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88.
Maria MALIBRAN
(1808-1836) cantatrice. L.A.S., Norwich 23 septembre [1830], à son beau-frère
Colladon ; 4 pages in-4.
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Remarquable lettre où elle refuse de revoir son mari Eugène Malibran.
« Voilà comme va le monde – l’on juge sans examiner la cause, l’on condamne à mort injustement, et puis, quand
le bonhomme est pendu, l’on prouve qu’il était innocent. – Pourquoi ‘‘se plaint on de mon silence’’ ? N’ais-je pas
écrit d’abord ? et répondu à la réponse que l’on a faite à mes lettres ? N’avez-vous jamais répondu lorsque je vous
ai écrit pendant la révolution ? est-ce que M
me
Delessert m’a répondu ? est-ce que personne m’a répondu ? On a
daigné me répondre
, comme vous voulez bien dire ? Après tout, quand même je ne l’aurais pas fait, l’on ne peut pas
supposer que je puis écrire toujours : j’ai assez à écrire à répondre aux personnes avec lesquelles je corresponds soit
pour affaires, ou par politesse. Vous m’avez ettonné, étant un homme du monde, de vous laisser entraîner comme
les
jeunes
têtes, à juger sans réfléchir un moment que je pouvais avoir des raisons pour ne pas agir selon les souhaits
de ceux qui avec un lorgnon louchent à travers les vers, bien étendus sur un bon sofa et croyent que l’on n’a rien à
faire qu’à écrire à
tous ceux qui se disent vos amis
. Ils disent alors que l’on ne daigne pas répondre – quand on répond,
la révolution s’enmêle, l’on ne reçoit pas les lettres, et alors l’on dit que vous ne
daignez pas répondre
, sans considerer
que la faute peut provenir d’autre part. Non, il faut que ce soit vous qui en soyez la malheureuse victime. […] Dites
à M
r
Colladon mon beau frère, qu’il n’a pas
daigné
repondre à la lettre que je lui ai écrit de Londres. Enfin dites à
tous ceux qui veulent se plaindre que je ne puis suffire à tout, et que je travaille assez sans l’accroissement des lettres
des correspondences. – Vous dites que vous souhaitez que M
r
Malibran soit auprès
de moi
! Que le bon Dieu
soit
sourd
à vos souhaits. Il ne me faudrait plus que cette malediction du ciel pour me traîner au tombeau. Que cet