1776, sur une fille de débauche conduite à la
Salpêtrière ; 1784, au sujet d'une saisie) ; lettres concernant une dame dotée de deux sexes qu’on veut montrer
à la comtesse du Barry (1772) ; lettre du librairie Panckoucke, avec prospectus d’un ouvrage scandaleux :
Les Petits Soupers et les Nuits de l’Hôtel-Bouillon
… (Londres 1782) ; surveillance de prostituées, dont Zémir
fréquentée par Mgr de Roquelaure évêque de Senlis ; protestations du marquis de Beaupoil Saint-Aulaire
contre son arrestation (1788) ; rapports de police et correspondances concernant l’arrestation du S. de
Belleville des Aubus se disant chevalier Billiotty, pour sédition dans le faubourg Saint-Antoine (mai-
juin 1789), avec déclaration du chanteur de rue Toppin ; documents concernant les Incurables ; arrestation
d’une dame Marguerite Brunet transportant des brochures (1789), etc.
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[POLICE DE PARIS].
Manuscrit,
Mémoire sur l’administration de la police en France
, contenant les éclaircissemens
demandés à ce sujet par M
r
l’Ambassadeur de Vienne de la part de LL. MM. II. et R. à M
r
de Sartine,
Conseiller d’
É
tat, Lieutenant G
al
de police de la Ville de Paris
, “redigé suivant les ordres de M
r
de Sartine
par Jean Baptiste Charles Lemaire, conseiller du Roi, commissaire du Chatelet de Paris”, [vers mars
1771].
Un volume in-fol. de 199 pages en 11 cahiers, cartonnage de l’époque papier moucheté, sous chemise
moderne demi-maroquin rouge à bord, étui.
Important document sur la police de Paris, élaboré à la demande du comte de Mercy-
Argenteau, ambassadeur d’Autriche, au nom de ses maîtres.
[On connaît la méfiance extrême de l’Impératrice Marie-Thérèse à l’égard des philosophes et des libertins
du pays auquel elle donna sa fille Marie-Antoinette, en 1770]. D’un grand intérêt historique, le mémoire
est plein de détails de l’organisation et des méthodes de la police ; précis, réfléchi, il est aussi, souvent,
amusant.
Le recueil s’ouvre par un questionnaire composé de 16 questions et 16 réponses, écrites d’une seule
main, et occupant les deux premiers cahiers, soit 34 pages, se terminant par une référence au
Code
de la police
de Du Chesne, dans l’édition de Prault (1767). Sont abordées des questions portant sur la
propreté, la clarté (éclairage), la sûreté (sûreté morale : la religion et la “discipline des mœurs” ; sûreté
physique : sûreté et tranquillité publique, voirie, vivres, santé), les sciences et arts libéraux, commerce,
manufactures et arts mécaniques ; la juridiction et l’administration de la police (le lieutenant général, les
commissaires et inspecteurs de police, les commissaires de quartier, etc.) ; les dénonciations et l’obtention
d’information ; le “sisteme de police” relativement aux filles de joies, charlatans et usuriers, “
Filles de
joye
. On peut les diviser en trois classes. La première comprend celles qui racrochent dans les rues ou par
les fenetres. La 2
e
celles qui reçoivent un certain nombre d’hommes d’habitude, et qui font des parties
de debauche en petits soupers et promenades, celles qui tiennent maison avec un nombre de filles qui
reçoivent le premier venu. La 3
e
enfin est composée des femmes entretenues. Ces differentes classes sont
egalement surveillées”... ; le pavé et la propreté des rues, leur sûreté pendant la nuit et leur éclairage ; et
enfin “l’avitaillement de Paris”...
Ce questionnaire, vraisemblablement soumis par l’ambassadeur, donna lieu au mémoire
qui suit, et
qui développe très largement les réponses aux 16 questions, en rappelant celles-ci, et en présentant les
réponses les plus longues, article par article. Selon les “Observations préliminaires”, la rédaction de ce
mémoire prit deux ans et demi, tant était complexe le travail de récolte, d’ordonnancement et de synthèse
des faits : “il a fallu tout rassembler, tout voir, tout examiner, tout méditer”. Quatre copistes au moins
ont participé à la rédaction de 7 cahiers (les 4 derniers sont de la même main). Une première partie est
consacrée à la police judiciaire, la seconde, beaucoup plus importante, à la police d’inspection. Selon
Lemaire, le premier objet du ressort de la police judiciaire est la religion. La police veille donc à “1°
Faire rendre aux lieux saints le respect qui leur est dû. 2 Maintenir l’observation des dimanches, et des
fetes, en empechant l’exercice des professions, les travaux, et les occupations, où il est defendu de vaquer
publiquement dans ces jours consacrés au culte de la religion. 3° Faire observer l’abstinence de viandes
pendant le Careme, en ce qui concerne les defenses d’en faire le commerce, et de l’usage du gras dans les
auberges, chez les traiteurs qui donnent à manger. (…) 7° Empecher la composition, l’impression, et le
débit des libels et écrits scandaleux contre la religion”, etc.
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