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[RAVAILLAC (François, 1577-1610) assassin d’Henri IV].
Procès criminel fait à Louis de Lagonia
sieur de Merargues 1605 ensemble celui fait à François Ravaillac 1610 et celui de Baltazar Flotte
comte de La Roche 1613.
Manuscrit, un volume in-fol. de 7 cahiers cousus formant 220 pages (trace de reliure).
Trois procès pour crimes de lèse-majesté, réunissant procès-verbaux d’interrogatoires et
de supplices et arrêts de la cour.
On trouve le même regroupement de procès dans des copies conservées à la Bibliothèque Nationale
(collection de Brienne 192 et collection Bauffremont, n.a.f. 23459).
L’affaire de Louis d’Alagonia sieur de Meyrargues occupe une place prépondérante dans ce recueil
(112 pages). Meyrargues, gentilhomme de Provence, fut convaincu d’avoir conspiré pour livrer le port de
Marseille aux Espagnols : le 6 décembre 1605 la Cour de Parlement arrêta qu’il serait “decapité sur un
échaffaut qui sera pour cet effet dressée en la place de Grève, son corps mis en quatre quartiers et attachés à
potences qui seront plantées aux quatre principales portes de cette ville, sa teste portée en la ville de Marseille
et mise au bout d’une lance sur la principale porte de laditte ville”. En outre, la Cour ordonne que “Lagonia
sera apliqué à la question pour sçavoir par sa bouche la vérité de ses complices”…
Les interrogatoires et le jugement de Ravaillac, convaincu de parricide sur “la sacrée personne du feu
Roy de France et de Navarre Henry le Grand”, occupent 59 pages du manuscrit. Le supplice de l’assassin
commença après lecture de sa condamnation : “Appliqué à la question des brodequins et le premier coin
mis s’est écrié que Dieu eût pitié de son âme, luy fit pardon de sa faute, et non pas d’avoir recelé personne, ce
qu’il a reitéré avec mêmes denégations comme il a été interrogé. Mis le deuxieme coin, a dit avec grands cris
et clameur, je suis pécheur, je ne scai autre chose par le serment que j’ay fait et doit à Dieu et à la Cour (…).
Mis au bas des pieds le troisieme coin est entré en sueur universelle comme pâmé, luy ayant été mis du vin à
la bouche, ne l’a receu la parole luy faillante, a été relaché, et sur luy jetté de l’eau puis fait prendre du vin, la
parole revenue a eté mis sur unmattelas aumême lieu, où a eté jusqu’à midy que la force reprise, a eté conduit
à la chapelle par l’executeur qui l’a attaché et mandez les docteurs Filesac et Gamaches”… Ayant persisté à
nier toute complicité, Ravaillac est tiré de la chapelle sous les huées et les injures des autres prisonniers ; les
archers et officiers du Roi doivent le protéger contre l’hostilité de la foule devant la Conciergerie, devant
l’église où il fit amende honorable, et encore en route à la Grève.
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