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Les aventures du roi d’Océanie, un modèle du Tartarin d’Alphonse Daudet
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POULAIN (J.).
Le Rocher de Port-Breton. Journal d’un voyage en Océanie
,
suivi de Réponse au journal La Nouvelle France et à M. V..., de Carcassonne.
Nantes, Paul Plédran, 1883
.
In-8 de 1 titre, III pp., 229 pp. : demi-chagrin rouge, dos à nerfs, couverture
supérieure conservée
(Ateliers Laurenchet)
.
Édition originale : exemplaire de remise en vente avec mention de deuxième
édition sur la couverture.
Les mésaventures de la colonie de la Nouvelle-France : un plaidoyer pour le
fantasque marquis de Rays.
Personnage hors du commun, aventurier autant que rêveur, Charles du Breil,
marquis de Rays (1832-1893) lança, en 1877, le projet d’une colonie à l’est de
la Nouvelle-Guinée, en Nouvelle-Irlande, dans la baie de Port-Praslin rebaptisé
Port-Breton. Une campagne publicitaire habilement orchestrée suscita les
candidatures et permit de lever les fonds nécessaires. Le premier contingent de
colons arriva sur place le 14 septembre 1879 ; d’autres suivirent. En fait de Terre
promise, le lieu s’avéra si inhospitalier que le projet tourna au désastre et que les
survivants furent rapatriés vers Sydney.
Resté en Europe, le marquis de Rays menait grand train, se faisant appeler
Charles I
er
, roi d’Océanie... Le royal promoteur n’en fut pas moins condamné à six
ans de prison et 3000 francs d’amende en janvier 1884. « Ses aventures ont inspiré
Alphonse Daudet dans
Port Tarascon, dernières aventures de Tartarin
(1890) et
Jules Romain dans
Donogoo
, 1930 » (Numa Broc).
Dans ce
Rocher de Port-Breton
, paru avant le procès de Rays, un ami de celui-
ci, qui participa au projet de colonie océanienne, se défend d’en avoir été le
complice. « Mon but en publiant ce journal est de rétablir la vérité sur plusieurs
points importants. Je voudrais aussi répandre le goût des colonies chez mes
compatriotes et leur montrer qu’il n’est pas si difficile de passer quelques années
hors de France. (...) Enfin je serai satisfait si je puis faire partager à beaucoup de
lecteurs l’intérêt que m’ont inspiré les peuplades de l’Océanie. Dans ce cas, je
les engage à le témoigner en envoyant d’abondantes offrandes à la congrégation
d’Issoudun, chargée par l’église d’évangéliser ces peuples, laquelle congrégation a
déjà trois missionnaires en Nouvelle-Bretagne » (
Préface
).
Bon exemplaire relié de neuf. Dos légèrement insolé.
(Broc,
Océanie
, 333. - Lorenz, X, 436).
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BERTILLON.
Travail d’hiver. Guerre sud-africaine.
Sans lieu, 1899-1900.
Manuscrit de (74) ff. : cartonnage, couverture illustrée à l’époque.
Manuscrit inédit du « travail d’hiver » du capitaine Bertillon ayant pour thème
la guerre des Boers.
Au XIX
e
siècle, il était demandé aux officiers des corps de troupe d’effectuer une
étude sur un sujet précis durant la morte saison, l’attaque ou la défense d’une
place, un dispositif d’armes, etc. Les travaux d’hiver et d’été furent supprimés
au début du XX
e
siècle. Le capitaine Bertillon faisait partie du 2
e
régiment de
Tirailleurs algériens.
Manuscrit rédigé à l’encre noire, parfaitement lisible, avec titres, lettrines et culs-
de-lampe joliment calligraphiés. Il est orné de 13 cartes aquarellées dont 8 à pleine
page, 4 dessins dont un satirique à l’encre noire d’après Frederick Harrisson,
représentant Krüger et Chamberlain, ainsi que d’une photographie originale de
l’époque représentant « Le soldat Boer », prise sur la couverture de
L’Illustration
du 20 janvier 1900. Premier plat de couverture calligraphié et aquarellé. Le titre
porte les armoiries de la république sud-africaine du Transvaal.
Ce travail reçut les éloges de ses supérieurs. Le dernier feuillet porte leurs
appréciations, notamment celle du colonel commandant le 2
e
Tirailleurs, en date
du 20 mars 1900 : « Beaucoup d’officiers viennent d’écrire ou de parler sur la
guerre du Transvaal. Aucun, à ma connaissance, n’a égalé le capitaine Bertillon.
Son travail, son livre plutôt, est trop magistral pour qu’on lui fasse l’injure d’un
résumé ou d’une discussion, tout est à lire d’un bout à l’autre. C’est un régal. A
citer en haut lieu. »
Le feuillet s’achève par une copie du rapport du 2 juin 1901, notant que cette
étude a été « spécialement remarquée » par le général commandant le 19
e
Corps
d’armée. Voilà qui vaut décoration!
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