Lot n° 4

Apollinaire (Guillaume). - Derain (André). L'enchanteur Pourrissant. Illustré de gravures sur bois par A. Derain. Paris, Kahnweiller, s.d. [1909]. In-4, broché, couverture de parchemin, boìte demi-maroquin noir doublée de velours noir, étui...

Estimation : 25000 / 35000
Adjudication : 32,000 €
Description
(Loutrel). Édition originale du premier livre d'Apollinaire, entrepris en 1898 et dont André Breton dira que c'est l'un de ses plus admirables, illustré de 32 gravures originales sur bois hors et dans le texte par André Derain. Tirage à 129 exemplaires. Un des 100 sur Hollande, signé par l'auteur et l'artiste (n° 27). Exemplaire en état absolument parfait portant CE MAGNIFIQUE ENVOI autographe à Jean Sève, littérateur et poète, couvrant une page entière : A mon cher ami Jean Sève, auquel j'ai lu pour la première fois l'Enchanteur en 1900. Il était le premier à qui je confiais mes idées. Personne ne connut ce testament de ma première vie esthétique avant lui. Guillaume Apollinaire 17 janvier 1910 Et plus bas cet envoi de l'artiste : A Jean Sève, en toute amitié. André Derain. Camarade d'Apollinaire au lycée de Nice, Jean Sève collaborera à la première revue fondée par le poète, Le Festin d'Ésope. PRÉCIEUX EXEMPLAIRE, qui a fait l'objet d'une description dans l'ouvrage de Maurice Adéma, Guillaume Apollinaire Le Mal Aimé : L'Enchanteur Pourrissant écrit-il (p.111-112), malgré une réédition en 1921. est encore l'reuvre la moins connue d'Apollinaire. Elle apporte pourtant d'importantes précisions sur sa formation littéraire de jeunesse. L'achevé d'imprimer précise que l'ouvrage a été écrit en 1898, et achevé en 1909. On le reconnaìt dans les dialogues, qui rappellent ceux de la Tentation de Flaubert. Par contre, plus récemment composé, le dernier chapitre Onirocritique, marque son évolution nouvelle. Prélude du surréalisme, ce poème en prose du rêve éveillé ouvre la voie à une littérature qui s'épanouira vingt ans plus tard. Au moment de sa parution, Apollinaire a déjà abandonné la forme de pensée et d'expression de l'Enchanteur. Il ne s'illusionne pas sur le peu de portée de son ouvrage, mais il semble vouloir fixer une date et donner à son premier livre la marque de ses premières inspirations. Entre 1900 et 1909, il y a le cubisme. Le symboliste Apollinaire a cédé le pas à l'Apollinaire chercheur de rythmes nouveaux. Quant à l'illustration due à André Derain, composée en 1908, donc tellement en avance sur son temps, nous citons à nouveau Marcel Adéma qui eut entre les mains un prospectus de l'ouvrage reproduisant la page de titre et contenant une présentation due à la plume d'Apollinaire lui-même : Cette reuvre dont les racines s'étendent bien loin, jusqu'aux profondeurs celtiques de notre tradition a trouvé dans André Derain son illustrateur. Le plus précis réformateur de l'esthétique plastique a gravé sur bois des images, des lettrines et des ornements qui font de ce livre une pure merveille artistique. On connaìt peu de livres où l'accord des génies de l'auteur et de l'artiste apparaìt mieux que dans l'Enchanteur Pourrissant. Cette harmonie qui a fait en grande partie le prix de la fameuse édition aldine du Songe de Poliphile, les bibliophiles n'ont pu la constater que trop rarement.
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