Page 61 - DAGUERRE AUTOFRAPHES INT REV.indd

Version HTML de base

60
150.
Joseph-Nicolas DELISLE
(1688-1768) astronome. L.A.S., 13 mars 1723, à Giacomo Filippo Maraldi,
« de l’Academie Royale des Sciences », à l’Observatoire ; 3 pages in-4, adresse avec cachet de cire
rouge.
1 000/1 500
Importante lettre scientifique sur le calcul des tables des satellites de Jupiter.
Il le remercie, ainsi que Cassini, de la part qu’ils ont prise à son accident. Il est obligé de garder la chambre encore
quelque temps : « je m’amuse à calculer des tables des satellites de Jupiter sur les corrections que vous m’avez donné
l’année passée. Vous m’avez communiqué de nouvelles epoques de ces satellites pour 1700 et 1600 ; avec les epoques
de Jupiter, de son aphelie, et de son nœud et pour les mesmes tems. Vous m’avez aussi dit qu’il ne falloit point se servir
de la table de l’équation du premier satellite (p. 9) et qu’il falloit augmenter de la 30
e
partie la premiere equation
des conjonctions de ce satellite, que l’on trouve avec le nombre 1 (p. 21). J’ay sur cela quelques questions et quelques
difficultez […]. Premiere difficulté. Outre les époques des longitudes moyennes des satellites vües de Jupiter, vous
m’avez communiqué pour le premier satellite de nouvelles epoques de ses revolutions synodiques ; ce qui m’a donné
lieu d’examiner si ces differentes epoques de ce satellite s’accordoient ensemble parce que vous m’avez donné en
mesme tems les moiens mouvemens de Jupiter qui mesurent la difference qui est entre les revolutions periodiques et
les synodiques moyennes. L’époque des conjonctions du premier satellite est pour le 1 janv. 1600 à midy de 0
j
10
h
29’
16’’ et celle de 1700 aumidy precedent du 1 janv. est 1
j
1
h
13’ 43’’. L’intervalle entre ces deux conjonctions moyennes est
par consequent de 36 524 jours 14
h
44’ 27’’ pendant lequel tems le premier satellite fait 20 637 revolutions synodiques
moyennes »… Il expose ses calculs et demande si Maraldi a le dessein de faire convenir les époques des conjonctions
du satellite avec celles de ses longitudes moyennes, et alors « d’où peu venir la difference que j’y trouve »… Suivent
quatre autres problèmes, portant sur l’équation à employer pour le calcul des satellites ; les proportions de l’orbite de
Jupiter sur lesquelles Maraldi a calculé l’équation du centre de la planète (« il suffira que vous me donniez la grandeur
du grand et du petit axe ; ou l’un des deux avec l’excentricité, ou enfin l’excentricité avec la distance moyenne, car je
serai bien aise de calculermoymesme la distribution de l’équation pour chaque degré d’anomalie suivant l’hypothese
de Kepler ») ; l’inclinaison que Maraldi a donnée à l’orbite de Jupiter sur l’écliptique et la situation des nœuds des
satellites. « Lorsque j’aurai achevé les tables du premier satellite sur les eclaircissemens que je vous demande, je crois
que je serai tenté de dresser aussi pour les autres satellites des tables d’equation de leurs conjonctions pour pouvoir
calculer aussi facilement leurs éclipses que l’on calcule celles du premier »…
151.
Jean-André DELUC
(1727-1817) physicien, géologue et alpiniste suisse. L.A.S., Windsor 22 novembre
1787, à M. Guyot, chez M. Delessert, banquier, à Paris ; 2 pages et quart in-4, adresse avec cachet de
cire rouge.
800/1 000
Défense de son hygromètre à cheveu, attaqué par Saussure.
Il remercie son ami d’avoir tout disposé pour lui à son retour de Genève : il sait la difficulté d’avoir des exemplaires
des morceaux imprimés dans le
Journal de physique
, et il le prie d’intervenir à ce sujet auprès de La Métherie.
« Venant à la chose même, je suis parfaitement content. Le desir inquiet que j’avois d’abord de pouvoir faire passer
ma lettre par les mêmes canaux que celle de M
r
de Saussure, est tout-à-fait éteint, & je préfère qu’elle soit dans un
journal
de physique
, que parmi les
variétés »…
Il est fort occupé d’hygromètres, et se propose, « après le premier
bon
brouillard
», d’écrire une nouvelle lettre au
Journal de physique
. « Il m’est revenu de Genève une chose qui
peut avoir donné lieu à M. de S. de triompher contre mes hygr. & je souhaite de l’empêcher de me donner prise
de nouveau, comme il le fait toujours quand il m’attaque. Notre ami Pictet avoit emporté un de mes hygr. & l’on
me marque qu’il a demeuré
trois heures
à arriver à son point d’
humidité extr
e
en le mettant dans l’eau ; d’où l’on a
conclu qu’il étoit
fort lent
, & c’est de là peut-être que M. de S. a décidé qu’il étoit
vicieux
&
trompeur
. – Mais c’est un
jugement très peu fondé, & provenant de ce qu’on ne connoît point encore assez les substances hygroscopiques &
leur marche. Il n’y en a aucune qui ne demeure longtems à atteindre les
points extrêmes
& le cheveu tout comme les
autres. Mais il faut connoître la marche de celui-ci pour s’en apercevoir ; car auprès de l’
humidité extr
e
dans le tems
même où il varie comme l’humidité, 1 de mes degrés vaut à peine 1/10 des siens ; puis il marche en sens contraire,
aussi à très petits pas ; de sorte qu’il reste tout autant que la baleine à arriver à son point fixe, & en général ne se fixe
jamais plus tôt qu’elle. J’ai voulu déterminer cette marche d’une manière qui détruisit tous les doutes, & j’en suis
occupé. Mais il me faudra un tems de brouillard pour faire les exp
ces
les plus frappantes »… Il s’est aussi occupé
d’écrire une longue lettre ouverte au professeur Prévost de Genève sur des questions d’électricité ; l’ouvrage de
M. Haüy sur la théorie d’Æpinus en occupe la moitié. « J’ai fait ce morceau
con amore
en faveur de M. Volta »…