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201.
Charles-François dumouriez
(1739-1823) général, il gagna les batailles de Valmy et Jemmapes et conquit la Belgique ; battu à
Neerwinden, il passa à l’ennemi. M
anuscrit
signé (en tête) avec
corrections
autographes,
Tableau speculatif de l’Europe
, février 1773 ;
27 pages in-fol. (qqs taches, qqs petites déchirures marginales et effrangeures avec perte de qqs lettres).
600/800
M
émoire
sur
l
état de
l
’E
urope
réalisé
pour
le ministre de
la
G
uerre
le marquis de
M
onteynard
,
et destiné à
L
ouis
XV. [à cette époque, le colonel
Dumouriez, qui avait déjà réalisé une importante mission secrète pour le duc de Choiseul en Pologne, attend d’être employé par le
nouveau ministre des Affaires étrangères, le duc d’Aiguillon. Ce mémoire est longtemps resté inédit et ne fut publié qu’en 1899 par
P. Bonnefon, « Un mémoire inédite de Dumouriez sur l’état de l’Europe en 1773 », dans la
Revue historique
.] Dumouriez critique le traité
de Versailles qui a porté un coup funeste à l’équilibre européen, fondé sur le traité de Westphalie. Il faut examiner l’Europe au point
de vue de l’intérêt topographique, « immuable », cause de l’essor et de la décadence des peuples : en témoigne la Pologne. Puis il se
livre à sa « spéculation » qui examine, l’un après l’autre, la Russie, la Prusse, l’Angleterre, l’Autriche, le Danemark, la Suède, la Hollande,
l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, la Suisse, la France, l’Italie et la Turquie d’Europe. Nous citerons quelques extraits de ses remarques
sur la France : « La France est donc devenue une Puissance passive, une des premieres que l’
interet topographique
invite à attaquer »…
De faibles administrateurs, « plus courtisans que Ministres », cherchent à couvrir les dangers. Le pays n’a plus que deux grands alliés :
l’Espagne, affaiblie par ses possessions trop étendues, et l’Autriche, de mauvaise foi ; les autres lui sont à charge. « Quel Royaume est
plus rempli de moyens en population, en esprit national, en commerce, en agriculture, en argent ? Quelle honte n’est-ce pas pour la
première Puissance de l’Europe d’être devenue une Puissance de second ordre ? Tandis que le Roy de Prusse par son genie, la Russie
et l’Autriche en s’epuisant sont à présent les trois Puissances preponderantes tandis que le Nord armé en entier menace le Midy,
comment la France ne sent-elle pas quelle est le boulevard de l’Europe, que sa position doit lui faire tenir la balance, et qu’elle n’a
pas de milieu entre être respectée, ou être asservie ? Comment une aussi grande Puissance est elle absorbée par le luxe et les idées
financieres, lorsque l’Europe est toute guerriere ? »… Etc.
202.
ÉMIGRATION
. [
Jean Charles, baron de montalembert
(1757-1810) général et émigré, il combattit à Saint-Domingue puis servit
dans l’armée anglaise]. 19 L.A. à lui adressées à Saint-Domingue par un abbé, dont une signée « l’aumonier », Londres et Nexport 1793-
1796 ; 95 pages in-fol. ou in-4, qqs adresses, reliées (dans le désordre) en un vol. in-4, demi-basane brune (rel. usagée). 1.800/2.000
I
ntéressante
correspondance
d
un
F
rançais
émigré
en
A
ngleterre
,
adressée
au
baron
de
M
ontalembert
,
alors
colonel
dans
l
armée
des
P
rinces
et
chargé
d
organiser
une
légion
à
S
aint
-D
omingue
. Cet abbé, ami chargé des affaires du général et de l’éducation de son fils René en
Angleterre, dont il est le « père adoptif » et « père grognon », parle avec familiarité du « papa », de « la maman », du caractère et
des capacités de René. Il se montre un utile intermédiaire auprès d’interlocuteurs militaires ou politiques anglais, et parfaitement au
courant des mouvements de fonds et de troupes vers la légion Montalembert, à Saint-Domingue. Il reflète aussi la vision de la France
révolutionnaire par un émigré. Nous ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de ces longues lettres.
28 janvier [
1793
]
,
exécution
de
L
ouis
XVI : « Le crime est consommé […] les monstres ont osé condamner notre malheureux roi. La faction scélerate triomphe et
le juste, l’homme par excellence n’est plus depuis lundy 21 à dix heures 22 minutes du matin ». Il raconte les questions posées aux
conventionnels, la répartition des voix, les vaines protestations, ainsi que le comportement très digne de L
ouis
XVI : « Il est mort avec
fermeté avec courage et surtout avec la resignation la plus chrétienne. Il a prié tout le long du chemin. Il a dit lui-même les prières
des agonisants »… Il raconte aussi l’assassinat de L
e
P
eletier
de
S
aint
-F
argeau
, et les conséquences : six ans de galères pour ceux qui
recèleraient un émigré…
5 août
. Nouvelles des redditions de Mayence et de Valenciennes, des assignats et du prix des marchandises.
La guillotine « va toujours son train. Le malheureux C
harrier
chef de l’insurrection du Gévaudan a été exécuté. Le général L
a
M
orlière
est arreté et conduit à Paris. C
ustine
est dans les prisons de l’Abbaye. On l’accuse d’avoir puni severement et arbitrairement les
patriotes. […] On ne dit plus rien de M
r
É
galité
. Il est toujours dans sa prison à Marseille. Il semble que la providence le retient là en
reserve pour le jour des vengeances. Vous avez appris, sans doute, la mort de M
arat
et celle de son assassin, guillotinée le lendemain
et morte avec un courage et une fermeté digne d’une meilleure cause »… Il exprime quelques réserves quant à M
onsieur
[le comte de
P
rovence
], des craintes pour la famille royale retenue au Temple : « On assure qu’il se médite quelque coup fourré pour le 10 aoust,
jour fixé pour l’acceptation générale de la constitution republicaine. On espère pourtant que la mort de M
arat
, la fuite de P
etion
,
l’emprisonnement d’une foule d’autres membres tels que B
rissot
, B
arbaroux
, &c. ralentiront un peu le zèle des assassins, d’ailleurs
É
galité
n’est plus là pour payer les crimes et les forfaits. D
anton
, R
obespierre
cependant restent encore et ils sont les maîtres. Les princes
sont toujours dans leur coin, ils ne paroissent en rien et pour rien […] La
reine
sera regente – à son défaut ce sera M
de
É
lisabeth
. Le prince
de C
ondé
sera seul dans le conseil, il est question de retablir pour lui la charge de connétable »…
4 février [
1794
]
. Les Alliés ont perdu
leurs avantages en Bavière et en Alsace, et les royalistes les leurs en V
endée
. Ces derniers, qui n’avaient jamais connu d’échec marquant,
en ont essuyé un « qui a jetté l’allarme parmi eux, qui a empeché la descente, et qui à fait fusiller 2 où 3 mille de leurs prisonniers.
T
oulon
a été évacué – une partie de ses malheureux habitans se sont enfuis sur la flotte angloise. Les autres sont devenus les victimes
des monstres qui les font fusiller par centaines et nous nous sommes vus une seconde fois aussi malheureux qu’on l’étoit à la fin de
92 après la fameuse retraite »… Il expose la stratégie militaire des Autrichiens sous le commandement de C
lerfayt
et C
obourg
, des
Prussiens sous M
ollendorf
et le Roi de Prusse, et des Anglais qui pourraient débarquer en Picardie… M
onsieur
a écrit au maréchal
de B
roglie
, lui envoyant argent, diamants et jusqu’aux épées de ses enfants, présents de l’Impératrice, pour être vendus et la valeur
distribuée aux officiers malheureux…
1
er
octobre
. « Les affaires de l’Europe vont toujours de mal en pis. Les françois sont les maîtres de
toute la Flandre autrichienne – Condé, Valenciennes, Le Quesnoi, &c sont repris par eux, sans qu’ils aient tiré un seul coup de canon.
Et dans ce moment, ils sont sur le territoire hollandois prêts à faire le siège de quelques fortes places, où d’aller en avant »… De même
en Espagne, en Piémont, du côté du Rhin… Des signes inquiétants de principes jacobins apparaissent dans d’autres pays européens ;
cependant les exécutions sont plus rares depuis la chute de R
obespierre
5 novembre
. Le monstre, toujours victorieux, a forcé les alliés
à se replier au-delà du Rhin ; il assiège Maëstricht, Berg-op-Zoom et il bloque Luxembourg. L’horizon est noir : « on dit que le roi de
Prusse fait sa paix »…
1
er
juillet [
1795
]
. Les alliés ne font rien depuis la défection du Roi de Prusse, sauf l’Angleterre, qui vient de prendre