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- 23 MARS 2012 - Dessins, tableaux et sculptures du XX
e
siècle
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Henri de Waroquier (1881-1970)
Peintre, sculpteur, dessinateur, graveur
Collection Michel Lambert
Lots 69 – 78
En art, je suis patient, j’ai toutes les patiences. À vingt ans, je pensais ardemment à la figure, à quarante ans, je me disais
encore : « la figure, c’est pour la fin ». Je voulais par ce regard sur l’avenir me diriger du côté de la gravité en me donnant,
avec le temps, plus d’assurance par des expériences moins dangereuses : l’impénétrable commence à ce que nous croyons
le mieux connaître (…).
Si la représentation de la figure humaine ne fut pas une priorité pour Waroquier, elle reste pourtant récurrente tout au long
de la vie de l’artiste, au point de tenir une place tout à fait particulière, voire de premier plan.
La collection de Michel Lambert a le privilège de nous offrir une des plus riches iconographies de ces visages et
masques humains, œuvres tout à fait inédites et provenant de la collection personnelle d’Henri de Waroquier.
Qui
plus est, c’est l’œuvre sur papier qui est à l’honneur, à travers le dessin dont Waroquier avait une grande prédilection.
« La
peinture engage, le dessin délasse. Un dessin manqué est un faux pas, une peinture manquée est un suicide. Les dessins
n’ont d’autre raison pour l’artiste que de s’instruire des formes de la vie »
, se plaisait-il à noter dans ses
Carnets
en 1938.
C’est aussi à travers cette collection, que l’amateur éclairé pourra suivre à la fois l’évolution du style de Waroquier, appré-
cier les différentes techniques employées, accompagner l’artiste dans ses réflexions sur le modèle humain et se laisser sur-
prendre par la grande modernité de ses œuvres. Pour ce qui est de la richesse des techniques employées et représentées dans
cette collection, on retiendra ces notes de l’artiste lui-même :
« Je change souvent de technique par goût et par curiosité de
la trouvaille, aussi pour m’approcher des beautés diverses propres à chacune et encore pour m’affranchir d’elle-même par
pratique et connaissance ; mais l’important n’est pas de peindre clair ou foncé, coloré ou gris, en glacis ou en pâte… mais
d’exprimer (…). »
Pour ce qui est de l’évolution de ces lignes artistiques, et de sa modernité, on notera que Waroquier a puisé son inspiration
chez les galeristes impressionnistes de la rue Laffitte, qu’il fit partie de l’École de Paris, qu’il fut un proche de Modigliani
et de Picasso, mais surtout qu’il se réclame du courant cubiste dont il offre une très belle définition dans ses notes autobio-
graphiques.
« Né à la peinture à l’époque héroïque où l’impressionnisme était encore méconnu, ce que je préfère dans cet
art est ce qu’il a de moins impressionniste, tel Cézanne (…). Issu de Cézanne, révolutionnaire-conservateur, le cubisme est
une invention collective, l’état d’esprit d’un temps ; il appartient par peu ou prou, à tous ceux, pour ou contre, qui ont fait
partie de cette collectivité en ce temps. Les promoteurs de ce mouvement furent les premiers à renier par la liberté de leur
œuvre, les théories qui furent construites sur leurs ouvrages. C’est à l’Aixois que je dois ce qui me rapproche du cubisme,
comme les plus notoires cubistes (…). Ce que je dois aux hardiesses de cet art, c’est la libération de l’écriture indélébile de
mes deux premières influences, celles de l’impressionnisme et des arts d’Orient. Dans le même temps, les nègres africains
pour P
[Picasso]
furent pour moi les bouddhas aux yeux clos de la Chine et de l’Inde (…). L’art doit être libre. Pour n’être
d’accord avec la théorie, je n’ai pas tourné le dos au cubisme ; je l’attendais. Je ne m’y suis pas trouvé, je m’y suis retrouvé
dans ses sources (…). Je lui dois une liberté d’écriture nouvelle (…). »
Toute création est inépuisable
(in
Pensées et réflexions
, par H. de Waroquier, manuscrit inédit, coll. part.)