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187.
Nevil MASKELYNE
(1732-1811) astronome anglais, directeur de
l’Observatoire de Greenwich. L.A.S., Observatoire Royal de Greenwich
2 janvier 1787, à Monseigneur [Jean-Dominique de Cassini] ; 2 pages
in-fol.
1 000/1 200
Belle lettre sur ses observations astronomiques de Jupiter.
« Le feu Monsieur Cassini, votre père tres honoré, dans une mémoire qu’il
a addressé ici depuis trois années, a parlé de l’incertitude de la difference
de nos meridiens aussi bien que des latitudes de nos observatoires. La
premiere n’est que trop vrai ; cependant on pourroit peut etre le lever par la
comparison de nos observations des eclipses du premier satellite de Jupiter
faites depuis 1774 jusqu’à le temps present, qui pourroit servir de suite aux
comparisons que le feu M. Wargentin a fait des observations de dix annees
precedentes. Je vous serai beaucoup obligé, Monsieur, si vous voudries
bien m’envoyer directement par la poste les observations du premiere
satellite de Jupiter qu’on a fait à votre fameux observatoire, avec toutes les
circonstances des telescopes ou lunettes avec leur ouverture, et l’etat du ciel
au temps de l’observation »… Il dresse au verso sa liste des dates d’éclipses
du premier satellite de Jupiter observées à Greenwich, pour la plupart avec
« une lunette achromatique de Dollond de 46 pouces de foyer, et 3 6/10
pouces d’ouverture » ; elles sont détaillées dans les deux tomes in-folio
que la Société Royale a envoyés par ordre du Roi à l’illustre Académie des
sciences. « J’espere que vous aures reçu mon mémoire sur le retour prochain
de la comete de 1532 & 1661, qu’on attend en 1788 »…
188.
Pierre-Louis Moreau de MAUPERTUIS
(1698-1759) mathématicien, physicien, astronome, voyageur
et philosophe. L.S. avec corrections autographes, Pello 6 avril 1737, [à Émilie du Châtelet] ; 6 pages
in-4 (grand portrait gravé joint).
2 000/2 500
Longue et spirituelle lettre àMadame du Châtelet, pendant son expédition scientifique en Laponie
pour mesurer la longueur d’un arc polaire.
Il répond sur une note enjouée à sa lettre pleine d’esprit : il tâchera de faire ses commissions, « quoique je ne sçache
pas bien encor si ce n’est pas pour vous mocquer de moi que vous me demandez des cartes à jouer des païs du Nord,
un volume in-12 de poesies Danoises et de jolies choses de Lapponie ». Il n’a guère eu le tems de jouer quadrille à
Stockholm, les cartes sont rares à Torneá ; quant au volume des poésies danoises, « il n’y en a jamais eu, il n’y en
aura peut-être jamais et s’il y en a, Dieu vous garde de le lire. Passons aux curiositez de Lapponie ; il y a peut-etre
de très belles choses dans le genre que vous me demandez, de petrifications de coquilles &c mais comme elles sont
couvertes de quelques aûnes de neiges, il n’est pas plus aisé de les trouver que si elles etoient au fonds de la mer : je
vous dirai comme le Doge de Genes, ce qu’il y a de plus curieux dans ce païs ci, c’est de m’y voir. Les habillemens et
tout ce qui sert aux Lappons est trop vilain pour vous en porter et seroit capable d’infecter votre cabinet, je pourrai
cependant l’enrichir à mon retour d’une paire de souliers de huit pieds de long pour vous apprendre à douter que
les culottes des Finnois descendent jusque dans leurs souliers. […] l’imagination sûrement n’a rien à produire ici
pour y trouver d’étranges choses ; si je vous avois dit, Madame, que l’été passé ma tente fut dressée sur une paire de
souliers vous ne l’auriez pas crû, vous le croirez lorsque vous les verrez »…
Il parle de Pello, « un des derniers villages du monde du côté du Nord à une trentaine de lieues de Torneá, […] et
Torneá est une ville qui consiste en 50 ou 60 maisons ou cabanes de bois ». Les températures y sont très basses :
« je ne sens maintenant non plus le froid qu’un Lappon ». Les Lappons couchent sous des tentes, sur la terre, « sans
autre matelas que la neige », et il lui semble qu’il ferait bien autant, les corps étant plus dociles que les esprits :
« si je pouvois chasser du mien les chimeres des païs meridionaux, je pourrois être le plus heureux Lappon du
monde »… Il décrit l’affluence des Lappons de retour des foires de Torneá, et leurs attelages de rennes qui traînent
dans de petits bateaux leurs marchandises, des peaux de rennes et « des poissons gelez qu’on peut manger 8 mois
après qu’ils ont été peschez au Cap Nord aussi frais que le premier jour »… Le Lapons ont été « aussi surpris de