Lot n° 11
Sélection Bibliorare

[ÉMIGRATION – ARMÉE des PRINCES]. [Marquis de Clermont-Mont-Saint-Jean]. 2 L.A. au Marquis de Clermont-Mont-St-Jean, Colonel de Chasseurs, en son Hôtel à Chambéry. A Bruxelles ce jeudi 13 octobre 1791 & A Guttz près Coblentz, 13 novembre...

Estimation : 300
Description
1791. 6 pp. sur 2 bi-feuillet in-4, adresse au verso, cachet de cire rouge armorié.


→Très intéressante correspondance d’un officier émigré rejoignant les rangs de l’Armée des Princes dès 1791.
Octobre : (…) Je crains comme toi que l’hyver ne se passe en fausses espérances et certainement l’ennui, la gêne, la pénurie et beaucoup aussy la légèreté et l’inconstance du Français découragent bien du monde (…). Il n’est pas étonné que beaucoup retournent chez eux retrouver leurs « aisances habituelles » ; il se fait quant à lui, un devoir d’aller rejoindre ses camarades. Je me suis rendu sur le champ au voeu de mes fidèles collègues qui ont désiré que tous ceux des trois ordres qui sont restés jusqu’à la fin les plus attachés aux bons principes, conservassent, en se rapprochant des Princes, la possibilité de les servir (…). Ils ont pensé que leur
réunion à Trèves et de là à Coblentz pouvait leur fournir une occasion flatteuse de recueillir ensemble le juste tribut d’éloges dû à leur courage et à leur persévérance ; enfin, ils ont cru que la plus grande partie de la noblesse française, se croyant obligée de sortir du Royaume, leur place dans ce moment était auprès de ceux qui représentent à leur yeux le véritable maitre qu’ils doivent servir (…). Présentement, je ne peux plus te conseiller de te mettre en route. Tu arriverais trop tard pour le moment le plus intéressant qui sera celui de notre arrivée à Coblentz et de notre présentation aux princes (…). Il fait part de ses différentes étapes depuis Paris ; il espère arriver à Trève le 20, etc. Novembre : longue description de son cantonnement dans une ferme à une lieue de Coblentz, ajoutant ; Nous vivons ensemble au même ménage et nous menons une vie fort douce. Je préfère de beaucoup, je t’assure
la vie du village à celle de la ville où je suis obligé d’aller sans cesse et où j’ai été obligé de conserver un petit logement qui me coute (…). J’y vais toutes les semaines les dimanches et les jeudi qui sont les jours où l’ont fait sa cour à l’Electeur (…) Les abbés sont tous partis ; il n’y a que du Tiers que Guillermy, Henry de Longuève, Roy, Durget et Gontier de Biran, et tous les autres sont de la noblesse.
Depuis samedi, les princes sont établis à la ville, ce qui est beaucoup plus commode pour tout le monde. Il y a eu pendant un mois une procession continuelle d’arrivans et de partans et on ne pouvait pas se remuer dans les auberges, ni trouver de logemens ; mais depuis 8 jours, cela commence à s’évacuer ; et le règlement des princes pour les cantonnemens a produit un très bon effet (…).
Il donne ensuite plusieurs détails sur la composition d’une compagnie, la répartition des officiers, la réunion des fonds pour les recrues et l’habillement ; la solde et l’armement des officiers étant à leur charge. Il espère que l’organisation soit plus efficace pour réunir la noblesse dans son expatriation ; ils ont eu connaissance du décret de l’Assemblée contre les émigrants, nouvelle qui a consterné beaucoup de monde ; il s’inquiète de la fonte de ses revenus, les emprunts devenant de plus en plus difficiles ; les assignats perdent beaucoup de leurs valeurs ; Heureusement, j’ai apporté avec moi 500 Louis qui me mèneront loin, excepté les 20,000 ll qu’il me faudra pour ma compagnie (…). Etc.

▬JOINT
•une lettre d’une cousine, en date du 6 juin 1791, rejoignant le Marquis de Clermont en émigration ; elle fait part des risques qu’elle a pris à son départ de Paris, évoquent le déroulement chaotique de son voyage à Hermé (famille de Mascrany), du manque de confiance en son conDucteur qu’on a fait arrêter, etc. (…) Tous les paquets étaient faits, je devais partir le 24 may de grand matin, 2 jours avant des nouvelles inquiétantes venue de Paris, des lettres d’amis, de femme adressées à mon compagnon de voyage par lesquelles on lui fesaient envisager des inconvénients à s’éloigner dans ce moment-ci (…). Etc.

La correspondance est adressée à Jacques-Claude de Clermont Marquis de Mont-Saint-Jean (1752-1827), la veille de la Révolution, colonel du Régiment des Chasseurs des Ardennes, élu député de la noblesse du Bugey aux Etats-Généraux où il ne cessa de prendre la défense de la monarchie ; au moment de monter à Paris, il protégea l’évêque de Belley menacé par une émeute à Lons-le Saulnier.
En 1791, Mme Elisabeth le chargea d’une mission de confiance auprès du Comte d’Artois à Turin, et sauva une partie des bijoux de la princesse de Conti, puis se retire dans son château près de Chambéry.
Inquiété par les révolutionnaires, il émigre en Savoie en 1792, où il offre ses services auprès du Roi de Sardaigne et devint son premier aide de camp, nommé général en 1796. Fuyant les troupes républicaines, il réussit à conduire la Comtesse d’Artois (soeur du Roi Charles-Emmanuel) en Carinthie. M. de Clermont avait épousé en 1780 Louise-Adelaïde, fille de François de Mascrany Comte de Château-Chinon seigneur d’Hermé.
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