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Nous nous voyons souvent, nous logeons dans la même maison. Nous rions ensemble de quelques exagérations,
des comparaisons ridicules, et surtout de l’inconstance de certaines gens en fait de musique ». Il accepte volontiers
tous ces compliments, car « bien franchement la main sur la conscience, je crois que c’est mieux que tout ce que j’ai
fait et je voudrais bien que vous l’entendissiez… Et peut-être jouera-t-on cet ouvrage à Vienne quand vous y serez ;
car on le demande pour le traduire en allemand. Rossini veut aussi que je le fasse traduire en italien », et il évoque
une distribution par des chanteurs italiens… « Si en Italie on pouvait revenir sur ce préjugé que les italiens seuls
peuvent faire de la musique, je ne serais pas fâché que ma
Dame Blanche
y fût entendue »… Il prie Boilly d’essayer
d’intervenir auprès du directeur de Naples. « Si jamais musique française a été favorable à des chanteurs c’est celle
là je crois. Je ne veux pas dire pour cela qu’elle soit meilleure que telle ou telle autre dieu m’en garde, mais elle peut
faire briller des chanteurs…Les morceaux d’ensemble, les finals de 1
er
et 2
e
acte, les deux trios et airs qui s’y trouvent
sont du genre voulu aujourd’hui sans être une imitation de Rossini, et c’est cela qui m’a valu tant de suffrages »…
Puis il évoque le concours de l’Institut, auquel Boilly s’est présenté, et son «
excellent Te Deum
». Il s’est à ce
propos brouillé avec Lesueur qui a fait preuve de partialité et d’injustice comme « rapporteur des ouvrages
envoyés de Rome. Il a donc dans son rapport fait votre part faible pour grossir celle de ses élèves ». Boieldieu
veillera à ce que ce rapport ne nuise pas à Boilly : « Mais je vous le dis encore ce diable d’homme est l’homme
par excellence, parmi ceux de nos collègues qui vivent sur d’anciennes réputations et il y en a beaucoup à notre
académie. C’est ce qui m’a fait prendre la résolution de renoncer aux concours pour mes élèves »… Il termine en
lui donnant les résultats au concours de ses camarades…
64.
François-AdrienBOIELDIEU
(1775-1834) compositeur. L.A.S., « ce dimanche matin », à M. Lavigne ;
1 page in-8, adresse.
250/300
« Eh bien ! Mon cher collaborateur où en êtes-vous de votre travail pour moi ? M’avez-vous arrangé les morceaux
de musique de notre
Emma
? Avez-vous approuvé mes observations et celles qui m’ont été faites ? Me faites-
vous un acte que je puisse mettre en musique tout de suite et qui puisse être joué dans deux mois ? Je n’entends
point parler de vous et je crains que le Gymnase vous fasse oublier Feydeau. J’en serais d’autant plus fâché que
je n’ai rien à faire de bon et que je ne compte que sur vous et Scribe. – Martin me tourmente pour lui faire
quelque chose pour cet hiver. Je lui ai dit qu’il me seconde près de vous deux en vous tourmentant un peu.
Vous en a-t-il parlé ? – Je suis encore à la campagne pour jusqu’à la fin du mois, mais le 1
er
novembre je serai à
Paris pour ne plus bouger de mon piano si vous me donnez de quoi y travailler »… [Il s’agit probablement d’un
projet d’arrangement d’
Emma, ou La Prisonnière
, opéra-comique en un acte sur un livret de Jouy, Saint-Juste et
Longchamps, qui avait été créé en 1799 au théâtre Montansier.]
65.
Marie-Julie Halligner, Madame BOULANGER
(1786-1850) chanteuse (sociétaire de l’Opéra-
Comique). L.A.S., Paris 29 mars 1836, à Henri Duponchel, Directeur de l’Académie Royale de
Musique ; 1 page in-4, adresse.
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Elle lui dit sa vive reconnaissance « pour la grâce avec laquelle vous avez bien voulu vous prêter au succès de ma
représentation »…
On joint un beau portrait (par G. Rouget gravé par Bertonnier et Audouin), et deux articles nécro-
logiques.
66.
Marie-Thérèse BOURGOIN
(1781-1833) comédienne, sociétaire de la Comédie-Française. L.A.S. ;
1 page in-4 (beau portrait par Sicardi gravé par Bertonnier joint).
200/250
Elle comptait remercier de vive voix son correspondant de sa lettre obligeante, « mais je n’ai pu trouver un
moment, je diffère donc ce plaisir. En attendant je vous prie […] de recevoir mes remerciements bien divers et
de croire à tout le plaisir que j’éprouve d’être encouragée par un homme aussi distingué. – Continuez-moi donc,
Monsieur, votre intérêt. J’en ai le plus grand besoin »…