Lot n° 141
Sélection Bibliorare

BAUDELAIRE (Charles). L.A.S. « Charles » à sa mère. 2 pp. in-8, au crayon. [Paris, 13 juillet 1858]. Adresse au dos. En-tête gaufré du Grand hôtel Voltaire. Manque de papier au feuillet d’adresse. → Cachet de la collection Debauve.

Estimation : 1 200 / 1 500 €
Description
Belle lettre sur son destin de poète au moment où il retourne vivre chez sa mère.
« Mais, chère petite mère, vous êtes folle ; c’est moi qui ai quarante mille excuses à vous faire pour ma bizarre conduite, que moi seul je puis comprendre, et mille remerciements à vous faire pour votre indulgence.

Seulement, si j’ai des torts, avoue que tu écris toujours comme une personne heureuse, sans soucis, et qui a tout son temps à consacrer à ses amis.
Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise. Il faut des miracles et je les ferai. Comment n’as-tu pas deviné que depuis trois mois je m’étais laissé circonvenir par de nouveaux embarras d’argent ?
Seulement, admire-moi ! Cette fois-ci je m’en tirerai à moi tout seul, sans emprunter un sol.
Tout ce que je t’ai dit relativement à mes traités futurs, aux offres qui me sont faites, est littéralement vrai.
Si mon premier morceau [sur le haschisch] a été retardé, c’est uniquement parce que je l’ai voulu ; j’ai voulu revoir, relire, recommencer et corriger.

Pour de bon, sérieusement, tu vas, dans peu de jours, recevoir le commencement de mon déménagement, attendu que j’ai horreur de porter avec moi une simple malle.
Ce seront d’abord des livres - Tu les rangeras proprement dans la chambre que tu me destines. Je t’écrirai de nouveau et je t’embrasse. Charles».

♦ Ancienne collection Godoy.
Pléiade (I, p. 509).
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