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ENSOR James
(1860-1949).
Manuscrit autographe, [
Sur la crise de la peinture
], mars 1932 ;
10 pages et demie in-8, avec de nombreuses ratures, corrections,
suppressions et additions.
Importante conférence sur la crise de la peinture, avec son
humour et sa verve gouailleuse.
« Y a-t-il une crise de la peinture ? Je n’en sais rien et tel Pierre-Ponce-
Pilate je m’en lave les pieds. Les crises ministérielles, politiques
pouponnières architecturales ou littéraires ne sont que lettre morte
aux yeux du peintre. Le peintre voit plus clair, plus juste et plus haut.
Toujours plus haut, toujours plus clair dit la devise des grands vivants
et des grands morts de la peinture. Le chant précieux de la peinture
chante à l’infini. Parfois dame peinture crie, gueule, engueule,
dégueule mais non sans raison. Peinture sur bois, toile, voile, papier,
sur métal, sur verre, sur ivoire, sur chair, sur os, sur peau, sur lèvres,
sur gueules, sur bec et ongles. Tout est matière à peindre, tout est bon
à peindre, tout est beau à peindre »…
Et de passer en revue quelques écoles du siècle dernier, citant Stevens,
Courbet, Constantin Meunier,
écorchant avec verve les plumitifs et critiques, le goût bourgeois, les
philistins, les « subsides croûtonneux indignes du bon peintre »…
Et il conclut par cette proclamation : « Vive l’art vivant indépendant !
Vive le libre échange ! Acclamons les mille millions de peintres
tombés au cours des siècles des ciels les plus divers, descendants du
Soleil, génies bienfaisants, apporteurs de lumière, tous auréolés de
sensibilité, aimons et protégeons ces rands embellisseurs, ces envoyés
du Paradis. Vous êtes grands, peintres jeunes ! Vous brossez les monts
de la lune. Vous ajoutez quelque miel aux rayons de l’étoile. Des
confrères moins heureux, à l’exemple des savants savantasses font
mine de tirer les comètes par la queue ».
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