Page 68 - cat-vent_drouot18-12-2012

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
.
Thomas-Arthur de LALLY-TOLENDAL
. M
ANUSCRIT
autographe,
Vraÿes causes de la perte de l’Inde
,
[1766] ; cahier de 12 pages grand in-fol., lié d’un ruban bleu (petite mouill. avec légères effrangeures
en haut des feuillets.
. ⁄ .
V
IVE DÉFENSE DE SA CONDUITE EN
I
NDE
,
INCRIMINANT LES CONSEILLERS DE
P
ONDICHÉRY
,
LE COMTE D
’A
CHÉ ET
LE CHEVALIER DE
S
OUPIRE
,
ET FAISANT VALOIR QU
ON NE POUVAIT CONSERVER LES POSSESSIONS FRANÇAISES SANS
ARGENT NI ESCADRE
. Il s’agit d’une version primitive, avec ratures et corrections, du texte qui, amplement développé
et transposé à la troisième personne, sera publié sous le titre :
Vraies causes de la perte de l’Inde. – Pour le comte de
Lally, contre M. le Procureur Général
(Paris, impr. de Simon, 1766).
La première moitié du manuscrit constitue une défense de l’action militaire et administrative de Lally en Inde.
« Le public n’a vû jusqu’icy et ne voit encore aujourduy que Pondichery perdu, le cris qu’a suscité contre moy, à mon
retour en France, une cabale dont j’ay decouvert et voulu reprimer les malversations dans l’Inde, toutes les
calomnies qu’elle a repandue à la cour et à la ville tendent à luy persuader que non seulement je suis cause de la perte
de Pondichery, mais meme de la perte de toute l’Inde »… Cependant sans parler de « la mauvaise conduite de
l’administration », même avec des forces supérieures « l’on ne pouvoit conserver Pondichery sans une escadre,
l’ennemy en ayant une, et je me flatte que le public ouvrira enfin les yeux sur les veritables causes de cette perte, que
par recrimination le conseil de Pondichery voudroit m’imputer »… Il présente rapidement la situation militaire et
raconte l’attaque hardie qu’il livra sur Madras avec une armée de 2800 Européens, alors que la place avait 5000
défenseurs bientôt secourus par un renfort de 6 vaisseaux et 600 hommes : « on conviendra que M
r
de Vauban n’a
jamais calculé cette proportion dans les sieges où un assiegé est reputé egal en force à 5 assiegeants »… Pourtant on
fit à Lally un crime d’avoir manqué Madras, alors que le même Conseil de Pondichéry n’en fit aucun au sieur
D
UPLEIX
« d’avoir manqué 3 fois Gondelour, deux fois Trichenapaly, d’y avoir eu deux arméez entieres prises
successivement prisonieres de guerre », etc. La même insuffisance d’hommes rendit impossible la défense des
130 lieues de la côte de Coromandel où se situent les trois comptoirs de Tulipatan, Pondichéry et Karical, face à une
escadre de 14 vaisseaux de ligne, et lorsque l’armée de terre ennemie forte de 4000 Européens et de 10 000 Noirs
forma avec l’escadre le blocus de Pondichéry, Lally n’avait qu’environ 1350 Européens et 600 Noirs à leur opposer…
L’ennemi payait tout ce qu’il consommait alors qu’eux ne pouvaient se nourrir dans leurs propres établissements,
sans parler de les défendre. « M
r
de B
USSY
maître dans le Decan de 4 grandes provinces et d’un pays neuf ne
pouvoit pas entretenir sa petite armée faute d’argent, il luy avoit déjà avancé deux millions de ses epargnes, il luy
en redevoit encore deux, et il me mandoit sans cesse qu’il craignoit à chaque instant d’etre assassiné par cette
armée »… Sont manifestement mal fondées deux conjectures : qu’une réussite à Madras eût empêché l’attaque sur
Pondichéry, et qu’une victoire à Vandavachy eût sauvé Pondichéry. « J’avois gagné precedamment 9 combats ou
batailles, j’avois pris 10 places ou forts, mais comment conserver des places dans l’intérieur d’un pays, quand une
escadre ennemie vous force de les abandonner pour courir au secours de votre chef etablissement »… Le départ
précipité et intempestif de l’escadre française commandée par le comte d’A
CHÉ
détermina la suite : « il ne m’a pas
secouru, et […] Pond. ne pouvoit etre conservé sans le secours de son escadre »… Et de conclure : « sans être la cause
immediate de la perte de Pond. […] j’aurois pu comettre dans l’Inde d’autres delits qui auroyent merité le
traittement inoui que j’eprouve dans la plus affreuse des captivitéz depuis plus de 3 ans, j’aurois pû comme les
autres y voler, violer, empoisonner, assassiner, ce sont des jeux de l’education de l’Inde, j’y suis arrivé à la verité un
peu trop vieux pour y en commencer l’aprentissage d’ailleurs si on m’en a accusé vis-à-vis du public (car de quoy
ne m’a-t-on pas accusé vis-à-vis de luy) on n’a osé le faire en justice, et les temoins qui ont voulu y insinuer un
soupçon de concussion contre moy, se sont vûs forcéz de se retracter honteusement, quand je leur ay opposé leur
propre seing et la preuve ecrite de leur imposture »…
Dans la seconde partie du manuscrit, Lally recopie deux documents à sa décharge, qui seront donnés à la fin du
mémoire publié :
Representations faites a M
r
d’Aché par M
rs
du Conseil superieur de Pondichery au nom de la nation
assemblée en corps le 17 7
bre
1759
, puis la
Protestation nationale signifiée à M
r
d’Aché le 17 7
bre
1759
. Lally y ajoute
une brève conclusion. Le public s’étonnera « qu’on aye pû faire au c
te
de Lally la plus legere imputation relative à la
perte de Pond[ichéry] », et il s’indignera « quand il apprendra que les gens qui ont surpris sa credulité par une
multitude de libels infames contre le c
te
de Lally sont les memes qui ont signé ces pieces contre le cte d’Aché ; quand
il apprendra que ces memes gens après s’être ainsy dechainéz, après s’être portéz delateurs et accusateurs du c
te
de
Lally vis-à-vis du Roy et de ses ministres se sont presentéz et ont été admis exclusivement en temoignage contre le
c
te
de Lally, que ce sont enfin ces memes gens qui, dans toutes leurs depositions non seulement sont convenus de
ne pas prononcer meme le nom du c
te
d’Aché […], mais qui ont feint meme d’avoir oublié que le roy eut envoyé
une escadre dans l’Inde. […] Le c
te
de Lally demande justice au public de la collusion de cette cabale infernale, il la
demande à ses juges, il la demande au Roy, il la demande à Dieu ».
O
N JOINT LA COPIE MISE AU NET
, avec qqs corrections autographes,
AUGMENTÉE DE
12
PAGES DE DOCUMENTS
COMMENTÉS
(cahier de 27 pages grand in-fol., lié d’un ruban bleu) : lettres du comte d’A
CHÉ
, écrites à bord du
Zodiaque
ou à Pondichéry entre le 29 avril 1758 et le 1
er
octobre 1759, et un choix d’extraits de lettres du
gouverneur D
UVAL DE
L
EYRIT
à Lally, « relatives au refus du C
te
Daché de se porter sur Madras après l’expedition
du fort S
t
David ». Cette correspondance ne figure ni dans le mémoire publié en 1766, ni parmi les pièces