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Tableaux anciens - 23 MARS 2012 -
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Maître de Ercole et Girolamo Visconti (actif
à Milan, vers 1525 - 1540)
Marie Madeleine pleurant
Toile
49 x 39 cm
Provenance :
- collection privée, Madrid
- collection privée, Vérone
Bibliographie de référence :
- V. Maderna, C. Quattrini, textes de F. Frangi,
Brera mai vista. All’ombra di Leonardo. La
pala di Sant’Andrea alla Pusterla e il suo maes-
tro
, Milan 2003.
30 000 / 40 000
Ce tableau inédit du Maître de Ercole et Girolamo
Visconti est une véritable découverte. Longuement
étudié par le professeur Mauro Lucco, il constitue un
jalon essentiel pour comprendre l’enseignement de
Léonard de Vinci, à Milan, après son départ pour la
Cour du roi François 1
er
.
Ce maître milanais, encore aujourd’hui anonyme, tire
son nom des commanditaires de son tableau le plus
célèbre, le retable de l’église de San Martino de Bes-
nate (Varèse) représentant
La Vierge avec l’Enfant
entre Saint Antoine Abbé et Saint Antoine de Padoue
.
L’inscription sur la partie inférieure du retable rap-
pelle, en effet, qu’il fut exécuté sur ordre du juriscon-
sulte milanais Ercole Visconti, seigneur de Besnate,
et de son fils Girolamo.
Notre peinture représente Marie Madeleine en train
de pleurer sur le Christ mort, mais selon un modèle
iconographique tout à fait singulier, presque unique
dans l’art du
compianto
. Ce choix a, très vraisembla-
blement, été dicté par le commanditaire de l’œuvre
qui voulait en faire une image de dévotion privée, à
son strict usage. Comme le professeur Lucco l’a mon-
tré d’une manière décisive, le modèle de référence
suivi, ici, par le peintre est Léonard avec
La Dame
à l’hermine
du Musée de Cracovie et
La Belle Fer-
ronnière
du Louvre. Aussi notre
Madeleine
émerge
sur le même fond noir profond que l’on retrouve dans
les deux chefs-d’œuvre du maître ; un choix stylis-
tique qui était devenu une sorte de
must
pour ses dis-
ciples. D’autre part, les caractères du visage de Marie
Madeleine renvoient à ceux, proches, des Vierges et
saintes peintes par deux autres élèves de Léonard,
Giampietrino et Bernardino Luini. Toujours selon le
professeur Lucco, il semblerait que notre peintre n’ait
pas directement connu le grand maître toscan, parti
de Milan dès septembre 1513, mais qu’il l’ait étudié
à travers le prisme du premier cercle de ses élèves.
La morphologie du visage et les plis de la robe de
Marie Madeleine, la forte tonalité des ombres avec
lesquelles son personnage regarde le spectateur, sont
autant d’éléments très significatifs que l’on retrouve
sur le retable de Besnate mais aussi dans une autre de
ses œuvres, commanditée par le riche marchand Gian
Giacomo Rainoldi,
La Vierge à l’Enfant, entourée de
saint Pierre et de saint Paul
, autrefois dans l’église
de Sant’Andrea alla Pusterla (Milan), et aujourd’hui
exposée à Brera.
Ce tableau a fait l’objet d’une expertise écrite du Pro-
fesseur Mauro Lucco.
Bernardino Luini,
Marie Madeleine,
collection privée