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210.
Louis de frotté
(1766-1800) général en chef de la chouannerie normande, il fut fusillé. L.A., 17 juin [1797], à un Citoyen ; 4 pages
in-4.
500/700
B
ulletin
politique déguisé
en
lettre de commerçant acquis à
la
R
évolution
. Il lui a adressé plusieurs lettres d’avis et de factures et il réclame
les fonds nécessaires « pour continuer la spéculation » dont il est chargé : si les paiements sont suspendus, ils perdront le fruit de
leurs déboursés, alors que « nous aurions l’espoir de tirer le meilleur parti de nos manufactures si nous pouvions les bien établir et en
payer les ouvriers »... « Je ne vous parlerai guere de la position politique de ce pays les plus fins ny connaissant plus rien, et dailleurs je
vous avoue que je ne m’en occuppe quen raison de l’inffluence que peuvent avoir les affaires générales sur celles de mon commerce,
la tranquilité commence à régner dans ce pays comme dans tous les autres, le soleil y fertilise la terre, les moissons promettent
dêtre abondantes d’ailleurs on y mange, on y boit, on y dort comme partout ailleurs, toutes les lois révolutionaires et tiraniques qui
absorbaient notre Constitution vont peu à peu dit-on être révoquées, le culte catholique sera permis comme les autres et même le
G
vt
paraît s’occuper de vouloir faire rentrer les pretres déportes, il ferme les yeux sur la rentrée des émigrés paisibles et qui nont pas
porté les armes. Le corps legislatif paraît sempresser délaguer tout ce qui peut faire détester ce nouveau régime et la paix mettra le
comble à nos veux en nous faisant jouir du repos, après des secousses violentes, et c’est alors que l’on jouira vraiement de la liberté et
du bonheur, que l’on nous promet depuis si longtems. Il faut espérer que le G
vt
ainsi consolidé par un régime doux enver les hommes
paisibles, mais severe, et terrible pour ses ennemis, rétablira le calme dans lintérieur et que nous n’y aurons plus de troubles. Nous ne
sommes pas encore entierement exemts d’inquietudes. Lon dit que P
uisaye
, et F
rotté
, sont en Normandie ou ils cherchent à remuer,
mais on à pris de grandes mesures pour les attrapper et s’ils y sont, le G
vt
est bien sur quils n’échapperont pas. D’ailleurs ces ennemis
de notre repos sont bien moins à craindre depuis que lon soccuppe déteindre la source de toutes les guerres intestines qui ont eu
lieu en en détruisant le principe, il ny à plus de Terreur, il ny à plus de requisitions, on rend, la Religion, que diable veulent-ils de plus ?
Cependant malgré tous ces biens faits le gouvernement n’est point aimé. Les directeurs surtout ont un très grand nombre d’ennemis
lon dit que la tres grande majorité de la nation voudrait voir un Roi à leur place mais s’ils font le bien que lon espererait de ce roi,
on cèssera de les détester. Nous avons deja un bon directeur (B
artelmy
) [...] et insensiblement nous aurons tous bons directeurs qui
feront cherir leur domination, tous ceux qui desirent un Roi parce quils ont souffert ny penseront plus lorsquils ne souffriront plus.
Dailleurs quoique lon dise les Royalistes très nombreux je ne vois pas quils soyent fort inquietants il me semble que toutes leurs
conspirations se bornent à se réunir en petites cotries pour boire à la santé de Louis XVIII et maudir la Republique, mais cela ne fait
pas plus de bien à L. XVIII que de mal à notre gouvernement »... Malgré l’heureuse perspective d’ennemis de la Révolution apaisés dès
lors qu’ils rentreront dans leurs biens, cette tranquillité aura été payée bien cher ; et il ne souhaite pas de révolution chez son ami :
« c’est toujours une grande calamité »... Il termine en affirmant : « L’univers peut changer mon ame est infflexible »...
211.
Louis de frotté
. L.A.S. « Ferdinand » et L.A. (incomplète de sa fin), 15 juin et 25 août 1797 ; 2 et 4 pages in-4, 2 feuillets d’adresse à M.
Francisque à Londres dont un avec cachet de cire rouge à la levrette.
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I
ntéressantes
lettres
codées
sur
sa
situation
difficile
à
soutenir
. Il est sans le sou et a toujours sa nombreuse famille sur les bras : « Cette
position quoique très épineuse pour moi personnellement ne ferait que redoubler mes soins et mon travail pour satisfaire ceux
qui mont envoyé ici, si mon dévouement pouvait suffire pour faire de bonne besogne vraiement utile, et avantageuse mais quel
branche de commerce veut-on que s’entreprene ? sans argent »... Les ouvriers de « la veuve Louise Vincent » l’attendent toujours avec
impatience : elle devrait donner de ses nouvelles ; la difficulté de recouvrer les fonds indispensables peut bien l’empêcher de venir,
mais non pas d’écrire. « Comment se fait-il ? que le 28 avril, Louise me mande quelle va se mettre en routte et que depuis ce tems elle
ne me donne aucun signe de vie, ni vous non plus. J’avoue que cet abandon n’est pas encourageant pour moi, ni avantageux pour nos
affaires. [...] L’on m’a instruit que Josephine ou ses amis étaient revenus et quils sont aux environs de Sées pour chercher à y enlever
mes pratiques. Si lentrepreneur general des manufactures, na pas paré d’une maniere postives à ces inconvenients je ne puis espérer
de les repousser moi-même dans la situation peinible ou je me trouve »... – Ils sont continuellement à la veille d’une crise violente :
« Les Jacobins, les directoriaux, les orleanistes, les conseils, et les Royalistes forment les differents partis et chacun deux cherche à
s’éttayer de ce qui lui ressemble le plus pour ecraser les autres. Souvent l’on dit ce soir, demain cela sera peut-être chaud, il y aura
un attaque.. et cependant tout cela tranquile et toutes les oppinions vont se réunir à Tivoly, aux bals, &c &c. Tout le monde danse
et samuse ensembles en attendant quon segorge »... Il analyse les forces respectives des Jacobins, unis par B
arras
, des Orléanistes,
intrigants, et des conseils divisés. Il demande avec instance « que si je dois continuer à maintenir ma partie dans letat ou elle est quil
soit fixé une somme pour cette partie qui passera par Louise mais qui sera déterminée attendu quen raison de notre liaison je sais
quil y aurait des gens qui croiraient ou craindraient toujours que je ne fusse favorisé. [...] Les nouvelles que jai reçues de Bretagne me
mettent dans une de ces positions asses bisares. Josephine me mande-t-on officielement est chargée de la direction militaire, civvile,
politique et financiere de tous les departements de l’ouest et travaille pour menvoyer les secours necessaires afin de combatre et
decraser les enemis de lautel et du trone. Comme la calomnie la été par sa belle et bonne surtout veridique justiffication. C’est dici
me mandes vous que je dois tirer tous les fonds qui me sont destinés et ou je dois donner mes etats &c &c. De maniere que chef dans
ma partie je me trouve entre deux autorites qui je crois ne marcheront pas du même pied, et ne reçois de secours daucune d’elle de
maniere que je nai pour tout bien que des promesses et des incertitudes »...
O
n
joint
une L.A.S. de son père Henry, comte de F
rotté
de
la
R
imblière
, Londres 5 janvier 1798.
212.
Henry, comte de frotté de la rimblière
(1743-1823) officier et émigré, père de Louis de Frotté ; la Restauration le fit maréchal de
camp honoraire. L.A.S., Londres 5 janvier 1798 ; 1 page in-4.
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Il regrette d’avoir manqué son correspondant, « mais il est une route que nous fréquantons vous, et moi ou nous nous rencontrerons
toujours, je la suivrai jusqua la mort. Voyageons ensemble et de concert, et surement nous arriverons au but. Je vous envoie le compte
que je vous doit, ma situation est peinible, je la suporterois avec courage si elle ne portoit que sur moi. Le premier de tous nos vœux
au commencement de cette année est pour la conservation de nos augustes maîtres je les servirai de toutes mes facultés, de tout
mon cœur ! Quand ils seront où je les desire je retournerai dans ma retraite les respecter, et les aimer dans le silence »…