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345.
Henri d’Orléans, duc d’AUMALE
(1822-1897) fils de Louis-Philippe, général. 285 lettres ou pièces, la plupart
L.A.S. (3 incomplètes), Medeah, Constantine, Saint-Cloud, Eu, Neuilly, Compiègne, Chantilly, château de Belfort,
Villiers, Alger, Richmond, Claremont, Saint-Leonard-on-the-Sea, Londres, Ostende, Twickenham, Naples
1843-1856, à Raymond François Laplagne-Barris (quelques-unes à son successeur, Adolphe Couturié), plus
environ 125 minutes de lettres de Laplagne-Barris au duc d’Aumale ou à divers, et environ 50 lettres jointes
de divers ; environ 900 pages formats divers (quelques en-têtes
Armée d’Afrique
,
Gouvernement général de
l’Algérie
), nombreuses enveloppes, et environ 350 pages, le tout collé ou monté dans 3 volumes in-4 de réemploi,
reliures anciennes demi-basane fauve à coins, veau racine, et parchemin, étiquettes manuscrites collées au dos.
10.000/15.000
Très importante correspondance sur l’administration de ses biens et du domaine de Chantilly, ainsi que sur son
patrimoine et celui de la famille d’Orléans.
Raymond-François Laplagne-Barris (1786-1857), magistrat et pair de France (1837), président de la chambre criminelle
de la Cour de Cassation (1844), fut un excellent administrateur des biens du duc d’Aumale. À sa majorité, le 16 janvier 1843,
Aumale le reconduisit dans cet emploi qu’il conserva jusqu’à la révolution de février 1848, époque à laquelle le séquestre fut
apposé aux biens du prince, et un délégué du gouvernement provisoire, Hippolyte Biesta, nommé pour remplacer Laplagne-
Barris. Plusieurs mois de négociations avec le nouveau régime aboutirent à un accord par lequel l’administration de ses biens
fut restituée à Aumale, Biesta restant « commissaire spécial près l’administration des biens du duc d’Aumale » ; Aumale nomma
alors administrateur son ami d’enfance, Adolphe Couturié, alors qu’officieusement Laplagne-Barris reprenait ses fonctions.
Le magistrat fut aussi l’un des exécuteurs testamentaires de Louis-Philippe.
Cette correspondance a été montée dans trois forts volumes recyclés, portant les ex-libris
Bibliothèque de M
r
Laplagne
Barris
et
Bibliothèque
du Château de Laplagne
(à Montesquiou, Gers), les lettres étant soit montées sur les onglets formés
par les pages coupées, soit collées sur des pages imprimées conservées, soit intercalées : I
Life of Thomas Telford […] written
by himself
(London, Payne and Foss, 1838), qui renferme plus de 130 documents de 1843 à 1850 ; II
Comptes généraux des
hôpitaux, hospices civils, enfans abandonnés … de la Ville de Paris
(Impr. des hôpitaux et hospices civils, an IX [1805]), qui
renferme plus de 70 lettres et pièces des années 1840 à 1856 ; III
La Lucania, discorsi di Giuseppe Antonini, barone di S. Biase
(Napoli, Francesco Tomberli, 1795), qui renferme plus de 80 lettres d’Aumale, 1851-1854, et la plus grande partie des minutes
et copies de lettres de Laplagne-Barris. Nous ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de cette correspondance qui témoignent
avec beaucoup de précision des affaires de fortune et de famille de l’officier, du prince et du proscrit.
I. Les premières lettres sont datées d’Algérie : malgré une vie « nomade », Aumale répond à des envois concernant les
coupes de bois dans ses domaines (Medeah 8 février et 27 mars
1843
). De retour à Saint-Cloud, il envoie des instructions
pour des travaux à Chantilly, et le croquis du cachet qu’il désire pour l’administration de ses biens (13 octobre)… L’an
1844
le retrouve à Constantine : Aumale envoie des instructions détaillées relatives à l’acquisition d’une maison à Chantilly pour
loger les jardiniers, la répartition d’un budget augmenté de travaux au château, l’acquisition du château et des domaines
de Châteaubriant (16 janvier, 5 février, 6 juin)… De retour à Neuilly, en
1845
, il suit de très près les travaux à Chantilly,
exprimant ses souhaits quant aux portes et plafonds, demandant des cotes exactes, fournissant un dessin pour le carrelage
de la salle à manger et demandant la restauration des portraits du Grand Condé et de son petit-fils (15 et 18 mars). Victor
Dubois, son architecte ordinaire de Chantilly, est souvent nommé ; le prince prévoit de l’employer aussi à Châteaubriant ;
il craint de perdre un architecte aussi talentueux, et le nomme architecte-inspecteur-général… Il est question du tracé des
jardins, de devis, d’artisans, de gibier et de baux de chasse à conclure avec l’État ; Aumale ordonne le règlement de l’affaire
de l’hôpital de Chantilly et la création de lits à Saint-Léonard : « Je ne veux pas que les pauvres souffrent des chicanes que
me font les riches » (Medeah 18 avril
1846
)… Il consulte Laplagne-Barris sur une proposition d’investissement du prince de
la Moskowa, craignant d’avoir trop dit sur la lente liquidation des dettes du duc de Bourbon, l’intérêt qu’il porte à la Société
d’adjudication des mines de Bône, l’impossibilité de réaliser 200 000 francs sans contracter un emprunt, etc. (13 juin
1847
)…
Il l’entretient aussi d’une usine et des forges de Bretagne, de dons, souscriptions, et dépenses extraordinaires, et de la succession
de sa « pauvre tante » (Madame Adélaïde ; intéressante réponse de Laplagne-Barris concernant le testament, le legs, et les
remarques et intentions de Louis-Philippe, 10 février
1848
)… Réfugié en Angleterre, il aurait besoin de ses conseils : Couturié
lui soumettra leur correspondance. « Du reste tout ce qui me revient de l’adm
n
de M. Biesta me fait croire que, hormis les abus
de Chantilly qu’il faut attribuer surtout au manque d’éducation et aux mauvaises influences, il a en somme administré dans
mes intérêts » (19 novembre)… En décembre, il évoque l’éventualité d’un rappel des lois de proscription (extrait d’une lettre
au général Dumas à ce sujet), et définit les rôles respectifs de Couturié et Laplagne-Barris (31 décembre)…
1849
voit une
correspondance intense, à cause de sa situation « précaire » : il est question d’emprunts et de procurations, d’une dette envers
son père Louis-Philippe, de la dot de sa femme, et de la situation hypothécaire du domaine de Chantilly... « Je ferai lire votre
note à la Reine et à Nemours. Je ne crois pas que,
quant à moi
, je doive en parler au Roi, à moins que vous ne jugiez la validité
de l’acte que le Roi et moi avons signé au mois de février comme assez inattaquable pour que l’on puisse demander la main-
levée aux divers membres de la famille, sans avoir à redouter la publicité inséparable de cet acte » (19 janvier). Il est consterné
d’apprendre par Dupin que lui et ses frères sont personnellement engagés, « et tous nos biens, par le dernier traité signé avec
les créanciers. Si cela est, ma loyauté a été surprise. Je n’ai entendu engager […] que les biens provenant de la Donation du
7 août » (24 février)… On lit entre les lignes que les capacités de Louis-Philippe sont diminuées : si la Reine comprend bien, le
Roi ne comprend qu’«
assez bien
» : « Je n’ai pas insisté », avoue-t-il (21 mars)… Persigny, « qui passe pour un des familiers
de M. L
s
Bonaparte », aurait exposé dernièrement « les inconvénients de la gêne financière du Président », et exprimé « son
désir de le voir rentrer en possession d’une partie de ma fortune ». Aumale croit que Louis Bonaparte est un honnête homme :
« Cependant il m’intentait une action judiciaire le lendemain du 24 février ; son entourage est moins scrupuleux que lui »