Pierre Bergé tourne les pages … a décidé de se séparer de sa bibliothèque personnelle

Pierre Bergé. Le mécène, collectionneur et homme d’affaires a décidé de ce séparer de sa bibliothèque personnelle. En choisissant de disperser sa bibliothèque, cinq ans après la vente de la collection d’oeuvres d’art qu’il avait constituée avec Yves Saint Laurent, Pierre Bergé cède un pan d’une histoire ébauchée il y a près de soixante-dix ans lorsque, jeune provincial et déjà fou de littérature, il débutait à Paris comme courtier en livres anciens.

Première vente en décembre 2015 à Drouot.

En choisissant de disperser sa bibliothèque, cinq ans après la vente de la collection d’oeuvres d’art qu’il avait constituée avec Yves Saint Laurent, Pierre Bergé cède un pan d’une histoire ébauchée il y a près de soixante-dix ans lorsque, jeune provincial et déjà fou de littérature, il débutait à Paris comme courtier en livres anciens. Orchestrée par la SVV Pierre Bergé & Associés en collaboration avec Sotheby’s, la première des sept ventes se tiendra en décembre 2015 à Drouot. Elle révélera un florilège d’une centaine de pièces coiffant six siècles de littérature, de saint Augustin à André Breton, de la toute première édition des Confessions imprimée à Strasbourg en 1476 au manuscrit autographe de Nadja.

Pour constituer cette fabuleuse collection littéraire, rassemblant plus d’un millier de livres et de manuscrits précieux du XVe siècle au XXe, Pierre Bergé a avancé, comme Montaigne, « à sauts et à gambades », là où son goût le portait. Longtemps tenue secrète, sa collection de livres rares avait partiellement été dévoilée à l’occasion d’une exposition à la bibliothèque de l’Arsenal, il y a un an. On pouvait y admirer des introuvables : l’édition originale des oeuvres de Louise Labé conservées dans leur condition primitive tout comme celle des Essais de Montaigne, l’unique exemplaire connu du journal de lycéens où Proust publia ses tout premiers textes, l’exemplaire de Madame Bovary que Flaubert adressa à Victor Hugo, ou encore les neuf fascicules des Poésies de Mallarmé que le poète avait parés d’un envoi (couplet final) différent à sa muse, Méry Laurent.

Le « goût Bergé »

Apparaissaient déjà dans cet ensemble d’une trentaine d’oeuvres les liens insoupçonnés que Pierre Bergé avait tissés au fil de toutes ces années, des goûts et des dégoûts assumés, des enthousiasmes littéraires et des écrivains fétiches, tels que Montaigne, Flaubert, Stendhal ou Gide. Avec toujours un plaisir pour les mots et sans distinction de culture. Comme on le verra dans les différentes vacations, Pierre Bergé n’a pas hésité à traquer ses auteurs de prédilection dans leur langue d’origine : Pouchkine, Gogol et Dostoïevski, Edgar Poe, Walt Whitman et Gertrude Stein, William Shakespeare et James Joyce, Dante, Pétrarque et Casanova, Schopenhauer, Goethe et Schiller… Et du côté des auteurs français, il n’a eu aucun atermoiement à mêler classiques et maudits.

Sa bibliothèque révèle aussi d’autres attraits : elle ne se limite pas seulement à la littérature, elle s’ouvre sur la botanique, l’art des jardins, la musique – l’objet d’une vacation particulière – ainsi que sur les grands débats philosophiques ou politiques. Partout où « le goût Bergé » trouve à s’incarner.

Ref : Le Point Le 12/10/2014 par Pauline Simons

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