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M. Lavoisier l’attribue à l’absence de l’air et reciproquement. Mais quand il serait vrai que dans toutes ces
experiences il y a absorbtion d’air quand il y a ce qu’on appele
degagement
de phlogistique, il s’ensuivrait qu’alors
l’air se combine au corps en même temps que le phlogistique s’en degage mais non pas que le phlogistique ne soit
pour rien dans ces phenomenes »… Condorcet résume ensuite les travaux de Bucquet, qui, comme Rouelle,
croit que « l’air fixé a des propriétés differentes » selon les opérations et les corps…Ses opinions ont été combattues
par le comte de Milly : « Selon lui et M. Baumé l’air fixe n’est pour rien dans toutes les combinaisons mais ce sont
les autres elemens que l’air entraîne en se degageant des corps où il est interposé »… Il donne quelques détails
supplémentaires où il est question d’acide vitriolique et d’acide sulfureux, et conclut : « Voilà où on est à présent
l’air fixé, vous voyez que son etat ne l’est point du tout ».
L’absence de son ami lui paraît bien plus longue que quatre jours, puisqu’ils se voyaient « plus d’une fois chaque
jour, […] et les idées qui rendent la presence plus douce allongent bien l’absence. Heureusement il fait un assez beau
tems et notre bonne amie [Mme Suard] ne reste jamais longtems seule dans la chambre où elle vous voiait. Elle va
aller à la campagne chez M
e
Deleire [Deleyre] j’en suis faché pour moi, et bien aise pour elle. Elle sentira moins votre
absence. M
elle
de Lespinasse vous ecrit elle est toujours bien aimable et bien aimante »… Il l’engage à revenir bien
vite : « n’allez pas vous laisser arrêter au dela du terme prescrit par le beau ciel de Londres, la grace et la gaieté de ses
habitans
»… Il parle encore de l’indult envoyé par M. de Chazerat, « Intendant d’Auvergne et premier president »,
à l’abbé Delille « come à un home qui fait honeur à sa province » ; puis d’une expérience faite chez le duc de
La Rochefoucauld sur l’air fixe qui montre que l’expérience du comte de Milly « ne vaut rien ». Il ajoute : « Je viens
de finir ma lettre devant notre bonne amie, elle vous embrasse tendrement ainsi queM. votre frere qui se tue ainsi que
moi à persuader à la bone amie que ses inquietudes sur le retard de votre lettre n’ont pas le sens commun ».
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Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de CONDORCET
(1741-1794) mathématicien, philosophe,
économiste, et député. L.A.S., 2 septembre [1790, au comte de Saint-Priest ?] ; 1 page et demie in-4
(portrait gravé joint).
1 000/1 200
Sur la suspension de l’édition des
Mémoires de l’Académie des Sciences
par l’Imprimerie royale.
Il transmet, au nom de l’Académie, une lettre de M. Anisson [directeur de l’Imprimerie Royale], qui a suspendu
l’impression du volume courant de l’Académie. « Cette suspension est d’autant plus facheuse qu’elle nous
expose à perdre tout ce que nous avons mis de soins depuis plusieurs années pour accelerer cette impression et
faire en sorte que le volume de chaque année parut l’année suivante. L’Academie n’a aucun fonds qu’elle puisse
consacrer à l’impression de ses mémoires, jusqu’ici un libraire en faisait les frais, et l’Imprimerie royale traitait
avec lui. M. Moutard n’est pas dans une position qui lui permette de faire des avances, ou d’accelerer l’acquit
des engagemens qu’il a pris. Si M. Anisson avait conservé l’impression du volume courant, et qu’il nous eut
prevenu de son intention de ne pas continuer l’Academie aurait eu le temps de prendre des mesures. Mais il s’est
permis de l’interrompre de sa seule autorité, et l’Académie des Sciences devait s’attendre à plus d’égards ». Il
faudrait au moins qu’elle pût continuer le volume commencé…
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