Lot n° 62
Sélection Bibliorare

André GIDE (1869-1951). Manuscrit autographe, [L’Offrande lyrique, 1913] ; cahier in-fol. de 56 ff. (plus ff. vierges) sur papier ligné (qqs ff. découpés ou enlevés), couverture de carton vert et dos toilé rouge.

Estimation : 4000 / 5000
Adjudication : 4000 €
Description
Manuscrit de travail pour sa traduction de Gitanjali de Rabindranath Tagore, d’après la version anglaise en prose, Song Offerings, donnée par l’auteur en 1912. L’Offrande lyrique de Tagore, dans la traduction d’André Gide, parut en décembre 1913 à la Nouvelle Revue Française.Le manuscrit comprend 80 poèmes sur les 103 du recueil imprimé, les autres (1, 56, 67 à 73, 80, 84, 86, 92 à 100, 102 et 103) ayant été soustraits pour prépublication dans la Nouvelle Revue Française (n° 60, 1er décembre 1913, pp. 831-851). Gide a traduit les pièces dans l’ordre, sur la moitié droite du recto des feuillets, avec de nombreuses et importantes ratures et corrections ; la moitié gauche peut porter un extrait du texte anglais, un premier jet au crayon, ou la mise au net d’un passage particulièrement remanié et surchargé. On relève de fréquentes interversions et nouvelles leçons, ainsi que de nombreuses variantes par rapport au texte imprimé. Ainsi XXI : « Il me faut mettre à flot (?) ma barque » (deviendra : « Est-il temps de lancer ma barque ? ») ; LI : « Nous avions accompli notre tâche quotidienne » (« Notre tâche du jour était faite ») ; LV : « Ton cœur est languissant encore et tes yeux sont ensommeillés » (« La langueur pèse sur ton cœur, encore et l’assoupissement sur tes yeux »), etc. Gide indique des hésitations, soit par des points d’interrogation, soit plus explicitement : « à retraduire ». La plupart des poèmes sont marqués, en haut à gauche par « bon » ou « b », suivi de « D » ou « R » (dactylographier, revoir ?).Citons le premier poème du manuscrit (II), avec les premières rédactions biffées entre crochets droits :« [Lorsque] Quand tu m’ordonnes de chanter, il semble que mon cœur [eut du] doive crever d’orgueil ; et je regarde vers ta face, et des pleurs me viennent aux yeux.Tout le rauque et le dissonant de ma vie fond en une seule suave harmonie – et mon adoration éploie les ailes comme un joyeux oiseau [qui prend] dans sa fuite à travers la mer.Je sais que tu prends plaisir à mon chant. Je sais que, comme un chanteur seulement, je [parais] suis admis en ta présence.Mon chant largement éployé [frôle] touche de [la pointe] l’extrémité de son aile tes pieds que je désespérais d’atteindre.Ivre de cette joie du chanter, je m’oublie moi-même et je t’appelle ami, toi qui es mon Seigneur. »On joint 7 feuillets de brouillons autographes (« chapeau » de présentation, pièces 98, 101, 102 et 103...), et la dactylographie des pièces 76 et 77 avec corrections autographes.
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