Lot n° 382

[BAUDELAIRE, Charles, Théodore de BANVILLE et Auguste VITU.] Le Salon caricatural. Critique en vers et contre tous illustrée de soixante caricatures dessinéessur bois. Première année. Paris, Charpentier, sans date [1846].

Estimation : 4 000 / 6 000 €
Adjudication : 5 013 €
Description
Plaquette in-8 (237 x 165 mm) de (2) ff., 26 pp. et (1) f. blanc : broché, couverture imprimée et ornementée ; étui moderne en demi-chagrin rouge.

Édition originale fort rare.
Elle est illustrée de 61 vignettes satiriques gravées sur bois d’après les compositions du dessinateur espagnol Raymond Pelez (1815-1874).

Une curiosité baudelairienne : en vers et contre tous.

La parodie anonyme marque l’essor des Salons pour rire qu’illustrèrent, au double sens, Cham et Nadar.
Trois têtes sous le même bonnet : le prologue et l’épilogue en vers sont de Baudelaire, les cinquante-neuf poèmes satiriques placés en légendes des caricatures sont dus à Baudelaire et à ses complices, Théodore de Banville et Auguste Vitu.

“Avec le Salon [caricatural] de 1846, leurs trois auteurs, Baudelaire, Banville et Vitu ont sans aucun doute effectué un coup d’essai qui est un coup de maître. Bien que la vignette de la page de titre porte la mention première année, cette expérience restera sans lendemain […] Quoique comportant quelques similitudes avec celui de Bertall, ce salon est unique à tous points de vue.
En raison de ses auteurs, certes, mais aussi de la qualité, de l’originalité des textes et des images et de l’intelligence de leurs rapports. Présenté comme un ensemble clos sur lui-même avec un prologue et un épilogue, cette ‘critique en vers et contre tous’, publiée juste avant le Salon de Baudelaire et sûrement après la remarquable Revue charivarique du Salon de 1846, illustrée par Cham, peut se lire et se regarder comme une oeuvre en soi, valant au-delà des oeuvres qu’elle brocarde.
En effet, si les charges sont de circonstance, il n’en demeure pas moins qu’elles soulignent des travers formels et signalent des questions esthétiques que le siècle ne cessera d’évoquer”

(Musée d’Orsay, Les Salons caricaturaux, Paris, 1990, p. 9 et n° 17).

Les auteurs moquent le gigantisme des toiles d’Horace Vernet, ou la petitesse des miniatures de Meissonnier pour lesquelles on doit user d’un microscope.
Une raillerie porte sur la célèbre Prise de la Smala d’Horace Vernet : pas moins de vingt-quatre peintres travaillent, juchés sur un échafaudage à trois étages…
L’ouvrage a été découvert par Jules Mouquet en 1930. Il en a donné une reproduction en fac-similé dans le Manuscrit autographe, puis dans les OEuvres en collaboration de Baudelaire, publiées au Mercure de France en 1932.

L’exemplaire est conservé broché : couverture usagée et restaurée.

Ex-libris manuscrit sur la couverture : E.A. Corbin de Grandchamp 1846.

Bibliothèque nationale, Charles Baudelaire, Paris, 1957, n° 86.- Pichois, Dictionnaire Baudelaire, p. 429.- OEuvres complètes,
Pléiade II, pp. 496-524.
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