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
.
Thomas-Arthur de LALLY-TOLENDAL
. M
ANUSCRIT
autographe et sa copie avec additions autographes,
Tableau historique de toute l’expedition de l’Inde
, avec 3
MANUSCRITS
joints, [1766] ; 155 pages grand
in-fol. en 5 cahiers liés de rubans bleus, sous chemise titrée
Reflection sur lexpedition de l’Inde et Tableau
historique de lad. Expedition
, et cotée 3
e
liasse C.C.
. ⁄ .
M
ÉMOIRE DE
L
ALLY POUR SA DÉFENSE
,
EXPOSANT LES DIFFICULTÉS AUXQUELLES IL DUT FAIRE FACE ET LA MAUVAISE
VOLONTÉ ET LES DÉFAILLANCES DE SES COLLABORATEURS
, notamment du comte d’A
CHÉ
, commandant de l’escadre
de la mission, du lieutenant-colonel B
USSY
, qui tenait le Deccan, et du conseiller M
ORACIN
, qui commandait la
garnison française de Masulipatam. Il s’agit ici d’une
VERSION PRIMITIVE
, avec ratures et corrections, du
Tableau
historique de l’expédition de l’Inde pour le comte de Lally, contre M. le Procureur Général
(Paris, Impr. de Simon, 1766).
*
Tableau historique de toute l’expedition de l’Inde
(16 pp.). Nommé au mois d’août 1756 pour commander
l’expédition de l’Inde, Lally a connu aussitôt des obstacles : un départ retardé, et une réduction sévère des forces
prévues, causée par la situation au Canada. Il écrivit à la marquise de P
OMPADOUR
que ce retranchement de moyens
« seroit cause de la perte de l’Inde et ne sauveroit pas le Canada » ; la marquise répondit « que le roy
n’abandonneroit pas quelqu’un qui l’avoit si bien servi et qu’elle seroit son avocate ». La traversée inhabituellement
longue eut pour conséquence que les amiraux britanniques purent joindre leurs forces et arriver à la côte de l’Inde
avant les Français… L’avantage qu’avait le chevalier de S
OUPIRE
de débarquer à Pondichéry des mois avant tout le
monde fut perdu, car le gouverneur de L
EYRIT
« l’a tenu pendant ces 8 mois dans l’inaction et a consommé les deux
millions » qu’il avoit apportés, pendant que l’ennemi s’emparait de toutes les possessions dans le Bengale…Dès son
arrivée, Lally livra combat et perdit un vaisseau de 74 canons. Il assiégea Saint-David avec succès, puis prit
Divicottey, mais le comte d’A
CHÉ
s’était éloigné à 60 lieues, de crainte de l’escadre anglaise, et refusa de protéger la
marche de Lally vers Madras… Leyrit annonça qu’il ne paierait ni ne nourrirait l’armée, mais que Lally obtiendrait
des fonds en intimidant le Raja de T
ANJAOUR
, qui avait une vieille dette à la Compagnie…Mais on dut évacuer le
Tanjaour pour se porter au secours des établissements menacés … Ayant appris que Pondichéry était menacé, Lally
y retourna pour découvrir que le comte d’Aché abandonnait la côte pour les îles, et que B
USSY
et M
ORACIN
refusaient de collaborer à une expédition à Madras, voire d’obéir aux ordres… Lally multiplie les précisions sur les
combinaisons échafaudées pour solder l’armée… Il occupa rapidement la ville noire de Madras (13 décembre 1758),
mais pendant ce temps, l’escadre de M. de L
ÉGUILLE
, qui amenait à Pondichéry 4 vaisseaux du Roi et 3 millions,
fut retenue par d’Aché à l’Isle de France [Maurice], alors qu’elle eût été maître de toute la côte de Coromandel, eût
empêché la compagnie anglaise de débarquer 600 hommes à Madras, et eût permis de reprendre ce qu’on avait
perdu dans le Bengale... Les malheurs s’accumulent : Lally manque de succomber à une « fièvre chaude », une
partie de l’armée se révolte, le comte d’Aché reparaît après 13 mois d’absence pour annoncer qu’il part le lendemain
pour les îles, et une protestation du Conseil ne réussit à ramener cet amiral à Pondichéry que pour quatre jours
seulement, et à lui faire verser un peu de l’argent qu’il détient, et cela malgré la nouvelle que l’armée venait de
gagner une bataille, « evenement qui eut decidé tous les princes du pays pour nous sans cet abandon subit » ; les
renforts du prince Bassalet Tingue rebroussent cehmin… Lally donne de nouvelles preuves de la perfidie de
L
EYRIT
, et de la mauvaise volonté du Conseil à appuyer ses négociations pour approvisionner Pondichéry… Enfin,
la ville de Pondichéry s’est rendue le 16 janvier 1761, le fort intérieur le 17, et après avoir esquivé de nouvelles
tentatives d’assassinat, Lally, malade, fut ramené en Europe dans des conditions indignes, pour passer 15 mois « dans
la detention la plus rigoureuse » sur la foi d’un libelle indigne, avant d’apprendre qu’il serait jugé pour « des
depradations et concussions commises dans l’Inde, comme ayant eté cause de la perte de Pond. »… Le rapporteur
n’ayant rien trouvé qui soutînt cette accusation, on obtint de nouvelles lettres patentes du Roi pour diriger une
instruction pour haute trahison… « mais les temoins qui ont deposé contre le c
te
de Lally n’ont pas osé hasarder
formellement ce mot d’intelligence […], les temoins militaires meme les plus acharnéz contre le c
te
de Lally, ont
deposé formellement, qu’ils ne pretendoyent pas inferer de sa conduite quoy que blamable d’ailleurs aucun
soupçon d’intelligence entre luy et l’ennemy, et en effet il seroit asséz contradictoire d’ymaginer cette intelligence
de la part d’un homme qui a porté dans l’Inde, et a sacrifié jusques au dernier sol de tout ce qu’il possedoit dans le
monde, qui a laissé au tresor de Pond. 4 cent mil francs de ses appointements pour le deffendre contre ce meme
ennemy, et qui ne s’est attiré la haine de ses accusateurs que parce qu’ils ne vouloient pas contribuer à cette deffense
quoy qu’ils luy deussent toutes leurs fortunes »… Etc.
*
Tableau historique de l’expedition de l’Inde
(25 pp. dont une longue addition autographe). Copie avec variantes
du manuscrit précédent, comportant deux additions importantes, la première apportant des détails sur l’attaque
manquée, dans la nuit du 2 au 3 septembre 1760, de « toute l’armée angloise », des remarques sur la pratique du
butin et de la mise à contribution des seigneurs indiens, sur les conséquences des défaites de D
UPLEIX
, l’échange de
prisonniers de guerre… (avec quelques modifications, toute cette digression passera dans le mémoire imprimé).