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Deux journaux satiriques illustrés
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[VALLÈS].
La Rue.
Paris pittoresque et populaire. Rédacteur en
chef : Jules Vallès. Directeur : Daniel Lévy. [Numéros 1-33].
Paris, 1
er
juin 1867 – 11 janvier 1868.
33 numéros de 8 pp. sur 2 colonnes. 1 grand dessin en noir ou en
couleurs, presque à tous les numéros.
Relié avec :
La Charge
par Alfred Le Petit. Directeur Gérant Charles Virmaitre.
[Première série : nº 1-13 : deuxième série, nº 1-24].
Paris, 13 janvier
– 24 septembre 1870.
33 et 37 livraisons reliées en un volume in-folio, demi-basane verte,
dos lisse orné or et à froid
(reliure de l’ époque).
Collection complète du célèbre journal de Jules Vallès.
L’exemplaire est bien complet des deux livraisons saisies :
Cochons
vendus
(nº 27) et, surtout, le rarissime nº 33, paru le 11 janvier 1868.
Le numéro 34 où étaient exaltées les vertus et les idées de Proudhon,
n’a jamais été distribué ; il fut saisi dès parution.
L’Insurgé, rédacteur en chef.
Journal hebdomadaire, politique et littéraire, fondé par Jules Vallès,
entouré de quelques collaborateurs de premier ordre, tels Léon Cladel,
Emile Zola, Duranty, Paul Arène, les frères Goncourt, Jules Claretie,
Ernest d’Hervilly.
Vallès crut bon de préciser ses intentions : “La Rue”, celle qui mène au
boulevard et celle qui aboutit au faubourg…, “Nous voulons être le
journal pittoresque de la vie des rues et écrire simplement au courant
du flot qui passe, les mémoires du peuple.”
Le journal est l’expression de ses théories littéraires (éreintements de
Baudelaire et de Victor Hugo), de sa verve, et de son réalisme avant
la lettre.
Vallès confia l’illustration à une pléiade d’artistes et de caricaturistes :
Pépin, Montbart, A. Lévy, Burino, Pilotell, Courbet (selon Gaston
Gille) et surtout André Gill. Pratiquement, chaque livraison se trouve
illustrée d’un grand dessin, en noir ou en couleurs.
(Grand-Carteret, p. 599 : “
La Rue
fut avec
Le Boulevard
de Carjat, le
plus typique des journaux illustrés de la fin du second Empire.- Gille,
Jules Vallès
I, 1941, pp. 169-190 : “Ainsi, chaque semaine, l’Insurgé et
ses collaborateurs semaient la terreur dans tous les camps.”)
A la suite est reliée la rare collection complète de “La
Charge”, fameux hebdomadaire satirique illustré, nettement
hostile au second Empire.
Elle renferme en deux états, comme pour l’exemplaire de la collection
André Vasseur, les numéros 13 et 14 de la deuxième série qui, ayant
été censurés, ont été réimprimés avec une caricature différente en
première page. (Vasseur,
Catalogue de la collection,
1974, p. 28). La
première série est imprimée sur des papiers de couleurs différentes.
Fondé et principalement illustré de grandes caricatures en couleurs
par Alfred Le Petit (1841-1910), avec la collaboration de Cham,
Amelot, Choubrac, Faustin Montbard, Robida, etc., le périodique
était très hostile au second Empire et fortement anti-prussien. Il fut
plusieurs fois poursuivi et condamné.
La livraison du 25 juin 1870 est ornée, à double page, d’une collection
de portraits en buste des “Célébrités du Salon de peinture de 1870”
par Le Petit : on y voit
Corot, Courbet, Daubigny, Gustave Doré,
Jongkind, Manet, Millet, Célestin Nanteuil,
etc.
Un poème d’Arthur Rimbaud y parut pour la première fois.
Dans la livraison du 13 août 1870, sous le titre de “Trois baisers”,
Rimbaud donna ce qui deviendra par la suite “Première soirée”.
C’est l’une des premières publications du poète, dont
les Étrennes des
orphelins
avaient paru quelques mois plus tôt (janvier 1870), dans
La
Revue pour tous.
On relèvera que le nombre de textes qu’il a lui-même
publiés en revue se borne à quatre en tout et pour tout.
Au moment même où parut le poème de Rimbaud, “Alfred Le Petit
assistait au mariage religieux de son ami Verlaine” (Jean-Jacques
Lefrère,
Rimbaud, Correspondance,
p. 38 : “Revue anti-bonapartiste,
La Charge
avait pris un tour ultra-patriotique au fil des derniers mois de
cette année troublée. La couverture du numéro du 13 août était illustrée
par un dessin allégorique du directeur, qui représentait la France sous
l’apparence d’une femme brandissant un drapeau tricolore et foulant
un champ couvert de morts au cri de “Vengeance!”.
La Charge
allait
disparaître le mois suivant, à la suite des condamnations judiciaires que
lui valaient ses attaques contre un Empire pourtant moribond”).
Bon exemplaire.
On a relié en tête une table manuscrite de l’époque listant les charges
et leurs dessinateurs. Dos passé. Coiffe supérieure abîmée.
3 000 / 4 000