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Présentation
Notre prochaine vente
HistoriA
, dont voici le catalogue, s’ouvrira par un manuscrit hébraïque sur parchemin : le « grand arbre »
illustrant la cosmogonie caballistique d’Isaac Luria.
Puis viendront, comme à l’accoûtumée, plusieurs chartes (Saint Gilbert, dans le Bourbonnais), rouleaux de parchemin (abbaye de Troarn,
en Normandie), terriers (Saint Juéry, dans le Rouergue), registres & plans (salins de Peccais, en Languedoc & Provence ; jardins de
Bellevue, dans les Ardennes).
Les plus beaux manuscrits, et les plus vénérables, seront assurément les manuscrits enluminés :
• les coûtumes de Lézat, au comté de Foix, écrites au XIV
e
s.
• le bréviaire de Beaune, en Bourgogne («
là où les bons vins sont
», annonce la chanson), datant des XIV
e
et XV
e
s., et dans lequel se lit le
nom de Guygone de Salins, fondatrice des fameux Hospices.
• une copie bolognaise, richement enluminée vers
1300-1320
, des Institutions de Justinien, l’un des textes majeurs de notre droit. Les
tableautins ouvrant les chapitres de ces Institutions sont particulièrement touchants : par exemple, la femme mourante qui dicte son
testament, ou bien le pauvre pendu qui se balance au bout de la corde pendant que le bourreau s’en repart avec son échelle ...
• une représentation, début XVII
e
, de l’église Saint Etienne de Nevers, hélas décapitée par les barbares de la dernière décennie du XVIII
e
siècle.
Quelques documents héraldiques viendront ensuite jeter quelque éclat dans le catalogue.
Et nous aurons l’indiscrétion de parcourir deux ensembles d’archives amoureuses : les lettres écrites par une jeune fille à son fiancé
emprisonné pour cause de religion (protestante); et le journal d’amour (et de fantaisie) tenu par le mari éloigné de sa femme durant son
long voyage maritime qui le mena jusqu’en Chine.
Les sceaux nous replongeront en plein « moyen-âge » (on nous pardonnera ce terme impropre entre tous !) : ce seront une soixantaine de
matrices des XII
e
au XV
e
siècle, parmi lesquelles une pièce de la plus haute exception : la matrice de l’abbaye du Mont Saint Michel (vers
1280
) ! Égarée dès le XIV
e
siècle, elle n’est réapparue que très récemment. Il faut féliciter Monsieur P., qui l’a redécouverte, identifiée,
authentifiée, et qui maintenant nous en fait bénéficier. Incroyable richesse de notre pays, dans lequel on trouve encore, malgré tant de
péripéties patrimoniales, de tels trésors !
Les empreintes des sceaux de Philippe le Bel et de sa femme Jehanne de Navarre nous porteront à un niveau royal. Cela existe-t-il donc
encore en mains privées ? Et les sceaux des seigneurs de Dampierre en Champagne, ne sont-ils pas eux aussi uniques ?
Voilà qui ouvre la voie au chapitre consacré à nos Rois, à ces Rois & Reines qui, quasiment, firent et qui furent notre patrie. Une copie
fin XVIII
e
du testament méconnu de Marie Antoinette, le portrait inconnu de Louis XVII et de sa sœur, un double feuillet écrit par ce
même Dauphin, peu avant son atroce emprisonnement révolutionnaire...
Et l’histoire, en fait, n’est-ce pas guerre sur guerre ? Le XX
e
siècle nous en a livré la cruelle leçon... Cette leçon, nous n’avons pas reculé
devant elle. Nous l’avons regardé en face. Voilà pourquoi nous n’avons pas hésité à livrer à vos yeux le témoignage brutal de tant de
souffrances. Pour nous, une vente n’est pas faite uniquement pour vendre. C’est plutôt une occasion de montrer certaines choses, de
permettre qu’elles changent de mains, et devant cela l’aspect économique n’est plus primordial. C’est pourquoi la Maison Millon &
le Cabinet Honoré d’Urfé ont décidé que les bénéfices dégagés par la vente de deux lots (les vêtements d’un interné au Struthoff & à
Dachau, et le drapeau capturé sur le corps d’un fellagha en
1958
) seront reversés, les premiers au Comité du mémorial du Strufhoff, les
seconds à l’Association de l’Entraide parachutiste.
Des livres anciens et modernes, sur tous les sujets possibles, viendront clore cette vacation.
Que les amateurs sachent que, pour la quasi-totalité, les choses présentées ici proviennent de familles, de maisons, d’anciennes collections.
Et pareillement, que les personnes qui envisagent de vendre un bien historique sachent qu’elles peuvent nous accorder toute leur
confiance car nous offrirons à leurs objets un riche catalogue, largement illustré & convenablement décrit, ce qui est la première garantie
du succès d’une vente.
Ainsi, nous aurons à nouveau le plaisir de partager avec vous l’émotion émanant des choses où survivent encore les braises du passé.
Roch de Coligny