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
.
Marie-Joseph de LAFAYETTE
. L.A.S. « L.F. », La Grange 6 novembre 1819, [au marquis
de L
ALLY
-T
OLENDAL
] ; 4 pages in-4.
. ⁄ .
I
MPORTANTE LETTRE POLITIQUE SUR LE PROCÈS ET LA MORT DE
L
OUIS
XVI
ET LA
R
ÉVOLUTION
,
À PROPOS DE LA
POLÉMIQUE SUSCITÉE PAR L
ÉLECTION DE L
ABBÉ
G
RÉGOIRE
,
NOUVEAU DÉPUTÉ DE L
’I
SÈRE
. [Les royalistes
souhaitaient l’exclure comme indigne ; l’opposition libérale l’engagea à donner sa démission ; le 6 décembre, la
Chambre prononcera l’annulation de l’élection, sans la motiver.]
Il parle d’abord d’une veuve de leurs amies, des secours qu’on peut lui procurer, des promesses de Decazes… « Je
haïs bien autant que vous le 21 janvier, et j’aime moins la prêtrise : mais quelqu’affreux torts qu’ait eu le nouveau
deputé, il est, comme
prêtre
, plus croïant et plus pieux que la plupart de nos évêques d’autrefois, et dussiés vous
trouver ses paroles pires que le vote de la mort du Roi, ce qui est assés fort, surtout pour les tems de delire et de peur,
il n’est pas moins vrai qu’on n’est pas
Regicide
, lorsqu’on n’a pas voté la mort du Roi, et qu’on s’est declaré non
seulement contre le Regicide mais contre tout homicide judiciaire. Je ne parle plus de F
OUCHÉ
; mais les ministres
du Roi ont-ils demandé à T
ALLEYRAND
compte de ses fêtes du 21 janvier et de son avis sur le duc d’Enghien, à
P
ASQUIER
, de ses engagements solemnels et de ses menées secretes, à M. F
ERRAND
de l’ecrit le plus sanguinaire qu’on
ait vu ; et si vous otiés de la chambre des pairs ceux de vos collegues qui ont fêté le 10 aoust, le 21 janvier juré haine
à la Roïauté, signé sans reserve l’acte d’exclusion des Bourbons, sollicité pour un titre l’engagement personnel de
defendre contre eux une autre dynastie, qui ont executé les ordres sanguinaires et incendiaires du terrorisme de 93,
qui ont ecrit, currente calamo, des ordres imperiaux qui ne valaient gueres mieux, ou qui dans l’autre parti ont
organisé de vilaines choses aussi, vous vous trouveriés assis plus à l’aise »… Il donne l’exemple de C
ANUEL
, puis parle
de lui-même : « C’est à l’assemblée constituante et au Champ de Mars que j’ai repondu aux opinions de 91,
exhumées aujourd’hui ; c’est à Sedan que j’ai repondu à celles du 10 aoust […]. Il n’y a pas un français qui ait plus
d’horreur que moi du jugement du malheureux Roi et de sa famille ; il y a beaucoup de Roïalistes qui en ont mieux
pris leur parti. Mais quelques soient ces phrases, ou vraies, ou supposées, ou non dementies, j’espere etre assés connu
de vous pour n’etre pas soupçonné d’indulgence à leur égard, parce que je ne pense pas avec vous qu’il y ait eu de
l’
hypocrisie
à defendre au peril de sa vie le caractere de prêtre, et d’autres opinions religieuses, à voter contre
l’empire et contre la guerre d’Espagne, à imprimer, dans l’apogée du pouvoir imperial, que les conquerants etaient
des fleaux indignes d’estime, et à refuser le premier son adhesion à l’acte additionel, sans compter ce qu’il a fait pour
les prêtres deportés et tant d’autres malheureux »… Il se désole de tout ce train, mais les deux questions
soumises à un député ne peuvent être que celles-ci : « L’élection de l’Isere est-elle reguliere ? C’est un point de fait
sur lequel chaque juré repond oui ou non, et s’il en était autrement, que deviendrait la conscience du sistème
representatif ? Mais s’il est vrai qu’elle soit irreguliere, à quoi bon mettre la charte en question ? La majorité de la cham-
bre a-t-elle le droit d’exclusion ? Des majorités anglaises l’ont quelquefois tenté et s’en sont toujours mal trouvées ;
mais après trente ans de Revolution, il n’y a point de raison pour ne pas remonter à travers la reaction de 1815, les
Cent jours, l’empire, le directoire et la terreur jusqu’à l’insurrection du 14 juillet et aux actes et discours qui l’ont
preparée et sanctionnée. On augmente d’ailleurs l’existence de l’exclus presque toujours réélu. Je crois donc qu’en
principe et en tactique, même malveillante, il n’y a de profit pour aucun parti au sistème d’elimination, le plus
revolutionaire de tous »… Bien entendu ils parlent entre eux. « J’ai acquis cherement le droit, et vous aussi, d’avoir
un avis sans qu’on puisse se meprendre du moins à ses motifs. Cinq ans de prison, trois ans de proscription, et
quatorze ans de retraite pour n’avoir voulu condescendre ni au 10 aoust ni au 18 fructidor, ni au sisteme bonapar-
trite me disculpent du reproche de faiblesse envers les hommes de la Revolution : quant aux hommes de la
Contre-Revolution, on ne m’accuse pas de trop de devouement envers eux »… Et il fait une mise au point à
propos de son « opinion sur le procès du Roi »… Il se réjouit d’apprendre qu’on va jouer
Strafford
(tragédie de Lally-
Tolendal), et termine en lui signalant dans la dernière
Bibliothèque historique
une lettre curieuse de Bonaparte à Fou-
ché sur les demandes de places à sa cour. « À propos de ces tems là et de cette penible affaire du moment, je n’ai pas
pu m’empêcher de sourire au souvenir de ce que je vous ai dit de M. de Cazes sur
le changement de
quartier
. Lorsque j’ai su qu’il en avait changé à propos de la grande colere de Bonaparte contre Gregoire qui avait
mal parlé d’Alexandre et Cesar : de quoi se mêle le prêtre de parler de
nous autres
dit l’empereur »…