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73 MANUSCRIT. — EVANGÉLIAIRE LATIN. Sud-Est de la France, fin du XIII
e
siècle. In-4 (240 x 170 mm, le
texte 180 x 120 mm), basane granitée, dos orné de fers dorés et portant le titre DIACON[US], tranches mouche-
tées de rouge (
Reliure du XVIII
e
siècle
).
8 000 / 10 000
Jusqu’aux XII
e
-XIII
e
siècles, la liturgie et le chant sont pratiqués de mémoire, dans une culture orale, et seuls le célé-
brant et ceux qui ont une lecture à faire (comme le diacre chargé de lire l’Évangile à l’assistance) utilisent des livres
dans la célébration de la messe. Au Moyen Âge, la liturgie ne comporte que deux lectures à la messe, dont l’Évangile
quotidien, et habituellement pas de lecture de l’Ancien Testament. D’autre part, le déroulement de l’année liturgique
est marquée à l’époque médiévale par trois accents nouveaux : l’importance donnée à Noël, diminuant par conséquent
celle que l’on accordait jusqu’alors à la fête de Pâques ; la disjonction entre la piété envers la Passion et celle envers
la Résurrection, ce qui fait perdre l’unité du mystère pascal ; enfin, le développement du sanctoral et des fêtes mariales.
Cet évangéliaire est donc marqué par ces trois évolutions. Il débute par la fête de Noël, repoussant à la fin une célé-
bration de la Passion en dehors du temps pascal, et comporte un important sanctoral.
Le texte contient les Évangiles pour presque chaque jour de l’année liturgique.
Composition et décoration : manuscrit de 223 (sur 224) feuillets rédigé en latin sur vélin, en caractères gothiques tex-
tura et rubriqué ; 16 lignes par page, sauf au 28
e
cahier où on a que 15 lignes par page ; réclame au dernier feuillet de
chaque cahier, sauf pour les 7
e
, 9
e
, 12-14
e
, 17-18
e
et 20-21
e
cahiers où elle a disparu, probablement par le couteau du
relieur ; chaque Évangile est signalé par de belles lettrines peintes en bleu et rouge. Le premier feuillet était originel-
lement orné d’une initiale historiée et peinte, mais celle-ci a malheureusement été mutilée par la rétractation du vélin.
Origine : l’ouvrage semble avoir été exécuté dans le sud-est de la France, comme le suppose une note manuscrite du
XVII
e
ou du XVIII
e
siècle dans la marge inférieure du premier feuillet :
ex bibliotheca abbatae fuliensis.
Cette inscrip-
tion est relative à l’abbaye cistercienne de Fulium ou de Feuillant en Haute-Garonne. Cette abbaye se trouve dans l’ar-
rondissement de Muret, non loin de Toulouse. Elle fut fondée en 1145 par Bernard IV, comte de Comminges, et porta
le nom de La Charité. Le nom de Feuillant lui fut attribué par la suite à cause du nom de la forêt qui l’environnait et
qui se nommait Fulium. Les débuts de la fondation sont peu connus. On pense qu’elle fit partie du groupe de monas-
tères fondés par Géraud de Sales, disciple de Robert d’Arbrissel, avec l’aide de religieux venus de Dalon en Périgord.
Presque toutes ces abbayes s’affilièrent rapidement à l’ordre de Cîteaux, et Feuillant fit de même, ce qui expliquerait
l’ordre des Évangiles dans notre exemplaire, qui débute avec celui de saint Marc.
Datation : on remarque au feuillet 136r° que le premier dimanche après la Pentecôte est qualifié de
Dominica prima
post pentecostem
et non pas dimanche de la sainte Trinité. Cette fête a été établie comme célébration de l’Église uni-
verselle par le pape Jean XXII en 1334. En revanche, on constate au feuillet 167r°, la mention de l’Évangile pour la
solennité du
Corpus Christi
, établie en 1264 par le pape Urbain IV à la demande des fidèles qui avaient apprécié l’ini-
tiative d’un prêtre parisien. Ce dernier avait pris l’habitude d’élever l’hostie après la consécration pour répondre aux
désirs des fidèles de voir et d’adorer l’hostie consacrée. En effet, la présence réelle du Christ dans l’eucharistie prenait
une part de plus en plus importante dans la piété en cette fin du XIII
e
siècle. Il semble donc qu’il faille dater cet évan-
géliaire entre ces deux dates.
Provenance : Au verso du feuillet 224, notes de divers possesseurs et la date 1583. On peut y lire une oraison à la Vierge
en français et latin.
Manque un feuillet au 27
e
cahier, restauration à l’angle inférieur de 16 feuillets, déchirure restaurée en pied de 2
feuillets. Éraflures avec petit manque de peau sur le second plat.
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