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Tableaux anciens - 23 MARS 2012 -
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Pier Francesco di Jacopo FOSCHI (entourage de).
Seconde moitié du XVI
e
siècle
Le Martyre de Saint Laurent
Toile
65 x 80 cm
Provenance :
- collection privée, Novara
Bibliographie de référence :
- P. Costamagna – A. Fabre, « Di alcuni problemi della bottega di Andrea
del Sarto »,
Paragone
, XLII, 25 (491), janvier 1991, pp. 15 – 28.
-
Roma e lo stile classico di Raffaello 1515 - 1527
, catalogue de l’expo-
sition, Mantova, Palazzo Te, 20 mars 1999 – 20 mai 1999, Milano, 1999,
pp. 358-359.
- L. A. Waldman, “Three Altarpieces by Pier Francesco Foschi : patro-
nage, context and function”, 2001,  fig. 7 a) b), 15.
- S. Beguin – P. Costamagna, « Nouvelles considérations sur Baccio Ban-
dinelli peintre : la redécouverte de la Léda et le cygne »,
Les cahiers de
l’Histoire de l’Art
, N° 1, 2003, pp. 7 – 18, fig. 6.
6 000 / 8 000
Voir la reproduction d’un détail au dos de la couverture
Ce tableau dérive directement d’une composition très connue de Baccio Bandi-
nelli (1493-1560) dont le dessin préparatoire est conservé à Münich (Staatliche
Graphique Sammlungen inv. 2215). C’est le pape Clément VII Médicis qui com-
manda, en 1524, à Bandinelli un
Martyre de Saint-Laurent
pour orner la chapelle
du choeur de l’église
San Lorenzo
à Florence. Le sculpteur et dessinateur florentin,
très attaché à la transcription de ses oeuvres sur papier, demanda à Marcantonio
Raimondi (vers 1480 – 1534) de graver et d’imprimer le dessin qu’il avait créé
comme modèle pour ce projet resté inachevé. Rares sont les dérivations pictu-
rales d’après l’original de Bandinelli. Rappelons, cependant, le tableau attribué à
Antonio di Donnino del Mazziere de la National Gallery de Dublin et le panneau
attribué à Ludovico Mazzolino (Drouot Richelieu, 1
er
décembre 1995, lot 17). Par
rapport à ces deux versions sur panneau, notre tableau est une toile aux dimensions
plus importantes. Mais ce qui la rend plus intéressante, c’est qu’elle est beaucoup
plus proche de la gravure de Raimondi, et donc du projet initial. On y retrouve les
mêmes personnages dans les mêmes positions, habillés également à la manière
de ceux gravés par Raimondi, dans des volumes et des proportions similaires. Le
modelé doux, mais compact, les couleurs acides presque délavées, la musculature
insistante des nus, le scénario architectural qui renvoie aux cadres en
pietra serena
présents dans beaucoup des peintures toscanes du
Cinquecento
, sont autant d’élé-
ments qui permettent de dater la toile du XVI
e
siècle.
Certains parallélismes avec le style des peintres du second maniérisme comme
Jacopino del Conte, Jacone et Pier Francesco di Jacopo Foschi viennent en aide
pour définir plus précisément la date d’exécution de notre tableau. Et le rappro-
chement avec Foschi nous semble particulièrement pertinent. Selon Vasari, il fut
l’élève d’Andrea del Sarto, dont il exécuta de nombreuses copies, et se fit connaître
par ses portraits. On ne connaît que quelques œuvres de lui, toutes datables avec
certitude après 1537. Il nous semble intéressant de rapprocher cette toile de deux
panneaux représentant Saint Sébastien et Saint Roch (Prepositura de Fivizzano)
que l’on peut dater des années 1540. Ces deux panneaux montrent un classicisme
simplifié qui va à l’essentiel mais aussi témoignent d’un style plus anatomique qui
renvoie aux leçons de Michel-Ange. Le schéma de composition reste simple et les
couleurs paraissent éteintes comme si elles avaient été délavées. On retrouve dans
Le Martyre de Saint Laurent
la douceur des anges de
La Mort du Christ
(Cassa
di Risparmio, San Miniato). Notre tableau pourrait, cependant, se rapporter à une
période qui suit immédiatement la mort de Pier Francesco (1567), et se révéler être
le travail d’un de ses élèves comme Alessandro Fei.
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