Lot n° 4

BRABANT

Estimation : 400/600 €
Description
Charles [Paris, 1920 - id., 2006], scénariste, producteur et réalisateur français (La Putain respectueuse). Lettre autographe signée, adressée à Jean- Paul Sartre. 16 avril 1954 ; 5 pages in-4°. Magnifique lettre sur sa disgrâce auprès de Sartre : « Lorsque au printemps de 1951, je suis venu vous demander de réaliser un film tiré de “La Putain”, je crois pouvoir vous assurer que la “cote Sartre” était basse chez les producteurs de films ; “Les Jeux sont faits” et leur clairvoyance bien connue les avaient poussés sur quelque nouveau jugement définitif. J’étais passionné par votre sujet et votre accueil avait été si emballant que je décidais de tout faire pour atteindre le but. Par empressement je m’improvisais producteur (Oh ! quelle erreur) et grâce à l’appoint Agiman je réussissais à dresser une combinaison financière […] J’ai accepté en définitive la collaboration de Pagliero uniquement à cause de vous, un soir vous m’aviez répondu : “j’ai bien raté ma première pièce, pourquoi ne rateriez-vous pas votre premier film “. En un instant tous les doutes m’assaillirent puisque la confiance, dont vous m’aviez gratifié les mois précédents, s’amenuisait. J’ignore à quelle oeuvre vous faisiez allusion, mais peut-être n’est-elle connue que de vous […]. Je vous vois mal d’ailleurs rater quelque chose, exception faite pour le scénario de “La Putain”, mais avez vous fait autre chose que de la rafistoler ?[…] Soyez cependant certain que je me suis toujours dépensé pour faire triompher votre point de vue parce qu’il m’est apparu conforme à l’intérêt du film. Est-ce à cette attitude que je dois ma disgrâce ?... ou à mon caractère trop susceptible... peut-être à cause de ma désapprobation pour le travail de Bost et d’Astruc... parce que j’ai préparé de mon côté un travail pour vous faire voir sous quel aspect je voyais le film... ou pour toute autre raison mystérieuse, la saurais-je jamais ? Toujours est-il que cette disgrâce devint bientôt irrévocable ; à partir de ce moment votre attitude me rappelait celle des grands enfants qui veulent que les petits comptent “pour du beurre” ». Il propose ensuite de remettre le pied à l’étrier pour tourner un autre film.
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