Lot n° 123
Sélection Bibliorare

Francis JAMMES. Manuscrit autographe signé, Alouette, Hasparren 1934-1935 ; 2 cahiers d’écolier petit in-4 à papier ligné de 86 feuillets, soit 60 pages plus un contreplat, et 30 pages (le reste vierge), couvertures moleskine noire, sous...

Estimation : 4000 / 5000
Adjudication : 8 500 €
Description
chemise demi-maroquin rouge, étui.
Important manuscrit de premier jet et de travail de ce long poème recueilli dans De tout temps à jamais (Gallimard, 1935). Dans la préface du recueil, Jammes affirmait : « je n’aurais pu écrire Alouette, ce sommet que je viens d’atteindre en ma soixante-septième année, si je n’étais capable du métier de Molière sinon de Racine ». C’est à la fin de décembre 1934 que Jammes a été envahi par l’inspiration de ce poème, achevé en février 1935. Il a été publié dans la Nouvelle Revue Française des 1er mars, 1er avril et 1er mai 1935, avant d’être recueilli à la fin juin dans De tout temps à jamais. Ce beau manuscrit est écrit presque entièrement à l’encre noire au recto des feuillets ; souvent sous l’encre noire se devine une première esquisse au crayon, parfois à peine effacée. Alouette se compose de six chants, chaque chant comportant 14 strophes de 12 vers chaque. Le premier contreplat porte cette note liminaire sur l’origine d’Alouette : « Une fille fut condamnée au bûcher pour avoir emporté le Saint-Sacrement dans la forêt, sous un rosier, afin qu’il ne restât plus prisonnier au Tabernacle. Mais un ange apparut qui dit à la fille “Monte au Ciel, âme innocente”. – Chronique albigeoise de 1500 (?). Ce simple renseignement, ce fragment recueilli par Eugénie de Guérin d’une légende aujourd’hui perdue, m’a inspiré ce poème d’un art primitif que je ne cesse de poursuivre depuis 1888 »… Une autre version plus courte est esquissée sur la page de titre ; dans l’édition, on ne retrouve pas cette note, mais la brève indication qu’une légende notée par Eugénie de Guérin lui a inspiré Alouette. En tête de chaque cahier, Jammes a inscrit au crayon ses nom et adresse : « Francis Jammes Hasparren B. Pyr. » En tête du poème, le titre primitif : Le Saint-Sacrement dans la forêt a été biffé et remplacé par Alouette. En marge de la première strophe, Jammes a noté au crayon : « Cette strophe et la suivante ont été écrites le 31 décembre 1934 entre 5h et 7h du matin ». D’autres datations se trouvent en marge de I, xii et xiii ; II, ii à xii ; III, ii à vi, xi à xiv et V, xi. À la fin de la dernière strophe, Jammes a noté, avant de signer : « Achevé le 13 février 1935 ». On relève de nombreuses ratures et corrections, et des variantes avec le texte imprimé. Deux strophes font l’objet de mises au net en regard des versions très corrigées (III, viii et IV, vii). Citons la première strophe : « De la forêt s’éveillait la jeunesse Et dans sa hutte une fille, Alouette. Elle frottait ses yeux de violette, Ainsi priant : Notre Père qui êtes Aux Cieux, merci, notre Père qui faites La nuit, le jour, mon troupeau sous les hêtres, Et l’aubépine où siffle la fauvette, Et ce pivert qui crie à sa fenêtre, Et ces fils d’eau brillants comme les tresses De Notre-Dame en l’église pauvresse Quand à Noël l’étoile de la Crèche Tombe dessus, brûlante et toute fraîche. »
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