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Venu de la région lyonnaise, Lucien Choudin a pris la route de Ferney-Voltaire en 1958, deux
cents ans après la publication de
Candide
. Il est arrivé dans le Pays de Gex par une belle journée
d’automne, ébloui par la beauté des paysages adossés aux longues pentes du Jura et filant jusqu’aux
rives du lac Léman. Voltaire avait eu la même vision — ou presque — à son arrivée à Ferney. Et c’est
sans doute une des raisons pour lesquelles il y a finalement passé les vingt dernières années de sa vie.
Pas encore voltairien, Lucien s’occupa d’abord de son cabinet dentaire et de sa famille grandissante.
Mais Voltaire l’attendait, en ville et au château, à chaque coin de rue, et lorsque Lucien Choudin dut
choisir le sujet de sa thèse de doctorat en chirurgie dentaire, ce sont tout naturellement les dents de
Voltaire qui se sont imposées. Soutenue et parue en 1978, cette thèse étudie au jour le jour le naufrage
de la denture du patriarche. Elle est dédiée à Mireille, épouse et fidèle soutien, ainsi qu’à la famille
Cornu, antiquaires de Ferney, « à qui je dois de connaître et d’aimer le XVIII
e
siècle ».
Ce sont surtout les Cornu — et les libraires de livres anciens — qui ont aidé Lucien Choudin à
constituer sa bibliothèque voltairienne. Cette large collection lui a permis d’entreprendre la belle série
de ses publications sur Voltaire et Ferney :
Deo erexit Voltaire MDCCLXI
(1983) ;
L’Église de Ferney
1760-1826
(1983) ;
Ferney-Voltaire, pages d’histoire
(1984, étude collective) ;
Histoire ancienne de
Ferney
(1989) ;
Journal du curé Delacroix
(1990), farouche antivoltairien de la fin du XIX
e
siècle ;
Le Château de Voltaire, deux siècles d’images
(2002).
Pendant plus d’un demi-siècle, Lucien Choudin s’est trouvé au cœur de la vie intellectuelle et
culturelle de Ferney-Voltaire et du Pays de Gex, se dépensant sans compter pour soutenir et encourager
ceux qui, comme lui, posaient à leur tour le pied sur le domaine et dans le siècle de Voltaire. L’hospitalité
du « Jardin de Candide », sur la colline surplombant Ferney, restera légendaire. Sur les terres du curé
de Moëns, qui avait été le grand ennemi de Voltaire, Mireille et Lucien recevaient amis et visiteurs.
A l’image du château au temps de Voltaire, ce lieu a joué un rôle essentiel dans la vie d’une région en
pleine évolution.
Président de Voltaire à Ferney et du Centre international d’étude du XVIII
e
siècle, vice-président
de la Société Voltaire, Lucien Choudin a joué un rôle déterminant dans l’acquisition du château de
Voltaire par l’État, en 1999. Il continue de soutenir inlassablement le développement de ce patrimoine
culturel, qui prend désormais un nouvel essor.
Témoin de ces années de travail et d’ouverture, la bibliothèque voltairienne de Lucien Choudin
s’apprête aujourd’hui à partir vers d’autres horizons, à la rencontre de nouveaux enthousiastes, de
nouveaux gardiens. Puissent-ils en profiter aussi pleinement et en faire un aussi bon usage !
Andrew Brown
Directeur du Centre international d’étude du XVIII
e
siècle
à Ferney-Voltaire