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Tableaux anciens - 20 juin 2012 -
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Carlo CIGNANI (Bologne 1628 - Forli 1719)
L’enfance de Jupiter
Toile. 112 x 153 cm. Cadre d’époque
Provenance :
- Colnaghi, Londres, 1955
- Collection privée, Milan
Bibliographie de référence :
- Carlo Cesare Malvasia,
Vite di pittori bolognesi
[1671-72], a cura di A. Arfelli, Bologna 1961, p. 53.
- Beatrice Buscaroli Fabbri,
Carlo Cignani. Affreschi Dipinti Disegni
, Nuova Alfa Editoriale 1991, pp. 161, N° 39.
25 000 / 30 000
Ce tableau réapparaît sur le marché après plus de soixante ans d’oubli. Conservé dans une collection privée de Milan, il est l’
Enfance de Jupiter
citée
par Beatrice Buscaroli Fabbri, dans la monographie de Carlo Cignani, comme la version autographe d’une
Scène pastorale
, d’un format inférieur,
conservée dans les collections du Château de Sans-Souci à Potsdam. L’auteur rappelle que la plus grande version se trouvait à la Galerie Colnaghi, de
Londres, à la date de 1955 et indique des dimensions qui correspondent exactement à celles de notre toile (voir fig. 1). D’ailleurs, sur le châssis, on
retrouve la numérotation typique que certaines maisons de ventes anglaises utilisaient, à l’époque, pour identifier leurs propres lots.
Auteur de quelques-uns des plus célèbres tableaux du
Seicento
, Carlo Cignani eut à Bologne la même réputation que Maratta à Rome. Son langage
pictural associe le classicisme de Poussin aux solutions formelles de Reni sans totalement rompre avec la sensualité de Corrège et la théâtralité d’un
Annibal Carrache. Comme le rappelle Malvasia dans les
Vies des peintres bolonais
, Cignani « cercò un mezzo tra la forza de’ Carrazzi e la dolcezza di
Guido », en se montrant un des plus grands interprètes de ce courant esthétique qui recherche un style délicat et recueilli ; courant qui prévaut à Bologne
durant toute la seconde moitié du XVII
e
siècle.
Cette toile, d’un aboutissement esthétique évident, constitue un des exemples les plus réussis de la palette profane du maître bolonais, qu’on peut rap-
procher d’autres tableaux, d’ailleurs de dimensions très voisines, comme
Les Bergers
du Musée de l’Ermitage ou le
Paysage mythologique au faune
de
la Galerie Altomani de Milan. Comme dans ces vastes compositions, un groupe dense de personnages occupe, au premier plan, presque totalement la
scène. Dans des poses séduisantes et suaves, les bergers et les putti, aux corps blancs comme de la porcelaine, s’égayent sous une lumière faite de jeux
de subtiles contrastes entre l’ombre et le clair-obscur.
On peut, d’ailleurs, dater
L’enfance de Jupiter
des années 1680 quand le maître a acquis suffisamment de métier pour être devenu le peintre bolonais le
plus sollicité des grandes familles telles que les Farnèse de Parme, les Pallavicini de Rome, le roi de Pologne, l’Electeur de Bavière ou bien encore le
prince Johann Adam von Liechtenstein pour lequel il peignit des sujets mythologiques et une
Bacchanale
.
Fig. 1 - La photographie de notre tableau dans les archives Colnaghi.
Crédit : P & D Colnaghi & Co, London
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