Page 9 - cat-vent_rossini8-06-2012

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du Moyen Âge, les églises italiennes, de Rome aux Alpes, ont beaucoup prisé ces graduels monumentaux, très richement décorés. Leur
esthétique doit être mise en rapport avec les
cantorie
de marbre ou de bronze, ornées de bas-reliefs exubérants, qui se multiplièrent au
même moment dans les édifices religieux. C’est dans ces édicules ou tribunes souvent somptueux que se plaçaient les chanteurs et les
maîtrises : c’est donc là qu’étaient ouverts ces graduels, livres rassemblant les chants propres pour tous les dimanches, féries et fêtes de
l’année. La même monumentalité architecturale est donc souvent sensible jusque dans le format et l’enluminure des manuscrits, tout en
se rattachant aux courants et modes artistiques particulières des diverses régions ou villes italiennes.
Cette page offre un exemple d’une excellente facture de l’enluminure en Lombardie dans le troisième quart du XV
e
siècle. Les motifs
ornementaux de l’initiale et des rinceaux dans les marges, amenés à une perfection illusionniste étonnante par la maîtrise technique du
camaïeu, surgissent de la page, tels des bas-reliefs peints de couleurs vives. Ces motifs, tous végétaux quoique de fantaisie, font l’effet d’être
sculptés dans la matière. Le contraste avec la scène délicate de la Nativité dans le champ de l’initiale est flagrant et savoureux : ainsi
coexistent sur une même page l’élégante délicatesse héritée du gothique international et les formules décoratives perfectionnées par
l’enluminure italienne depuis le XIII
e
siècle.
Miniature frottée avec manques d’or.
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