Lot n° 9
Sélection Bibliorare

BRETON André - Le Surréalisme et la Peinture. Manuscrit autographe signé trois fois, daté (Paris), 12 mai 1927 ; 29 pages sur 29 feuillets grand in-4 dont deux repliés dans le bas, très remplies comme d'habitude, sans marges latérales ni...

Estimation : 80000
Adjudication : 92 000 €
Description
du haut ni du bas (sauf 4 placards partie imprimés partie manuscrits) dont 7 sur papier bleu (252 x 205 mm), 7 sur papier crème, 10 au verso du papier à en-tête de la Révolution surréaliste (270 x 210 mm) et un au verso d'un texte imprimé d'Aragon, de Breton et d'Éluard, montés sur papier vélin crème, reliés en un volume grand in-4 (285 x 240 mm), reliure de l'époque demi-maroquin rouge à coins, dos à quatre nerfs, tête dorée (Lagadec rel.).
► MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET DU «SURRÉALISME ET LA PEINTURE» DEMEURÉ À CE JOUR INEXPLOITÉ.

La portée de cet ouvrage, considérée comme aussi décisive que celle du Manifeste du Surréalisme (1924), a largement contribué à la promotion de l'art contemporain. En commentateur inspiré de dix peintres d'avant-garde (Max Ernst, G. de Chirico, Miró, Braque, H. Arp, Picabia, Picasso, Man Ray, A. Masson, Yves Tanguy) Breton sapant les critères habituels de la critique d'art a fait surgir l'évidence du merveilleux et imposé sa conception de la peinture comme art magique.

Artiste lui-même et écrivain perfectionniste il a dans ce manuscrit très élaboré déployé un soin extrême pour rendre le texte parfaitement lumineux.
Des phrases et des paragraphes biffés et récrits entre les lignes laisse tout loisir de lire les fragments rejetés. Ces pages surchargées de ratures, de suppressions et d'ajouts témoignent alors de la rigueur qui a présidé à la tâche.

Trois placards d'épreuves avec corrections et parties autographes intercalés aux bons endroits se surajoutent au manuscrit complet comme première version imprimée d'une partie du texte. Vers le milieu de celui-ci deux fragments autographes sont en double état.

L'éditeur de Breton dans la Pléiade, Étienne-Alain Hubert, rappelle qu'une grande partie de l'ouvrage a paru en pré-publication dans quatre numéros de La Révolution Surréaliste, du 15 juillet 1925 au premier Ier octobre 1927 et qu'il ne subsiste aucun manuscrit de ces contributions (sauf un dicté par l'auteur à Simone Kahn, son épouse). À l'automne de 1927 il décide de les réunir en un volume qui paraîtra chez Gallimard le 11 février 1928. Il est probable alors que, ne voulant pas encourir le reproche d'avoir disposé tels quels l'un après l'autre des essais parus en revue, il s'est efforcé de les raccorder par des textes de liaison appropriés, ce qui l'a amené inévitablement à pratiquer dans les textes initiaux les infinis remaniements dont le présent manuscrit rend compte.

La date du 12 mai 1927 mise par l'auteur au bas de la page 28 (et avant-dernière consacrée à Tanguy) amène à déduire que ce feuillet et ceux qui le précèdent sont ceux du manuscrit original utilisé pour la publication dans Le Surréalisme et Révolution, ce qui expliquerait les retouches si nombreuses exigées pour l'édition.

Dans son compte rendu des Cahiers du Sud (octobre 1928) Joë Bousquet écrira : «Livre d'une très grande portée révolutionnaire et, de tous les ouvrages en prose publiés cette année-ci de beaucoup le plus remarquable.
L'éclat extraordinaire dont son contenu spirituel le revêt est ce qui noie le mieux derrière lui d'autres oeuvres...».
Ce jugement était généralement partagé par la critique.

En tête du volume ont été reliés : une page de publicité pour l'ouvrage (Gallimard, 1928) ; le prière d'insérer dû à Breton lui-même où le rappel de ses oeuvres ne comporte que trois titres (sur une dizaine ; il y manque le Manifeste du Surréalisme).

À son retour des États-Unis, en 1945, Breton donnera une nouvelle édition du Surréalisme et la Peinture suivie de «Genèse et perspectives artistiques du surréalisme et de fragments inédits».

À la première page du manuscrit, sous le titre qu'il a soigneusement calligraphié en lettres capitales, l'auteur a écrit : «À Henri Ardant
Hommage reconnaissant André Breton 29 sept. 1928». Henri Ardant était alors directeur de la Société Générale avant d'en devenir peu après le Président Directeur Général.
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